Astrologie, magie, comment s’en sortir ?
Cher ami,
Si tu fais partie des gens qui consultent mages, cartomanciens, chiromanciens, astrologues, devins ou autres sorciers, ce qui suit t’est destiné en priorité.
En Italie, mon pays, 12 millions de personnes environ ont consulté au moins une fois l’un de ces 170 000 personnages qui, en embobinant les gens, ont réussi à réaliser un gain global annuel de plusieurs milliers de milliards de lires.
Il est sûr que, si tu fais confiance à ces personnes, c’est que tu ignores bien des choses au sujet desquelles je vais te mettre au courant. Mais avant tout, il est nécessaire que je t’aide à distinguer un comportement authentiquement religieux d’un comportement de type superstitieux. Tu y verras alors plus clair pour le reste.
Comportement religieux et comportement superstitieux
Une personne a un comportement religieux quand elle croit en Dieu, l’adore, le loue, le bénit, lui rend grâce, lui demande pardon de ses péchés en les confessant humblement, compte sur lui en lui remettant sa vie totalement et inconditionnellement et s’abandonne à sa divine providence dans une confiance pleine et sereine. Et, quand elle l’invoque, quand elle le prie, elle n’a jamais l’idée de le contraindre par cette prière ou de le plier à sa propre volonté, mais seulement d’obtenir la grâce nécessaire pour s’ajuster elle-même à ce que lui veut, parce qu’elle sait que son vrai bien est de faire la volonté de Dieu. Les saints disent, eux : « La volonté de Dieu est mon paradis. »
Par contre, un comportement superstitieux se traduit par le recours à des formules déterminées, des rites, des gestes, des philtres, des amulettes ou des talismans, afin de se protéger du malheur et d’attirer la chance ou d’acquérir un pouvoir et une maîtrise extraordinaires sur la réalité. En asservissant à ses propres fins des forces occultes fantomatiques, on cherche à forcer le cours des événements, à avoir une influence sur les autres à son avantage ou à l’avantage des personnes demandeuses.
Spécialiste bien connu du phénomène magique, Massimo Introvigne donne un exemple concret qui nous aide à mieux comprendre cette distinction : « Quand j’ai besoin de la pluie, je peux m’adresser à Dieu par une prière, tout en sachant que, de toute façon, Dieu répondra de manière souveraine et libre à mon invocation (autrement dit, il répondra en m’accordant la pluie ou en ne me l’accordant pas) ; je demeure alors ferme dans ma foi en lui et serein devant sa libre décision. Dans ce cas, mon comportement est parfaitement religieux. Si, au contraire, quand j’ai besoin de la pluie, je suis convaincu qu’il me suffit de réciter une formule pour obliger Dieu – ou bien une divinité, un esprit, voire le diable – à faire pleuvoir, je suis alors en plein comportement superstitieux. »
La distinction fondamentale tient donc au fait que la personne humaine religieuse s’adresse humblement à Dieu en lui disant : « Que ta volonté soit faite », tandis que celle qui a une attitude superstitieuse est entièrement repliée sur elle-même : « Que ma volonté soit faite. »
Le mage peut-il vraiment t’aider ?
Cherchons maintenant à connaître de plus près le personnage du mage. Qui sont-ils en réalité ces mages, ces cartomanciens ou ces sorciers ? Sont-ils vraiment des gens qui peuvent t’aider dans le bonheur ou dans le malheur ? Certainement pas ! Le mage, le cartomancien, le sorcier exploite habituellement l’état de nécessité d’une personne pour en tirer profit en la trompant. Tout en sachant bien que ce qu’il promet est faux, il se présente comme un bienfaiteur, un véritable ami, le seul capable de résoudre tous les problèmes.
Pauvre être humain, fait comme tous les humains de poussière et de cendre, incapable d’empêcher pour lui-même un simple rhume, il promet ce que pas même Dieu n’ose promettre, en se mettant ainsi au-dessus de Dieu. Quel orgueil, quelle tromperie, quels mensonges !
Les mages spéculent sur la tendance qu’ont beaucoup de gens à avoir un comportement superstitieux, afin d’exploiter à leur profit la souffrance, les inquiétudes, les incertitudes, les doutes, les préoccupations, les frustrations, les incompréhensions, les déceptions et les ennuis de tous genres de ceux et celles qui s’adressent à eux. Vendeurs de fumée et d’illusions, ils aggravent parfois des situations déjà bien délicates et dramatiques, et sont très habiles pour accumuler des gains astronomiques sur le dos des malheureux qui les consultent. Par la ruse, ils parviennent à tisser avec eux un lien psychologique qui les rend de plus en plus dépendants de leurs prestations et leur permet ainsi d’en tirer un revenu périodique.
Il y a plusieurs façons de s’y prendre :
* Le mage donne par exemple à son client un talisman en lui disant que, pour qu’il continue à produire son effet, il a besoin d’être rechargé régulièrement ; c’est un moyen de faire revenir le client toutes les deux semaines ou même moins parfois et de lui facturer chacune de ces séances.
* D’autres fois, il donne une bougie colorée achetée pour quelques sous, en prétendant qu’elle a été consacrée par des rites particuliers pour attirer le bien et la bonne fortune. Le client doit l’allumer chez lui à une heure donnée pendant un certain temps et, lorsqu’elle sera consumée, il devra en acheter une nouvelle (et la payer, cette fois-ci !) et ainsi de suite.
* Le mage peut aussi remettre chaque fois quelque chose de différent : une amulette, des poudres à employer d’une telle ou telle manière, des herbes sèches, des formules magiques écrites sur un bout de papier à porter constamment sur soi, de l’encens ou encore du sel, un petit sac cousu à n’ouvrir sous aucun prétexte (à l’intérieur, on y trouve du sable ou de la terre de cimetière, parfois de la poudre d’ossements humains volés dans les cimetières, du sang menstruel desséché, des morceaux d’habits ou de vêtements liturgiques, des poils pubiens ou des touffes de cheveux, les morceaux d’une photo d’un proche ou d’un « ennemi », etc.). Les mages prétendent que chacun de ces objets a une utilité spécifique, pour attirer la chance, la santé ou l’amour, pour s’assurer une affaire, pour se protéger de la jalousie de quelqu’un, pour éviter le malheur, pour purifier un lieu, etc.
* Certains enfin garnissent leur appartement de crucifix, de statues de la Vierge Marie ou des saints, de chapelets, d’images pieuses, de portraits de Padre Pio ou du pape…, tout cela dans le but de mettre en confiance leurs clients. Ils invoquent aussi le nom de Dieu et des saints dans leurs discours ou dans leurs rites, dans le seul but de rassurer pour mieux tromper.
Quelques autres stratagèmes et mensonges
Les mages ont l’art d’impressionner leur public en affirmant des choses qu’ils n’ont, semble-t-il, pas les moyens de savoir. Or, presque toujours, ils se servent de détectives privés ou de collaborateurs qui enquêtent sur leurs clients. Dans une interview à Famiglia Cristiana parue le 4 avril 1999, un détective privé de Cagliari rapporte à ce sujet :
« Quand le client prend rendez-vous avec le mage, il lui communique habituellement les données essentielles : adresse, téléphone, parfois aussi le problème qui le tourmente. Le mage charge le détective de recueillir toutes les informations possibles sur le client et sur sa famille avant la séance ; il peut ainsi étonner celui-ci et lui faire croire qu’il possède des pouvoirs surnaturels, en lisant son passé à l’aide d’instruments magiques. »
Ce n’est pourtant pas l’unique système. Même vis-à-vis de quelqu’un qui se présente sans rendez-vous, le petit stratagème fonctionne aussi. À la première rencontre, le client expose le problème. Le mage se donne du temps pour trouver la solution ou pour préparer l’amulette adaptée. Et, dans l’intervalle des séances, le détective est mis en action.
Il y a pire encore. Il n’est pas rare que certaines personnes s’adressent à moi parce qu’elles cherchent à avoir les preuves de ce qui leur a été dit par le voyant. Un exemple : il y a quelque temps, une femme m’a chargé de suivre son mari, parce qu’elle le soupçonnait fort de la trahir avec une autre femme. Après avoir fait des recherches, j’ai communiqué à la dame que je n’avais trouvé aucune confirmation de ses soupçons. Elle m’a répondu que ce n’était pas possible parce que c’était le mage qui le lui avait révélé. Ils mettent dans la tête de leur client une histoire de trahison, afin de proposer ensuite, pour un prix élevé, de résoudre le problème d’amour. »
Un ancien exorciste romain, monseigneur Proia, écrit dans son livre Uomini, diavoli, esorcismi (Les humains, les diables et les exorcismes) : « Pour ce qui est des collaborations, que les fidèles se mettent en garde vis-à-vis de ces personnes qui, dans les situations de souffrance ou d’ennuis divers, les approchent en disant : « je connais un tel ou une telle qui s’occupe de cas comme le vôtre. C’est quelqu’un de très bon, qui désire faire du bien. Si vous voulez, je vous donne son adresse ou même je vous y accompagne. » C’est le comportement typique de la personne qui se charge de canaliser vers l’un ou l’autre mage des gens imprudents, pour recevoir ensuite leur part d’un gain substantiel. Cette personne communique ensuite au mage les renseignements concernant la victime : taille, conformation générale, teint du visage, couleur des cheveux, situation familiale, éventuels conflits, etc. Quand la malheureuse personne se rend au rendez-vous, elle s’aperçoit qu’elle est bien connue ; elle s’entend prédire des événements et considère tout cela comme le fruit… d’une voyance extra-lucide qui tient pratiquement du prodige. Il faut rester sur ses gardes. »
Mais le pire n’a pas de limites. Quand, au cours de la conversation, certains d’entre eux s’aperçoivent que leurs clients se trouvent dans les conditions psychologiques propices, ils leur proposent d’avoir avec eux des rapports sexuels des plus pervers et des plus répugnants, présentés et justifiés comme nécessaires pour une issue favorable du rite magique. Le témoignage de nombreuses victimes malheureuses met en lumière cet aspect dégradant des activités des mages et cartomanciens.
Et puis, vis-à-vis du client qui ne peut plus se soumettre à leur « protection » et au paiement régulier, certains d’entre eux mettent en œuvre d’authentiques menaces de mort par des moyens magiques ou bien ils font comprendre au client le grave danger qu’il courrait de subir les attaques de ses ennemis s’il n’était plus soumis à leur « garde » magique. je connais des personnes qui, terrorisées par ces menaces, cèdent au chantage et payent le mage à échéances fixes.
Par de telles astuces, les mages parviennent à asservir leurs clients et à leur soutirer régulièrement de l’argent, avec des « tarifs » qui oscillent de 50 ou 100 000 lires (soit de 25,81 € ou 51,63 €) la séance et jusqu’à des dizaines ou des centaines de millions de lires (un million de lires = 516,30 €).
Il faut dire enfin que le lien de dépendance de certaines personnes vis-à-vis du mage peut devenir si étroit que celles-ci se rendent incapables de décider quelque chose sans le consulter, même pour les situations les plus banales. Il y a des gens qui n’entreprennent aucun voyage, ne développent aucune activité économique et ne prennent aucune décision au plan de la famille, du travail ou des affaires, sans avoir d’abord consulté le mage.
Un bijoutier me racontait que nombre d’industriels de ses clients, lorsqu’ils sont dans son magasin, en viennent à lui parler, au fil de la conversation, de rencontres qu’ils ont eues avec les mages avant de conclure un contrat. Et, quand ils lui en parlent, c’est toujours à voix basse : « Ce sont des confidences que je vous fais à vous, parce que vous êtes un ami… »
L’exorciste don Raul Salvucci, auteur du livre Que faire avec tous ces diables ? (SaintAugustin, 2001), répondait ainsi à un journaliste du quotidien Avvenire qui lui posait une question sur ce sujet : « On connaît un magnat de l’industrie qui voyage avec son avion personnel, mais qui a toujours avec lui à bord une femme-mage à plein, temps. Dans le monde du spectacle, c’est la même chose : quand, dans certaines émissions, un mage apparaît trop souvent, on peut penser que l’animateur se sert de lui pour des consultations et des aides de spiritisme, en vue d’assurer le succès de l’émission. »
Talismans et blasphèmes
Un ancien mage, qui s’est aujourd’hui reconverti dans un métier plus honnête, m’affirmait un jour qu’un talisman coûtait 300 000 lires (soit 154,89 €) parce qu’il l’avait « consacré » en blasphémant 300 fois le nom de la Sainte Vierge et qu’un autre était vendu 800 000 lires (soit 413,04 €) parce qu’il avait blasphémé 800 fois le nom de Jésus-Christ… A-t-on jamais songé à quel genre de rites sont soumis les objets destinés à être des porte-bonheur ? Certaines personnes ont déboursé jusqu’à 30 ou 40 millions de lires (soit 15 489 € ou 20 652 €) pour en acquérir. Parfois, des familles entières se sont ruinées par la faute des mages. Un cas parmi tant d’autres : un mage turinois avait convaincu un de ses clients de mettre à son nom une villa de 600 millions de lires (soit 309 780 €) avec tout ce qu’elle contenait…
Un danger menaçant
Cher ami, ce que tu as appris jusqu’ici te suffit, je l’espère, pour que ne t’effleure pas même un instant l’idée de consulter un mage, un cartomancien ou un sorcier. Tu l’as compris maintenant : on te laisse croire qu’on t’aime énormément et qu’on te comprendra mieux que quiconque ; mais, en fait, tu n’es que la proie naïve de vautours prêts à plonger sur toi.
La majorité des mages et des cartomanciens ne sont que des escrocs ; mais tu pourrais aussi tomber sur ce pourcentage de mages constitué de personnages reliés au monde de l’occultisme, du spiritisme et du satanisme. Dans ce cas, le risque encouru serait bien plus grave. Les prêtres qui assument le ministère pastoral de l’exorcisme savent bien que la personne qui fréquente des mages ou des cartomanciens s’adonnant à la magie contracte un lien avec eux et, par eux, avec le démon. Il s’agit donc de rompre ce double lien.
En outre, la fréquentation habituelle des mages peut constituer le premier stade d’un itinéraire qui conduit progressivement à des expériences de plus en plus extrêmes. Ce n’est pas sans raison que l’Église doit parfois mettre en œuvre l’exorcisme, précisément lorsque l’on constate des signes évidents de présence et d’actions extraordinaires du démon chez des personnes ayant eu contact avec certains mages, qui les ont impliquées dans des rites ou des pratiques entraînant par la suite des phénomènes tels que l’infestation, l’obsession ou la possession diabolique.
Considérations finales
Cher ami, je voudrais encore attirer ton attention sur l’absurdité d’une vie vécue sous l’esclavage de la superstition. Comment peut-on passer sa journée conditionné de la sorte, préoccupé par de tels soucis, cerne par ces peurs vaines ?
Quand, chez un chrétien, la foi au Christ s’affaiblit, la superstition peut prendre pied et se renforcer. Combien de chrétiens mettent davantage leur foi dans les horoscopes, le spiritisme, la cartomancie ou la magie plutôt que dans le Christ ? Certains disent croire en Jésus et, sans se poser de questions, achètent des revues de magie, consultent les mages, participent à des séances de spiritisme, lisent la page des horoscopes ou portent sur eux des amulettes, en portant crédit à ces pratiques ou à ces objets. D’autres encore, même s’ils sont prêts à jurer qu’ils ne sont pas superstitieux et s’ils disent qu’ils n’iraient jamais chez les mages parce qu’ils n’y croient pas, ont des comportements superstitieux sans même qu’ils s’en rendent compte.
La superstition est mensonge et le mensonge rend esclave. La superstition opprime et asphyxie ; elle fait dévier de la vérité et plonge dans l’obscurité. Le Christ est venu libérer les hommes des ténèbres et de tout ce qui les enchaîne, les opprime, les écrase. Il nous dit : « Je suis la lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie » (Jn 8, 12). Abandonnons-nous au Christ et taillons les branches de ces croyances déviantes, résidu d’un fond culturel païen qui cherche toujours à revivre. La superstition est une pollution de la foi dont il faut se purifier en plaçant toute notre confiance en Christ et en écoutant sa Parole. Seule la vérité nous rendra libres.
Ce texte est tiré du livre du P. Francesco Bamonte, « Astrologie, magie, comment s’en sortir ? , Éd. saint- augustin, 2002, pp. 65-75