La bienheureuse espérance de l’Avènement

33° D. TO. B — (Mc 13,24- 32) Jésus sort définitivement du Temple. Des questions des disciples lui donnent l’occasion d’annoncer la destruction du Temple et de les enseigner sur les signes annonciateurs de la fin. Cette première partie (13,5- 23) porte sur trois aspects des signes : les catastrophes, les persécutions, la profanation. Ce n’est pas pour autant un catalogue de repères chronologiques, mais plutôt un avertissement : « prenez garde » (v. 5, 23).

Vous ne savez pas quand

Une seconde partie, celle que nous entendons aujourd’hui, se rapporte à la Venue du Fils de l’Homme, avec la mise en tension de la certitude de l’imminence des événements dont on parle (« cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive »), avec l’incertitude, l’ignorance qui concerne le moment précis : « Quant à ce jour et à cette heure, personne ne les sait… » (v. 32). L’espérance chrétienne trouve son fondement sûr non dans de vains calculs qui permettraient de prévoir l’avenir à partir des événements de l’histoire ou des phénomènes de la nature, mais dans une parole souveraine prononcée avec une autorité divine : « Mes paroles ne passeront pas ». De quoi prendre ses distances par rapport à la bouillie des révélations privées…

Voilà ce qui arrivera après

« MAIS en ces jours-là, APRÈS cette tribulation-là… » L’enseignement de Jésus déborde la question sur ce qui doit se passer « avant » et s’occupe directement de ce qui arrivera « après » les événements précurseurs, et donc des événements de la fin proprement dite.

  • Jésus parle d’un désordre cosmique concernant le soleil, la lune, les astres. Il ne faut surtout pas faire une lecture au 1er degré de ce désordre cosmique. Car, suivant les procédés habituels du langage apocalyptique, cette description se compose d’une série d’allusions à différentes prophéties de l’A. T. Reconnaissables par les initiés, ces allusions devaient les aider à comprendre le sens du texte dont elles formaient la trame.
  • Ici, il n’est nulle part question de jugement, de condamnation ; les images sont visuelles ; les lumières naturelles s’obscurcissent, et dans cette obscurité, le Fils de l’homme se donne à voir pleinement, de façon incomparable.

Écouter l’homélie

Voir le Fils de l’homme venir

Car sur la terre, les hommes « VERRONT le Fils de l’homme venant dans les nuées avec grande puissance et gloire ». Ces trois mots, Jésus les puise dans le prophète Daniel, et y fait d’autres allusions (8,38 ; 14,62). Le mot RETOUR est à bannir, car il induit que Jésus est parti, donc absent de ce monde-ci. Il n’y a aucun verset biblique qui parle de « retour » du Christ ; y compris au moment de l’Ascension : « Jésus, viendra comme cela, de la même manière » (Ac 1,11). Le mot VENUE est le plus biblique ; il est employé ici : « Vous VERREZ le Fils de l’homme venant1… » avec le verbe VOIR : la foi obscure n’aura plus cours. La Venue sera la manifestation glorieuse du Fils au monde, que Jude lui reprochait de ne pas avoir fait (Jn 14,22).

Une parousie pour le rassemblement des élus

Les mots. Le mot AVÈNEMENT est employé par Matthieu, et fréquemment à l’intérieur du N. T.… C’est la traduction française du grec Parousia, adopté largement comme terme technique pour signifier la venue glorieuse du Christ. Ce mot PAROUSIE (présence, venue) est utilisé à propos des souverains et des dieux à l’époque hellénistique. La parousie des dieux, c’est leur venue sur la terre ; celle des souverains, c’est la visite qu’ils rendent à une cité : démarche politique, auréolée d’une signification religieuse. Un autre mot pour parler de l’avènement de Jésus est celui d’ÉPIPHANIE2. Là encore, le mot est largement connu dans le monde hellénistique pour signifier la joyeuse manifestation (épiphanie) d’un roi ou la manifestation divine.

Tous les élus seront « rassemblés », unis au Christ glorieux, afin d’être pour toujours avec le Seigneur comme le dira Paul (1 Th 4,17). Les épreuves par lesquelles les croyants devront passer sont redoutables, mais elles conduisent à l’Avènement du Fils de l’homme qui coïncidera avec leur salut définitif. Le rassemblement des élus est le but suprême de la Parousie que nous attendons. Cette ample vision pleine d’espérance surpasse la question de savoir le moment où elle s’accomplira, que nous ignorerons toujours.


1Et on peut poursuivre les citations : Lc 17,20 ; Mt 24,44 ; Ap 16,15 ; 22,20.

2Tt 2, 13 : « attendant la bienheureuse espérance et l’Apparition (l’Épiphanie) de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus ». Ce verset est cité dans l’embolisme (la prière après le Notre Père).