Marie, Mère de Dieu

icône mosaïque basilique de la Visitation, Aïn Karem

La solennité de sainte Marie, Mère de Dieu

Dans la fête du 1er janvier, bien des fils s’entrecroisent. Pendant des siècles, ce jour fut consacré à la circoncision du Seigneur. C’était logique puisque l’Évangile dit clairement que ce rite, fondamental dans le judaïsme, a été accompli huit jours après la naissance de l’enfant. Simultanément, l’enfant recevait son nom : Joseph et Marie l’appelèrent « Jésus », selon l’indication de l’ange Gabriel.

Le 1er janvier, s’achève aussi l’octave de Noël. La pratique de l’octave, aujourd’hui restreinte aux solennités de Noël et de Pâques, est un moyen de combattre le caractère fugace de la fête. Au lieu de passer à autre chose dès le lendemain de Noël ou de Pâques, nous sommes invités à « garder toutes ces choses » dans notre cœur. Déjà, au moins une semaine. Comme Marie. C’est pourquoi la liturgie de l’octave était particulièrement mariale. À Rome, la célébration solennelle avait lieu à Sainte Marie Majeure et l’on fêtait Marie « Mère de Dieu ».

C’est l’usage que le pape Paul VI a souhaité reprendre. Le 2 février 1974, il signait une Exhortation apostolique intitulée Marialis cultus. Un des objectifs du pape Paul VI est de replacer les fêtes mariales dans le cadre de l’année liturgique, au lieu de les laisser constituer une sorte de cycle parallèle. Il constate sans peine l’opportunité de célébrer l’Immaculée Conception de la Vierge dans le temps de l’Avent. Puis il décide de renouer avec la coutume romaine ancienne en consacrant l’octave de Noël, le 1er janvier, à la Maternité divine de Marie.

Au n° 5 de son Exhortation, il donne ses motifs. Tout d’abord, il est légitime, à quelques jours de Noël, de « célébrer la part qu’a eue Marie au mystère du salut et d’exalter la dignité particulière qui en découle pour la Mère très sainte qui nous a mérité d’accueillir l’Auteur de la Vie ». À cela s’ajoute un deuxième motif : l’adoration du Nouveau-Né.

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Théotokos, un mot-clé de la foi chrétienne

Depuis l’Antiquité, Marie a été invoquée comme « Mère de Dieu », Theotokos, disent les Grecs, pour qui ce nom est la clé de toute leur spiritualité mariale. La plus ancienne prière mariale connue, souvent désignée par son nom latin Sub tuum praesidium, l’appelle déjà ainsi : Sancta Dei Genitrix. Une copie du 3ème siècle a été découverte en 1917, en Égypte.

Theotokos ou Dei Genitrix sont des termes extrêmement concrets, presque provocateurs. Il s’agit bien de l’enfantement, de la mise au monde de l’enfant. Il s’agit de la maternité dans son sens le plus réaliste.

Mais est-il bien respectueux de dire que Marie a mis Dieu au monde ? C’est pourtant ce que nous disons dans le Credo : « Il est né de la Vierge Marie », « Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ». Qui est cet « Il » ? Celui qui mérite d’être appelé « Dieu » au même titre que le Père et le Fils. C’est encore le Credo qui l’exprime avec le plus de netteté : « Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père. »

Renouveler notre adoration au Nouveau-Né

Pour restaurer la solennité de « Marie, Mère de Dieu » dans l’octave de Noël, le deuxième motif du pape Paul VI était de « renouveler notre adoration au Nouveau-Né ». Car le but du pape, à la suite du concile Vatican II, est de toujours orienter notre regard et notre foi vers le Christ. Notre foi chrétienne, celle des premiers conciles, s’exprime dans ces simples mots : Marie est la Mère de Dieu. Jésus, Celui qu’elle a mis au monde, est bien « Dieu » et, en lui, la réalité divine et la réalité humaine sont indissociables. Marie n’a pas seulement prêté au Verbe de Dieu un corps pour lui permettre d’apparaître. Elle a donné son humanité au Fils de Dieu venant en ce monde. Le Fils de Dieu est vraiment né « de » la Vierge Marie. Certes, Marie n’est pas la source de la divinité de Jésus. C’est pourquoi, il vaut peut-être mieux parler de « Marie, Mère de Dieu » que de la « Maternité divine de Marie » : l’expression peut prêter à confusion.

Les vœux de Jésus et de sa mère

En fêtant Marie comme « Mère de Dieu », nous comprenons pourquoi Paul, dans la lettre aux Galates, nous rappelle que nous sommes devenus enfants de Dieu, « adoptés comme fils ». Par l’Esprit Saint qui a conçu le Fils dans le sein de la Vierge Marie, nous pouvons devenir, nous aussi, par l’action de l’Esprit Saint, enfants de Dieu puisque nous sommes frères et sœurs de Jésus en son humanité. La solennité du 1er janvier est la traduction liturgique du Prologue de saint Jean : le Verbe s’est fait chair pour que nous devenions enfants de Dieu (Messe du jour de Noël).

Pour l’heure, Jésus est encore un nouveau-né : autour du berceau d’un nouveau-né s’échangent des vœux, pour lui et pour sa mère. Par un heureux hasard de calendrier, il se trouve que l’octave de Noël tombe le 1er janvier, le jour des vœux par excellence. Mais, dans la liturgie de cette solennité, l’orientation des vœux s’est inversée. C’est Jésus et sa Mère qui forment des vœux à notre intention, et tout particulièrement des vœux de paix. L’Enfant s’appellera « Jésus », « Dieu sauve ». Il est le « Prince de la Paix » et sa Mère, par une autre décision du Paul VI durant le concile Vatican II, peut être invoquée comme « Mère de l’Église ». Marie est la première à avoir reçu sans limite la bénédiction de Dieu, telle qu’elle est formulée dans le Livre des Nombres. Elle nous regarde avec tendresse, sachant, comme une mère, ce dont ses enfants ont besoin. Si nous avons un vœu à formuler, c’est que celui de Jésus et de Marie soit exaucé.