Nous avons probablement tous des histoires de train à raconter ! Vous permettrez que je vous raconte quelques aventures inédites…
1. L’autre jour, prenant un peu de repos à Strasbourg, au vu du temps magnifique, j’ai décidé de prendre le train et d’aller visiter une ville thermale située en Forêt-Noire en Allemagne, pas très loin, une ville que je ne connaissais pas. Une journée de dépaysement.
Me voilà donc avec mon billet de train, qui comportait un changement en cours de route. Les TER allemands sont très communicants, une fois que vous êtes dedans : des annonces faites en cours de voyage, et de grands écrans bien visibles.
Au moment de changer de train pour prendre une correspondance, je descends, et le train repart et disparaît très vite puisque nous étions dans une courbe. Que vois-je ? Je me trouvais en pleine campagne, sur le quai d’une voie unique en courbe… Pas de gare, pas d’autre voie à l’horizon… et les autres voyageurs descendus en même temps que moi avaient déjà disparu. Si vous avez l’habitude des autoroutes allemandes, vous avez qu’elles sont très isolées par une quantité de verdure impressionnante, et c’était le cas ici aussi pour cette voie de chemin de fer.
Je n’avais jamais encore fait cette expérience d’un changement de train hors de toute gare et en pleine campagne. Il y a un début à tout.
Me voilà donc en train d’arpenter le quai pour essayer de trouver une sortie, puis de lire différentes indications qui n’étaient pas très explicites, sur la direction pour trouver la correspondance. De fil en aiguille, par déductions successives, suivant des flèches et passant des tunnels souterrains, j’ai fini par aboutir sur une autre voie unique située tout autant en rase campagne. Pas de tableau donnant des directions ou des indications, pas de communication sonore pour indiquer l’arrivée d’un train. Étais-je du bon côté de la voie ? C’était probable puisqu’il y avait d’autres personnes… Lorsque le train est arrivé, supputant que l’indication de direction qu’il portait se trouvait au-delà de ma destination finale, je suis monté dedans. Quelques minutes après j’ai pu m’assurer que c’était le bon train.
En réfléchissant à ce qui venait de m’arriver, j’ai finalement pris conscience que la première voie que j’avais quittée prenait un virage à droite pour aller vers une autre direction, mais que la seconde voie à laquelle j’étais finalement parvenu, toute droite celle-ci, se trouvait distante d’une cinquantaine de mètres, soigneusement masquée elle aussi. Elle n’était pas contiguë à la première, contrairement à ce qu’on aurait pu penser. Dans les deux cas, il n’y avait aucune gare. On descendait sur un quai, on franchissait 50 m par un cheminement soigneusement masqué, pour retrouver une autre voie… Bon. Pourquoi pas ?
Je me suis dit finalement que c’était une bonne parabole pour comprendre ce qui pouvait se passer au moment où nous devions terminer notre vie terrestre pour embrayer sur la vie céleste. On descend, comme pour prendre une correspondance. Mais la différence entre la vie terrestre et la vie céleste est telle qu’il faut prendre une autre voie située ailleurs, invisible d’une certaine façon (rassurez-vous, on n’est pas dans Harry Potter), pour aboutir à la direction finale, en se fiant au billet qu’on avait en poche… Heureusement que la foi nous permet d’affirmer qu’il y a une correspondance et une destination finale ! Sinon, quelle angoisse pour ceux qui ne s’y sont pas préparés…
2. Vous voulez que je vous en raconte une autre ? Celle-là est beaucoup plus ancienne. C’est à l’époque où je faisais mon service militaire, dans l’Est aussi. Monté à Paris dans un train de nuit vers l’Est, bourré de militaires, je savais à quelle heure de la nuit je devais descendre. À l’époque, pas de réveil sur les montres, pas d’iPhone en poche sur lequel mettre une alarme. Une nuit à somnoler assis sur une banquette ou finalement couché par terre dans le couloir si l’occasion s’en présentait… Avec l’angoisse de rater sa station de descente si l’on ne se réveillait pas. Ça n’est pas exactement ce qui s’est passé.
Après la station qui précédait celle où nous devions descendre, le train a fait un arrêt supplémentaire en rase campagne. J’ai cru que c’était la gare attendue. J’ai averti d’autres amis militaires, nous sommes descendus… Vous savez, ces wagons d’autrefois, avec des portes qui comportaient une poignée à manœuvrer pour les ouvrir ou les fermer… J’ai trouvé que le quai était bien bas cette fois-ci… Mais dans un demi-sommeil, en pleine nuit, on se débrouille comme on peut… Le train est reparti… Pas de gare ! Rien ! La lanterne rouge du train qui s’éloignait…
J’ai compris alors que c’était un arrêt supplémentaire, surtout en voyant la gare plus loin, éclairée, à deux kilomètres quand même… C’est long quand il faut marcher à pied sur une voie de chemin de fer, avec son barda de militaire à traîner… Et ce n’est pas tout… On a entendu derrière nous un cri désespéré : « aidez-moi ! » C’était un instituteur, qui venait prendre un poste, descendu lui aussi par mégarde, avec une valise bourrée de livres… Nous avons joué l’entraide, en nous relayant pour traîner sa valise. Évidemment, une telle mésaventure n’existerait plus aujourd’hui avec nos trains verrouillés.
Conclusion : ne descendez pas n’importe où, ne cherchez pas à précéder le moment de la descente du train, sinon vous pourriez avoir des surprises ! Et là, vous devinez à quoi, ou plutôt à qui je pense : à tous ceux qui veulent se suicider, à tous ceux aussi qui aujourd’hui disent froidement : « Oh, moi, à la fin, je ne veux pas de ça, ce sera une piqûre ! » Ne descendez pas n’importe où, ne cherchez pas à précéder le moment de la descente du train, sinon vous pourriez avoir des surprises !
Même si vous n’avez pas un train de vie extraordinaire, faites confiance, laissez le Seigneur mener le train de votre vie à bon port !