DANS SON HOMÉLIE LORS D’UNE MESSE DE SUFFRAGE CÉLÉBRÉE LE 14 SEPT. 2016 POUR LE P. JACQUES HAMEL, LE PAPE A QUALIFIÉ DE « SATANIQUE » LE GESTE DES ASSASSINS. « Pour les catholiques, le mal n’est pas une idée » P. Jean-Pascal Duloisy,exorciste des diocèses d’Île-de-France
Je salue le courage du pape François d’avoir osé dire que tuer au nom de Dieu, c’est la marque d’un esprit perverti, c’est-à-dire d’un esprit qui a perdu le sens de la vie. Par conséquent, c’est satanique. Car toute vie humaine est un cadeau de Dieu. S’en prendre à la vie, c’est s’en prendre à Dieu, donc c’est satanique. Le pape François n’a jamais été vraiment écouté sur ces questions. On oublie que dès les premiers jours de son pontificat il a eu cette phrase :« Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. » Aucun pape n’a parlé du démon comme lui.
« Satan, démon… », c’est un lexique que l’on n’a plus l’habitude d’entendre, parce que l’homme a tendance à oublier d’où vient le mal. Mais l’homme n’est pas le génie du mal. Les hommes qui commettent le mal sont des victimes, des pantins qui se font avoir. Le P. Hamel a été lucide et clairvoyant quand il a désigné son agresseur en disant« Va-t’en, Satan » : les jeunes qui l’ont tué et qui sont morts aussi ce jour-là étaient poussés par quelque chose de plus puissant qu’eux. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, car s’ils l’avaient su, ils ne l’auraient pas fait, j’en suis persuadé, car l’homme est orienté vers le bien. Rappelez-vous la parole du Christ sur la croix :« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Le mal pour le mal, la violence absurde est la marque du démon.
Il ne s’agit pas d’excuser, ou d’enlever la culpabilité à ceux qui font du mal. Jésus lui-même nous dit :« Pardonnez aux pécheurs et réconfortez-les. » Dieu sait que le pécheur est aussi une victime. Face à Satan, nous avons les armes du Christ, et en premier lieu l’espérance dans l’homme. Comment garder cette espérance ? En se rappelant que par la Résurrection, le démon est déjà vaincu. On peut tomber, mais on peut toujours se relever.
Aujourd’hui, même chez les catholiques, on parle peu ou mal de Satan, car on le situe immédiatement dans les domaines de la superstition ou de la magie. Mais le mal n’est pas une idée ou une métaphore, c’est une intelligence, une créature, avec une logique de mort qui commence à se manifester par la tentation. C’est une puissance objective capable de nuire, et si on l’invoque, elle se manifeste. C’est ce que beaucoup d’hommes ont oublié, y compris de nombreux chrétiens, qui se croient les seuls interlocuteurs de Dieu dans ce monde. Pourtant, Jésus nous l’a dit :« Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Mais vous connaissez la phrase(de Charles Beaudelaire, NDLR) :« La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »
Journal La Croix du 15/9/16, RECUEILLI PAR MARIE MALZAC ET GAUTHIER VAILLANT