Ecrit entre 30 et 50 ans après les trois récits synoptiques, ce texte de saint Jean est une relecture de la Passion de Jésus. D’un point de vue littéraire, c’est un récit ciselé , et il regorge de détails concrets du témon oculaire. Saint Jean y fait un emploi répété des inclusions comme on peut le repérer dans le plan ci-dessous. Cela permet de mettre en relief l’identité de Jésus (c’est moi, Je suis), la gifle symbole de tous les refus qu’on lui oppose, la position assise sur le siège du juge de Jésus couronné d’épines, le don qu’il fait de sa mère…
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Prière du pape François le vendredi saint 2018
Seigneur Jésus, notre regard se tourne vers toi, plein de honte, de repentance et d’espérance.
Devant ton amour suprême, nous sommes envahis par la honte de t’avoir laissé souffrir seul pour nos péchés:
honte d’avoir fui devant l’épreuve, alors que nous t’avions dit mille fois: « même si tous t’abandonnent, je ne t’abandonnerai jamais »;
honte d’avoir choisi Barabbas et pas toi, le pouvoir et pas toi, l’apparence et pas toi, le dieu de l’argent et pas toi, la mondanité et pas l’éternité;
honte de t’avoir tenté par nos lèvres et par notre cœur, à chaque fois que nous nous sommes retrouvés devant une épreuve, et que nous t’avons dit: « si tu es le messie, sauve-toi et nous croirons! »;
honte parce que tant de gens, et même certains de tes ministres, se sont laissés tromper par l’ambition et la vaine gloire, perdant leur dignité et leur premier amour;
honte parce que nos générations laissent aux jeunes un monde fracturé par les divisions et par les guerres; un monde dévoré par l’égoïsme où les jeunes, les petits, les malades, les personnes âgées sont marginalisés;
honte d’avoir perdu la honte;
Seigneur Jésus, donne-nous toujours la grâce de la sainte honte!
Notre regard est également plein d’une repentance qui, avant ton éloquent silence, supplie ta miséricorde:
repentance qui jaillit de la certitude que toi seul peux nous guérir du mal, toi seul peux nous guérir de notre lèpre de haine, d’égoïsme, d’orgueil, d’avidité, de vengeance, de cupidité, d’idolâtrie, toi seul peux nous embrasser à nouveau en nous restituant notre dignité filiale et te réjouir de notre retour à la maison, à la vie;
repentance qui jaillit du sentiment de notre petitesse, de notre néant, de notre vanité et qui se laisse caresser par ta douce et puissante invitation à la conversion;
repentance de David qui, depuis l’abîme de sa misère, trouve sa seule force toi;
repentance qui naît de notre honte, qui naît de la certitude que notre cœur restera toujours inquiet jusqu’à ce qu’il te trouve, et, en toi, sa seule source de plénitude et de repos;
repentance de Pierre qui, en rencontrant ton regard, a pleuré amèrement de t’avoir renié devant les hommes.
Seigneur Jésus, donne-nous toujours la grâce de la sainte repentance!
Devant ta majesté suprême, dans notre désespoir ténébreux, l’étincelle de l’espérance s’allume, parce que nous savons que ta mesure pour nous aimer est seulement de nous aimer sans mesure;
espérance, parce que ton message continue à inspirer, aujourd’hui encore, tant de personnes et de peuples pour qui seul le bien peut vaincre le mal et la méchanceté, seul le pardon peut détruire la rancœur et la vengeance, pour qui c’est seulement en s’embrassant fraternellement que l’on peut faire disparaître l’hostilité et la peur de l’autre;
espérance parce que ton sacrifice continue, aujourd’hui encore, à exhaler le parfum de l’amour divin comme une caresse sur le cœur de nombreux jeunes qui continuent à te consacrer leur vie et deviennent des exemples vivants de charité et de gratuité dans notre monde dévoré par la logique du profit et du gain facile;
espérance parce que tant de missionnaires, hommes et femmes, continuent, aujourd’hui encore, à défier la conscience endormie de l’humanité, en risquant leur vie pour te servir dans les pauvres, dans les mis au rebut, dans les immigrés, dans les invisibles, dans les exploités, dans les affamés et dans les détenus;
espérance parce que ton Église, sainte et composée de pécheurs, continue, aujourd’hui encore, malgré toutes les tentatives pour la discréditer, d’être une lumière qui éclaire, encourage, élève et témoigne de ton amour sans limites, pour l’humanité, modèle d’altruisme, arche de salut et source de certitude et vérité;
espérance parce que de ta croix, fruit de la cupidité et de la lâcheté de tant de docteurs de la Loi et d’hypocrites, a jailli la résurrection, transformant les ténèbres du tombeau en éclair de l’aube du dimanche sans couchant, nous enseignant que ton amour est notre espérance.
Seigneur Jésus, donne-nous toujours la grâce de la sainte espérance!
Aide-nous, Fils de l’homme, à nous dépouiller de l’arrogance du larron qui est à ta gauche et des myopes et des corrompus, qui n’ont vu en toi qu’une occasion à exploiter, un condamné à critiquer, un vaincu dont se moquer, une autre occasion de faire endosser leur fautes aux autres, y compris à Dieu.
Nous te demandons au contraire, Fils de Dieu, de nous identifier avec le bon larron qui t’a regardé de ses yeux pleins de honte, de repentance et d’espérance; lui qui, par les yeux de la foi, a vu dans ta défaite apparente la victoire divine et qui s’est ainsi agenouillé devant ta miséricorde et, par son honnêteté, a volé le paradis! Amen!
Traduction de ZENIT , Anita Bourdin