Saint Bernard (1090-1153) écrivait ainsi à l’un de ses disciples Bernardo dei Paganelli de Montemagno devenu pape sous le nom d’Eugène III, qui demandait à son maître des conseils pour bien s’acquitter de ses responsabilités pontificales :
« Il y a pourtant des choses que je ne voudrais pas te voir ignorer : je veux parler des mœurs et de la conduite de chacun de tes gens. Il ne faut pas […] que tu sois le dernier informé de leurs désordres. […] C’est toi qui dois punir l’offense qui t’est faite. L’impunité engendre la hardiesse et c’est de la hardiesse que proviennent tous les excès. […] Si les prêtres qui font partie de ta maison ne sont pas respectables entre tous, ils seront la fable de tout le monde.
Que tes frères évêques apprennent de toi à ne point faire leur société à ces jeunes garçons chevelus ni de ces adolescents séduisants. Non, il n’est pas convenable de voir toutes ces têtes frisées aller et venir parmi les têtes mitrées (Certe inter mitratos discurrere calamistratos non decet).
[…] Note bien que ce n’est pas la sévérité que je te conseille, mais la gravité.
[…] Dans ton palais, montre-toi pape ; chez toi, sois paternel.[…] »
Saint Bernard, De la considération, trad. P. Dalloz, éd. Du Cerf, 1986, p. 93-116