Sur les sites zenit.org et fr.aleteia.org notamment, on peut lire ceci :
Depuis quelques jours, un écriteau sur lequel figure la mention « Interdit de se plaindre », est accroché à la porte de l’appartement du pape François, à la maison Sainte-Marthe. Sous le message principal, un avertissement : « Tout transgresseur est passible de syndrome de victimisation avec pour conséquence une baisse d’humeur et de la capacité à résoudre ses problèmes. « La sanction sera doublée dès lors que la violation sera commise en présence d’enfants ». Et de conclure par une recommandation : « Pour obtenir le mieux de soi-même se concentrer sur son potentiel et non sur ses limites … ».
Ce petit panneau a été offert au pape François par l’écrivain, psychologue et psychothérapeute, Salvo Noè le 14 juin dernier, à l’issue de l’audience générale, place Saint-Pierre. A cette même occasion, rapporte le site Vatican Insider, cet auteur de plusieurs ouvrages sur les comportements sociaux, avait offert un livre sur le développement personnel et un petit bracelet. « Je le mettrai à la porte de mon bureau dans lequel je reçois les visiteurs », lui a dit le Saint-Père, amusé. Finalement, il ne l’a pas accroché à la porte de son bureau du palais apostolique, ce qui aurait peut-être été un peu trop audacieux compte-tenu de l’austérité des lieux, mais il l’a fixé à la porte de son appartement.
TOUTEFOIS, nous sommes plusieurs prêtres travaillant dans le domaine des dérives sectaires ecclésiales à être choqués. Voici la réaction d’un confrère que je partage totalement :
Je suis choqué de cette affiche sur la porte du Pape de l’Eglise catholique. C’est une façon d’agir d’un jésuite professeur de collège qui met une note d’humour sur sa porte dans le grand couloir où résident les professeurs. Mais sur la porte d’un pape, ce n’est plus de l’humour, c’est la négation de son rôle de chef de l’Eglise. Un chef est précisément fait pour entendre les plaintes de ses frères et de chercher à y porter remède. Et pour cela, il faut pouvoir dire sa plainte, ce qui est un droit des fidèles dans le droit canon. C’est non seulement un droit, mais c’est un devoir, surtout quand les faits sont graves. S’il n’y a plus que le cardinal Barbarin qui peut aller voir le pape avec un prêtre qui se marie avec une pasteure protestante, ou avec un grand patron français qui lui prête son jet privé pour le mener plus rapidement à Rome, tout en refusant de recevoir les plaintes légitimes des 72 victimes du Père Preynat que le même cardinal Barbarin a protégé et couvert de façon éhontée, alors les problèmes de l’Eglise catholique sont énormément plus graves que ceux que signalent le Pape François. Cela signifie que le Pape lui-même fait partie du problème. Une fausse spiritualité, vaguement psychologisante et faussement humoristique, même placardée sur la porte du pape, ne nous enlèvera pas la liberté sacrée que nous avons reçue du Christ. La liberté nous vient de notre Foi, nous avons non seulement le droit mais le devoir de parler, y compris quand les Évêques ne veulent pas l’entendre, lorsqu’il y a des problèmes graves.
On ne s’étonnera pas que le site zenit.org, dans l’orbite des Légionnaires du Christ, n’y trouve rien à redire. Ni que le site aleteia.org, qui mouline quotidiennement tout ce qu’il peut y avoir de plus bling bling dans l’écume catholico-médiatique fasse des gorgées chaudes de cet épisode extrêmement ambigu.
Qui osera titrer « Le pape se moque-t-il du cri des victimes ? » …
D.A.