1° D. Avent C — (Lc 21,25-28.34-36)
Nous avons déjà entendu il y a deux semaines un passage de Marc où Jésus parle de son Avènement pour rassembler les élus. Nous entendons en ce 1er dimanche de l’Avent un bref passage de Luc, tiré du 2° ensemble de paroles de Jésus (ch. 17 sur l’avènement du Règne, et ch. 21 sur la Venue glorieuse). L’occasion d’aborder des conseils utiles proposés à notre cheminement d’Avent.
Se laisser conduire non par la peur mais par l’espérance
Dans l’extrait que nous entendons aujourd’hui, Jésus parle de l’angoisse des nations païennes et de l’effroi des hommes 1 en général devant ce qui se passera. Les bouleversements cosmiques qui provoqueront chez les hommes un effroi mortel, devront être compris par les chrétiens comme le signal de la réalisation de leur espérance. Luc entend encourager, non pas effrayer. « Ces choses commençant d’arriver, redressez-vous et relevez vos têtes, parce que votre libération est proche ». Quand le chrétien verra l’univers commencer à se défaire, il pourra comprendre qu’est aussi arrivé le moment de se redresser, de lever la tête. Toutes les épreuves qui exigent du chrétien la pratique de la constance peuvent être ainsi comprises comme une invitation à se redresser et à relever la tête.
Se méfier du danger de l’appesantissement du cœur
L’image centrale compare « ce jour-là », le Jour de la Venue glorieuse, à un filet qui s’abat, non pas sur des oiseaux, mais sur la terre. On y reconnaît sans peine l’écho de termes qui caractérisent la venue du jugement de Dieu en Is 24,17 : « Effroi, fosse et filet sur vous qui habitez la terre ». La mise en garde : « Faites attention à vous-mêmes » 2 concerne le danger d’un « appesantissement du cœur ».
Il est attribué ici à l’excès dans le manger et le boire ainsi qu’aux « soucis de l’existence ». Ces précisions évoquent immédiatement le portrait que Luc a tracé du riche insensé qui se dit à lui-même : « Repose-toi, mange, bois, festoie » (12,19), ou au portrait du riche, qui « festoyait chaque jour brillamment » (16,19). Ou encore le commentaire de la parabole du semeur : « Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui ont entendu, mais chemin faisant les soucis, la richesse et les plaisirs de l’existence les étouffent » (8,14). Cet avertissement traverse tout l’évangile de Luc : le danger des richesses et la sollicitude de Dieu envers les pauvres.
Rester éveillés et prier en tout temps.
Le chrétien doit donc éviter l’appesantissement, l’endormissement. Il ne peut pas dormir parce qu’il ne doit jamais cesser de prier. La vigilance chrétienne est celle de la prière. Rappelons que le ch. 17 s’était conclu, lui aussi, par un appel à la prière : « Et il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager » (18,1). La parabole qui illustre la nécessité d’une prière inlassable est celle de la veuve importune dont l’opiniâtreté finit par avoir raison du juge inique. Cette parabole se conclut par une considération a fortiori : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit… ? » (v. 7). Ainsi l’attente qui est recommandée aux chrétiens, (la « vigilance », Mc 13,34.35.37), prend chez Luc la forme concrète d’une prière incessante 3.
La prière donne « la force d’échapper à tout ce qui doit arriver », d’échapper à l’emprise de la détresse psychologique engendrées par les épreuves. Elle permet de « se tenir debout devant le Fils de l’homme », dans une attitude d’assurance. Luc encourage et stimule. La conduite du chrétien lui paraît devoir être inspirée par l’espérance plus que par la peur.
Que le Seigneur affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus (1 Th 3,13).
1 Comme souvent chez Luc, les événements sont considérés à travers les réactions psychologiques qu’ils produisent (cf. Lc 3, 15; 8, 40; 9, 43; 24, 3).
2Luc est seul à employer cette expression parmi les auteurs du NT (Lc 12, 1; 17,3; 21,34; Ac 5,35; 20, 28).
3Dès le seuil de l’évangile, la prophétesse Anne « ne quittait pas le Temple, rendant un culte à Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière » (Lc 2, 37). L’attente de la réalisation de la promesse se vit dans une prière, ou un culte, qui s’impose « en tout temps » (Lc 21,36), « sans cesse » (18,1), qui doit être « sans relâche » (Ac 26,7) et se vérifier « nuit et jour » (Lc 2,37; Ac 26,7), « jour et nuit » (Lc 18,7).