Être membre de la famille de Jésus

(10° D. TO. B — Mc 3, 20-35)  Le début du chapitre 3 de l’évangile de Marc nous montre Jésus rassemblant une multitude de gens du nord au sud (3,7-8), instituant les Douze depuis une montagne (3,13-19). Marc esquisse l’ampleur du succès de Jésus. Et il nous amène à entendre les réactions. Celles de son entourage familial. La mention de la famille, qui intervient deux fois (3,20-21; 3,31-35), encadre une autre réaction, celle des scribes (3,22-30).

Jésus est taxé de déraison par les uns

Nous quittons la montagne pour revenir à la maison de Capharnaüm. La maison familiale, c’est le lieu où habitent les personnes d’un même clan de plusieurs générations, ici la maison d’André et de Pierre. Mais il y a aussi la foule qui s‘y rassemble. Sa famille vient à sa rencontre, mais à leurs yeux, sa prétention royale et messianique est une pure folie… Au regard de son lien familial rien ne prédispose l’ancien artisan de Nazareth à une telle prétention messianique. Et le jugement tombe : « Il a perdu la tête », littéralement : « il a été mis en dehors de lui ». En français courant : il est en dehors des clous, il est à côté de ses pompes, il déménage… Jésus est accusé de déraison. C’est aussi ce que l’on dit d’un chrétien lorsqu’il décide de vivre vraiment l’évangile.

Jésus est diabolisé par les autres

Venant de Jérusalem, les scribes vont plus loin : la déraison de Jésus ne serait-elle pas une possession ? Certes Jésus peut compter sur une force surnaturelle, comme le montrent déjà ses miracles et exorcismes, mais c’est une puissance venant du monde des démons ! Pour Jésus, c’est une réflexion idiote : si son pouvoir miraculeux venait du prince des démons, Béelzéboul, il ne pourrait combattre contre ces mêmes démons.

Dire que Jésus est manipulé par un esprit impur, cette accusation est lourde, surtout venant de Jérusalem où Jésus n’a pas encore prêché. Jésus taxe cette attitude de « blasphème contre l’Esprit », de refus de voir à l’oeuvre en lui la puissance de Dieu. Seul le refus de recevoir le pardon est impardonnable. Car Jésus est « plus fort » que la puissance du Mal, il vient ligoter l’Adversaire et délivrer les hommes qu’il a pris sous sa coupe. Mais si l’on refuse d’être délié, on reste captif.

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Jésus nous invite à entrer dans sa famille

Le royaume que Jésus vient établir n’est pas un empire à conquérir, une dynastie à mettre en place, mais une famille à aimer et à rassembler. Il ressort clairement de cet épisode une opposition entrela famille selon la chair(les gens de sa parenté, ses cousins et cousines, et même sa mère), et la famille selon l’esprit (ces gens qui entourent Jésus en cercle autour de Lui, enfin quiconque fait la volonté de Dieu), et la nécessité de passer de l’un à l’autre.

La famille selon la chair a son idée toute faite sur la personne de Jésus , elle veut venir s’emparer de lui, elle est convaincue que Jésus « a perdu la tête » (3,21) , elle arrive auprès de Jésus et reste dehors, elle le fait appeler, mais sans succès… La famille selon l’esprit vient écouter Jésus et l’entendre , elle est assise autour de Jésus, sous son regard (3,34) , elle apprend enfin à faire la volonté de Dieu, celle que Jésus exprime par son enseignement…

Jésus nous invite à rester proche de lui

« Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère ». La réplique de Jésus est-elle une parole dure qui défait les liens familiaux ? Le propos de Jésus est autre. Les siens le font appeler au dehors, alors qu’il est au centre d’un cercle d’auditeurs qui s’est constitué librement autour de lui. Ce faisant, ils exercent sur lui un effet de pouvoir inacceptable. La parole de Jésus manifeste d’abord sa liberté par rapport à toute emprise, même familiale. De plus, quand il énonce le principe de la parenté nouvelle, c’est en parcourant du regard le cercle d’auditeurs qui l’entourent. Une déclaration qui les associe à la nouvelle famille de Dieu qu’il fonde.

Être proche de Jésus, cela ne dépend pas d’un privilège humain, ni d’une situation particulière dans la communauté des croyants : on n’est pas plus proche de Jésus parce qu’on remplit telle fonction, parce qu’on a, dans l’Église, telle ou telle responsabilité, ni parce qu’on a des choses de Dieu une connaissance plus élaborée. Même une consécration officielle au service du Royaume ne nous rend pas automatiquement plus proche de Jésus, plus frère ou plus sœur de Jésus.

Le seul critère que nous ayons pour « mesurer » notre proximité par rapport à Jésus, c’est l’accomplissement de la volonté du Père. Et c’est pourquoi Marie, qui attendait dehors, était à ce moment, comme depuis toujours, plus proche de lui que tous les autres.

On devient frère de Jésus dans la mesure où l’on devient fils.

On devient sœur du Christ quand on se veut servante du Seigneur.