Reçu d’une paroissienne.
Aujourd’hui Dimanche 6 octobre c’était LA journée des aidants. Un bien grand mot pour nous, aidants. Notre quotidien fut le même.Nous sommes invisibles. Notre travail reste insoupçonnable, inconnu, méprisé … il est tellement plus facile de détourner les yeux que de se confronter à la difficulté de notre tâche. Nous sommes seuls, fatigués et bien souvent incompris, sans existence sociale. Pourtant nous sommes tour à tour aide soignant, infirmière, kiné, orthophoniste, psychomotricien, enseignant, ergothérapeute, éducateur…
Alors aujourd’hui ma seule façon de sortir de l’ombre est la voie numérique. Tard le soir, après ma journée de travail et avant le début d’une nuit où je devrais relever à nouveau mes manches, je le dis haut et fort : « je suis aidante et j’en suis fière ! »
Et je vous partage ce texte d’une « collègue de travail », maman aidante…
« Je suis aidante et… Vous ignorez pour la plupart ce qui se cache derrière ce terme. Professionnellement, je n’entre dans aucune « case », pour la plupart des formulaires. Alors on me dit « sans emploi », « mère au foyer ».Souvent, les gens pensent, en fait, « fainéante », « profiteuse » ou « cassos ». D’autant que le handicap est censé « rapporter », dans l’esprit des gens. On se demande pourquoi j’ai pas de « vrai boulot », pourquoi j’ai pas fait carrière malgré mes études. Pourquoi je me suis subitement trouvé des « excuses » pour ne plus occuper un emploi.
Et pourtant je bosse. Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer.Je bosse le jour, je bosse la nuit. Je bosse pendant vos pauses, je bosse pendant vos vacances.Je bosse même malade, même en burn-out. Mon boulot à moi ne s’arrête jamais. 24h sur 24. Sans relai, comme pour beaucoup d’autres aidants.Je n’ai pas choisi ce job. La vie l’a choisie pour moi. Je ne déteste pas ce que je fais, car je le fais pour mon enfant en situation de handicap. Mais je déteste ce que signifie aujourd’hui en France le rôle d’aidant. Absence de véritable statut, de reconnaissance, précarité, manque de soutien, mépris.Aujourd’hui, c’est « ma » journée, et pourtant je n’en attends pas grand chose. Aujourd’hui, comme chaque jour, il me faudra sourire, me battre, baisser la tête ou pleurer face aux préjugés, face à ma fatigue.

Les aidants, comme toujours, intéresseront peu les médias. Nous sommes invisibles. Parce que nous sommes aussi isolés et qu’il ne nous reste que peu de temps et d’énergie pour faire du bruit tous ensemble. On nous voit parfois à travers de tragiques « faits divers » quand certains d’entre nous craquent… Ou dans des campagnes irréalistes où l’on nous « représente » à travers des top models au brushing parfait, en omettant volontairement les cernes sombres et les yeux rougis. Vous, qui pensez aujourd’hui que ce qui m’a conduite à devenir aidante « n’arrive qu’aux autres », peut-être serez-vous concerné un jour. Parce qu’un de vos proches peut être touché par le handicap et/ou la maladie, même si je ne vous le souhaite pas.
« Aider » vient du latin « adjutare » qui signifie « soulager ». C’est une tâche noble. Toutefois, pour soulager, pour protéger, il faut prendre sur soi. Physiquement, moralement. Accepter de prendre des coups, au propre comme au figuré. Et continuer à avancer. Parfois, nous n’en avons plus la force. Nous aurions besoin d’être aidés. Aujourd’hui, des solutions doivent être trouvées pour aider les aidants. Au niveau de l’Etat, bien sûr. Mais chacun, à sa petite échelle, peut aussi participer au soulagement de ceux qui soulagent sans jamais s’arrêter. En prenant le relai quelques heures, en prenant des nouvelles, en proposant un café, une sortie. En écoutant, en étant présent. »
À tous les aidants : force et courage 💪 😘 !