Le Saint-Sépulcre livre de nouvelles révélations aux scientifiques sur le terrain… qui confirment qu’il est bien un lieu de culte vénéré depuis le IVe siècle, au moins !
Le tombeau du Christ a été ouvert au mois d’octobre 2016, la première fois depuis 1809. Cette ouverture, réalisée pour des raisons purement techniques, suscite un intérêt extraordinaire de la part des archéologues. La découverte d’une plaque de marbre ornée d’une croix, démontre aux yeux de Fredrik Hiebert, archéologue pour National Geographic, que le lieu de dévotion n’a pas changé. Plusieurs fois brûlé, détruit par les tremblements de terre et les guerres… ceux qui l’ont reconstruit ne se seraient, malgré tout, jamais trompés de site.
Une croix de Lorraine dans le tombeau
Lors de l’ouverture au mois d’octobre, alors que les scientifiques s’attendaient à trouver un tombeau totalement vide, ils ont découvert une couche de gravats, sous laquelle reposait une pierre datant de l’époque des croisés et gravée d’une belle croix de Lorraine. Le lit funéraire était probablement protégé par cette pierre, afin que les pèlerins ne l’abîment pas.
Le mystère des instruments brisés
Un phénomène étonnant, qui a accompagné l’ouverture du tombeau du Christ, interroge. Quand la pierre a été tirée, trois instruments de mesures ont cessé de fonctionner. Il a fallu changer des pièces pour qu’ils marchent à nouveau, rapporte Marie-Armelle Beaulieu, de Terre Sainte Magazine, qui consacre un vaste dossier de l’édition de janvier-février au tombeau du Christ. Elle a pu elle-même voir le lit funéraire, et a interrogé plusieurs scientifiques, dont la directrice des travaux, Antonia Moropoulou. Cette dernière se montre agacée par les énormes spéculations que l’affaire des instruments a suscitées, et ne veut pas s’étendre sur le sujet, malgré le bombardement de questions qu’elle subit.
Les archéologues qui ont approché le tombeau, au cours de son ouverture, se montrent frustrés par les limites qui leurs sont imposées. Ils voudraient avoir l’opportunité de fouiller strate après strate, mais ils viennent sur le chantier en passagers clandestins. Il s’agissait à l’origine de consolider l’édicule, qui menace de s’effondrer, et l’ouverture du tombeau n’avait rien à voir avec un souci archéologique : elle s’imposait dans le cadre de l’injection de mortier dans le mur de soutènement du petit édifice.
Un puzzle géant
La complexité du chantier a de quoi déconcerter… Pendant plus de 1 500 ans, le Saint-Sépulcre a été plusieurs fois détruit, reconstruit et consolidé. À travers les siècles, les ingénieurs se sont succédés, tâchant de conserver l’édifice en état, sans jamais oser pratiquer la politique de la table rase. Ce souci, louable, engendre des situations invraisemblables, comme des murs dans lesquels on retrouve du marbre remontant aux croisades parmi les moellons de pierres. Antonia Moropoulou hérite donc d’un travail probablement captivant, mais aussi vertigineux : elle a pour mission de sécuriser les lieux pour les 500 ans à venir !
Une découverte qui exigerait une archéologie préventive ?
Marie-Armelle Beaulieu, qui réside à Jérusalem depuis 17 ans, explique qu’en Israël, les découvertes archéologiques sont devenues un vrai problème pour le génie civil. Le pays a une histoire si riche que les ouvriers sont fréquemment bloqués par des découvertes archéologiques. De la même façon, la découverte de gravats et du marbre au-dessus du lit funéraire aurait pu justifier de geler le chantier de consolidation, afin de procéder à un travail archéologique, mais pour le moment, il n’en est pas question. Rien ne dit, en revanche, que le tombeau soit fermé pour des siècles. Les travaux dirigés par Antonia Moropoulou ne sont pas finis, et il est assez probable qu’ils s’étendront au-delà de la date convenue initialement, soit février 2017.