« En ne dénonçant pas ces cruautés, on fait le jeu de Daech »

ENTRETIEN avec Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient.

20/4/15 – 13 H 31   LA CROIX

    Le P. Pascal Gollnisch, directeur général de l’Oeuvre d'Orient. 5 mars 2015 , Paris.

– Faut-il dénoncer les nouvelles décapitations commises dimanche 19 avril par Daech en Libye ou les taire, au contraire, afin de ne pas risquer de créer des divisions religieuses ?

Mgr Pascal Gollnisch : Il faut parler des cruautés de Daech, sinon le grand public ne réalise pas les horreurs que ses hommes commettent. Que l’on ne montre pas à la télévision les vidéos sordides de décapitation, cela se comprend, mais il ne faut surtout pas taire à quel point cette organisation est cruelle. Sinon on fait son jeu. Tout retard pris le renforce.

Daech est en train d’étendre son champ d’action : après l’Irak, la Syrie, la Libye, il s’en prend maintenant à l’Éthiopie où les chrétiens – orthodoxes ou catholiques – sont majoritaires. C’est dans sa logique de s’en prendre à tous les chrétiens d’Orient. Les Éthiopiens, même s’ils sont en Afrique, en font partie.

> Lire aussi : Daech annonce l’assassinat de 28 chrétiens éthiopiens en Libye

– Que peuvent faire les États occidentaux ?

Mgr P. G. : Je ne peux pas ne pas m’interroger sur l’apparente inaction de nos gouvernements… Pourquoi le porte-avions Charles de Gaulle quitte-t-il le golfe Persique alors que les bombardements contre Daech en Irak sont loin d’être terminés ? Pourquoi laisse-t-on cette organisation continuer de vendre du pétrole via la Turquie, alors qu’en août dernier des sanctions avaient été décidées par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’encontre de tous ceux qui l’aideraient à écouler clandestinement du pétrole ?

Enfin, selon moi, la question de l’envoi de troupes sur le terrain continue de se poser, en sachant qu’il n’y a pas que les armées américaine et française qui doivent être concernées. Il faut agir vite et fort pour stopper les atrocités quotidiennes de Daech – chaque jour, des femmes yézidies sont violées ou vendues sur le marché de Mossoul !