Le serpent et le chapelet

Songe de Don Bosco, dans la nuit du 14 au 15 août 1862.

« Il Serpente e il Rosario », I Sogni di don Bosco, Elledici 1995, pp. 57 – 58.

Traduction père Jean-Patrick Ferré

Aux vigiles de l’Assomption, en 1862, don Bosco se retrouve en songe avec tous ses jeunes dans la maison de son frère, au village (actuellement : « Colle don Bosco »). Soudain, La Guide  (la Vierge Marie, ndt) se présente à lui (celle qui habituellement l’accompagne dans les songes). Elle l’invite à venir dans la prairie contigüe à la cour de la ferme. Là, Elle lui montre un serpent, extraordinairement gros, long de 7 à 8 mètres. Don Bosco est horrifié et cherche à s’enfuir. Pourtant La Guide lui demande de ne pas avoir peur, et lui dit de rester. Elle va chercher une corde et revient vers don Bosco, et lui dit :

– Prends cette corde par un bout, tiens-la bien tendue. Moi je prends l’autre bout, et tous les deux, ont va attacher la corde au serpent.

– Et ensuite, demande don Bosco ?

– Nous le frapperons à terre.

– Jamais de la vie, réagit don Bosco ! Gare à nous de faire une chose pareille, car il va se retourner contre nous et nous mettre en morceaux.

Mais La Guide insistait – raconte don Bosco – et m’assurait que le serpent ne nous ferait aucun mal. Et tandis qu’Elle me disait cela, j’ai consenti à faire ce qu’elle demandait. De son côté, Elle souleva la corde, et infligea une blessure sur le dos du reptile. Le serpent a fait volte face. Il a tourné la tête en arrière pour essayer de mordre ce qui l’avait touché, mais il s’est retrouvé ficelé comme par un nœud coulant.

– Tiens fort la corde, me cria La Guide ! Ne la lâche surtout pas.

Elle a couru attacher le bout de la corde qu’elle tenait en main à un poirier qui était à proximité.  Elle est ensuite allée attacher l’autre bout de la corde à la grille d’une fenêtre de la maison. Pendant ce temps, le serpent se débattait avec fureur et se cognait à terre, autant la tête que ses épouvantables anneaux, au point que sa chair partait en lambeaux et que les morceaux étaient projetés au loin, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de lui qu’un squelette décharné.

Une fois le serpent mort, La Guide dénoua la corde de l’arbre et de la fenêtre, et la rangea dans un coffre. Elle l’a ouvert quelques instants après. En regardant dans le coffre, quel ne fut pas mon étonnement et celui de mes jeunes, de voir que cette corde était placée de telle manière qu’elle formait les paroles : Je vous salue Marie. La Guide expliqua :

– Le serpent représente le démon, et la corde, ce sont les « Je vous salue Marie », ou plus exactement, c’est le chapelet, c’est-à-dire une succession de « Je vous salue Marie », grâce auxquels on peut combattre, vaincre et détruire tous les démons de l’enfer.

 

Parvenu à ce point, une scène bien douloureuse se présenta devant les yeux de don Bosco : il voyait des jeunes qui ramassaient les morceaux de chair éparpillés, les mangeaient, et s’empoisonnaient.

J’étais complètement désemparé – racontait don Bosco – parce que malgré mes mises en garde, ils continuaient à manger. Je criais à l’un, je criais à l’autre, j’envoyais une gifle à l’un, un coup de poing à l’autre, cherchant à leur interdire de manger, mais tout était inutile. J’étais hors de moi, en voyant tout autour un grand nombre de jeunes étendus par terre dans un état misérable.

Don Bosco de s’adressa alors à La Guide.

– N’y aurait-il pas un remède à tant de mal ?

– Bien sur que oui, lui dit La Guide.

– Lequel ? Demande don Bosco ?

– Il n’y a pas d’autre solution que l’enclume et le marteau.

– Mais comment ? Est-ce qu’il faut que je les mette sur l’enclume pour les taper avec le marteau ?

– Voilà, répondit La Guide, le marteau, cela signifie la confession ; l’enclume, c’est la communion. Il faut utiliser ces deux moyens.

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Extrait du commentaire imprimé en bas de page dans l’édition  Elledici 1995, pp. 57 – 58 :

(…) Dans les campagnes, les jeunes ouvriers agricoles utilisaient la forge, l’enclume et le marteau, pour se forger de bons outils de travail. Appliqué aux sacrement de la confession et de la communion, cela veut dire qu’il se n’agit pas, dans la pratique du sacrement de la confession, d’un facile moyen pour avoir bonne conscience ; ni dans la communion d’une simple forme de dévotion. Ce sont des moyens énergiques que le prêtre possède pour conduire les fidèles sur le chemin du bien. Ce sont deux sacrements qui ne sont ni la voie de la facilité, ni celle de la commodité.