Peinture : Arcabas, église St Hugues de Chartreuse
Jésus vient à Élisabeth à travers son corps porté par le corps de Marie
L’Esprit Saint passe par le corps : la présence cachée de Jésus, la voix de Marie, le cri d’Elisabeth, le tressaillement de jean-Baptiste en Elisabeth…
Jésus nous sanctifie par son corps offert sur la croix
Tu m’as formé un corps, alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté. Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps.
Corps offert, vie offerte, souffle offert : « Il transmit l’Esprit » (Jn 19, 30).
Il nous communique l’Esprit Saint par la communion à son corps dans l’Eucharistie
C’est une nourriture spirituelle qui passe par la manducation (Jn 6, mâcher, croquer)
Le culte spirituel que nous offrons est lui aussi incarné.
On comprend que Paul puisse écrire : Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. (Rm 12, 1).
Nous ne pouvons accepter la dissociation
* à laquelle nous consentons soit par péché soit par négligence (notre esprit appartiendrait à Dieu, tandis que notre corps nous appartiendrait ?)
* ou qui nous est imposée par l’épidémie à travers les nécessaires gestes barrière (qu’il nous faut amortir par le regard, par le geste…)
Si Marie avait dû se laver les mains avant d’entrer dans la maison, si Élisabeth avait dû vérifier son masque avant de pousser son grand cri, imaginez ! Et quand l’infirmière hygiéniste interdit la communion eucharistique, comme cela m’est arrivé en célébrant la messe dans une maison de retraite, lorsque j’étais curé de paroisse…
Notre foi et notre religion sont une foi en Dieu incarné qui se donne et se laisse approcher par les gestes du corps…
Paroles du pape François avant l’angelus
Chers frères et sœurs, bonjour !
L’Evangile de la liturgie de ce jour, quatrième dimanche de l’Avent, raconte la visite de Marie à Elisabeth (cf. Lc 1, 39-45). Ayant reçu l’annonce de l’ange, la Vierge ne reste pas chez elle, à repenser à ce qui s’est passé et à envisager les problèmes et les imprévus, qui ne manquaient sûrement pas. Parce que, la pauvre, elle ne savait pas quoi faire de cette nouvelle, avec la culture de l’époque… Elle ne comprenait pas… Au contraire, elle pense d’abord à celle qui est dans le besoin : au lieu d’être repliée sur ses problèmes, elle pense à celle qui est dans le besoin, elle pense à Elisabeth sa cousine, qui est avancée en âge et qui est enceinte : c’est quelque chose d’étrange, de miraculeux. Marie se met généreusement en chemin, sans se laisser effrayer par les désagréments du voyage, répondant à un élan intérieur qui l’appelle à se faire proche et à apporter son aide. Une longue route, des kilomètres et des kilomètres, et il n’y avait pas d’autobus pour y aller : elle a dû y aller à pied. Elle sort pour rendre service, en partageant sa joie. Marie donne à Elisabeth la joie de Jésus, la joie qu’elle portait dans son cœur et dans son ventre. Elle va chez celle-ci et proclame ses sentiments, et cette proclamation de ses sentiments est devenue ensuite une prière, le Magnificat, que nous connaissons tous. Et le texte dit que la Vierge « se mit en route […] avec empressement » (v. 39).
Elle se leva et partit… Dans cette dernière portion de chemin de l’Avent, laissons-nous guider par ces deux verbes. Se lever et marcher avec empressement : ce sont les deux mouvements de Marie, qu’elle nous invite aussi à faire en vue de Noël. Avant tout, se lever. Après l’annonce de l’ange, s’annonçait pour la Vierge une période difficile : sa grossesse inattendue l’exposait à des incompréhensions et même à des peines sévères, y compris la lapidation, dans la culture de l’époque. Imaginons toutes ses pensées et le trouble qu’elle ressentait ! Toutefois, elle ne se décourage pas, elle ne se laisse pas abattre, mais elle se lève. Elle ne regarde pas vers le bas, vers les problèmes, mais vers le haut, vers Dieu. Et elle ne cherche pas à qui demander de l’aide, mais à qui apporter son aide. Elle pense toujours aux autres : Marie est ainsi, pensant toujours aux besoins des autres. C’est ce qu’elle fera plus tard, aux noces de Cana, lorsqu’elle s’aperçoit qu’il n’y a plus de vin. C’est le problème de quelqu’un d’autre, mais elle y pense et elle cherche une solution. Marie pense toujours aux autres. Elle pense aussi à nous.
Apprenons de la Vierge Marie cette façon de réagir : se lever, surtout quand les difficultés risquent de nous écraser. Se lever, pour ne pas s’enliser dans les problèmes, ne pas sombrer dans l’apitoiement sur nous-mêmes ou tomber dans une tristesse qui nous paralyse. Mais pourquoi se lever ? Parce que Dieu est grand et qu’il est prêt à nous relever si nous lui tendons la main. Alors, jetons en lui nos pensées négatives, nos peurs qui bloquent tout élan et qui empêchent d’avancer. Et ensuite, faisons comme Marie : regardons autour de nous et cherchons quelqu’un à aider ! Y a-t-il une personne âgée que je connais et à qui je peux aider, à qui je peux tenir compagnie ? Que chacun y réfléchisse. Ou rendre un service à quelqu’un, un geste de gentillesse, un coup de téléphone ? Mais à qui puis-je venir en aide ? Je me lève et je vais aider. En aidant les autres, nous nous aiderons nous-mêmes à nous relever de nos difficultés.
Le second mouvement est de marcher avec empressement. Cela ne veut pas dire procéder avec agitation, de manière anxieuse, non, ce n’est pas cela. Il s’agit au contraire de mener nos journées d’un pas joyeux, en regardant devant nous avec confiance, sans traîner les pieds en étant esclave de ses plaintes – ces plaintes ruinent beaucoup de vies, parce qu’on se met à se lamenter, se lamenter et la vie nous tire vers le bas. Les plaintes te poussent à toujours chercher un coupable. En se rendant chez Elisabeth, Marie avance d’un pas rapide, du pas de celle qui a le cœur et la vie pleins de Dieu, pleins de sa joie. Alors, interrogeons-nous pour notre propre bénéfice : comment est mon « pas » ? Suis-je constructif ou bien est-ce que je m’attarde dans la mélancolie, dans la tristesse ? Est-ce que je vais de l’avant avec espérance ou est-ce que je m’arrête pour pleurer sur moi-même ? Si nous avançons avec le pas fatigué des bougonnements et des commérages, nous n’apporterons Dieu à personne, nous n’apporterons que de l’amertume, des choses sombres. Cela fait beaucoup de bien, en revanche, de cultiver un sain sens de l’humour, comme le faisaient, par exemple, saint Thomas More ou saint Philippe Neri. Nous pouvons demander également cette grâce, la grâce d’un sain sens de l’humour : cela fait beaucoup de bien. N’oublions pas que le premier acte de charité que nous puissions faire à notre prochain est de lui offrir un visage serein et souriant. C’est lui apporter la joie de Jésus, comme l’a fait Marie à l’égard d’Elisabeth.
Que la Mère de Dieu nous prenne par la main, nous aide à nous lever et à marcher avec empressement vers Noël !