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Avent et Noël, des temps adaptés pour le culte marial
Dans le document « Le culte marial », daté de 1974, aux n° 3 à 5 du chapitre sur « la Vierge Marie dans la liturgie romaine rénovée », Paul VI souligne le caractère marial du temps de l’Avent et du temps de Noël. Il est bon de relire ce passage.
« 3. Ainsi, au temps de l’Avent,
outre l’occasion de la solennité du 8 décembre, où l’on célèbre conjointement la Conception immaculée de Marie, la préparation fondamentale (cf. Is 11, 1.10) à la venue du Sauveur et l’heureuse aurore de l’Église sans ride ni tache,
la liturgie rappelle fréquemment la figure de la Vierge, surtout aux féries du 17 au 24 décembre,
et plus particulièrement le dimanche qui précède Noël, jour où elle fait retentir les voix antiques des prophètes sur la Vierge Mère et sur le Messie et fait lire des passages de l’Évangile relatifs à la naissance imminente du Christ et du Précurseur.
4. De cette façon, les fidèles qui, avec la liturgie, vivent l’esprit de l’Avent,
en considérant l’amour ineffable avec lequel la Vierge Mère attendait le Fils, seront amenés à la prendre comme modèle et à se préparer à aller à la rencontre du Sauveur qui vient, « vigilants dans la prière et remplis d’allégresse ».
Nous voulons faire observer également que la liturgie de l’Avent, en unissant l’attente messianique et l’attente du retour glorieux du Christ avec la mémoire pleine d’admiration de sa Mère, présente un heureux équilibre cultuel qui peut être pris comme règle pour empêcher toute tendance à séparer — comme il est arrivé parfois dans certaines formes de piété populaire — le culte de la Vierge de son point de référence indispensable : le Christ.
Il en résulte que cette période, comme l’ont fait observer les liturgistes, doit être considérée comme un moment particulièrement adapté au culte de la Mère du Seigneur. Nous confirmons cette orientation et souhaitons que partout on l’accueille et la suive.
5. Le temps de Noël
constitue une commémoration prolongée de la maternité divine, virginale, salvifique, de Celle qui, « dans sa virginité parfaite, enfanta le Sauveur du monde ».
En effet, en la solennité de la Nativité du Seigneur, l’Église, tout en adorant le divin Sauveur, vénère sa Mère glorieuse ;
à l’Épiphanie, tandis qu’elle célèbre la vocation universelle au salut, elle contemple la Vierge, vrai siège de la Sagesse, vraie Mère du Roi, qui présente à l’adoration des Mages le Rédempteur de tous les peuples (cf. Mt 2, 11) ;
et en la fête de la sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph (dimanche dans l’octave de Noël), elle contemple avec vénération la vie sainte que mènent dans la maison de Nazareth Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, Marie, sa mère, et Joseph, homme droit (cf. Mt 1, 19).
Dans l’ordonnance réformée du temps de Noël, il nous semble que tous doivent tourner leur attention vers la réinstauration de la solennité de sainte Marie, Mère de Dieu ; ainsi placée au 1er janvier selon l’ancienne coutume de la liturgie de Rome, elle est destinée à célébrer la part qu’a eue Marie au mystère du salut et à exalter la dignité particulière qui en découle pour la « Mère très sainte… qui nous a mérités d’accueillir l’Auteur de la Vie ».
Elle constitue par ailleurs une excellente occasion pour renouveler notre adoration au nouveau-né Prince de la Paix, pour écouter à nouveau le joyeux message des anges (cf. Lc 2, 14), pour implorer de Dieu, par la médiation de la Reine de la Paix, le don suprême de la paix.
C’est pour cette raison qu’en l’heureuse coïncidence de l’octave de la Nativité du Seigneur et du 1er janvier, journée de vœux, Nous avons institué la Journée mondiale de la Paix, qui reçoit de plus en plus d’adhésions et produit déjà dans le cœur de beaucoup des fruits de paix ».
Marie, modèle de l’amour avec lequel nous attendons Jésus
C’est ainsi que Paul VI définit l’esprit du temps de l’Avent :
« les fidèles… vivent l’esprit de l’Avent, en considérant l’amour ineffable avec lequel la Vierge Mère attendait le Fils… amenés à la prendre comme modèle et à se préparer à aller à la rencontre du Sauveur qui vient, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse ».
L’attente de Marie, ou plutôt les attentes de Marie sont multiples, nous ne pouvons les réduire à l’attente de la naissance de Jésus.
En effet, attendre Jésus, s’attendre à Jésus, est une disposition permanente du cœur du disciple.
1. Dans son cœur de jeune de 15 ans, Marie connaît les promesses de Dieu, et elle attend que Dieu les réalise.
Avec l’annonce de l’ange Gabriel, voici une attente imprévue pour elle : celle de l’enfant-Dieu. Mais quelle promesse ! « Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin ». Marie déploie le chant de sa joie quelque temps plus tard chez sa cousine Élisabeth. L’attente de Marie a pour nom : espérance.
2. Les épisodes qui suivent la naissance de Jésus (la visite des bergers et des mages), puis la prophétie de Syméon, la fuite en Égypte pour un exil de plusieurs années…
tout cela contribue à une profonde maturation spirituelle de Marie : elle continue à s’en remettre au Père, au jour le jour, avec l’aide de Joseph. Elle attend la réalisation de la promesse… Et puis voici le retour à Nazareth, les longues années de la croissance de l’enfant, les longues années de la patience… L’attente de Marie a pour nom : patience.
3. À l’âge de douze ans, un coup de tonnerre dans cette atmosphère familiale et villageoise sereine : Jésus perdu et cherché pendant trois jours.
– « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? ». — « Ils ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire ».
Alors Marie continue à attendre. Elle apprend à ne pas comprendre. À ne plus savoir. Elle pénètre dans l’obscurité, et sa foi en ressort purifiée et grandie. Elle expérimente l’attente qui donne la paix : celle où l’on a renoncé à donner un contour précis à l’objet de son espérance, celle où l’on se dépossède, où l’on se remet à Dieu dans une confiance douloureuse. Car combien d’attentes ne risquent d’être que la projection de nos désirs, de nos fantasmes… L’attente de Marie a pour nom : renoncement.
4. À Nazareth, Jésus entraîne Marie dans une sainteté imitable par le plus grand nombre. Ni choc, ni toc. Humble et vraie.
Une sainteté l’on ne fait rien d’extraordinaire, de singulier, ou de remarquable. Où l’on mène la vie ordinaire et banale de tout le monde. Dans la vie monotone de tous les jours, l’amour de Dieu est présent et se donne. La simplicité et la monotonie de dix-huit années de vie ordinaire après cet épisode à l’âge de 12 ans sont pour Marie le lieu où elle aime et se donne à son Dieu…
Marie nous montre une obéissance à Dieu dans la vie ordinaire. Aucun idéal stratosphérique là-dedans ! Mais l’accueil de la présence de Dieu dans le réel obscur de la vie quotidienne.
Aussi la prière mariale nous aide-t-elle à « garder les pieds sur terre »… à vivre les petites choses avec beaucoup d’amour… à couper court à nos rêveries grandioses et inutiles pour servir Jésus avec joie dans l’ordinaire de la vie telle qu’elle est… L’attente de Marie a pour nom : instant présent.
5. Au début de la manifestation publique de Jésus, à Cana, Marie semble à pied d’œuvre. Aux côtés de Jésus, elle pense que le temps est venu.
« Ils n’ont pas de vin ». Ils n’ont pas l’amour véritable, l’Esprit Saint. Elle attend que Jésus agisse pour transformer le cœur de l’homme. Et Jésus répond : « Mon heure n’est pas encore venue ». Il ne donne qu’un signe : celui de l’eau changée en un vin surabondant. Marie attend encore, elle veille pour attendre l’heure…
6. Trois ans plus tard : « Debout au pied de la croix, Marie est témoin, humainement parlant, d’un total démenti des paroles de l’ange. Son Fils agonise sur ce bois comme un condamné…
Comme elle est grande, comme elle est alors héroïque l’obéissance de la foi dont Marie fait preuve… Comme elle se livre à Dieu… Par une telle foi, Marie est unie parfaitement au Christ dans son dépouillement » (Jean-Paul II).
Et Jésus remet l’esprit, transmet l’Esprit… De son côté ouvert s’échappent l’eau et le sang… Terrible épreuve pour Marie, broyée de douleur… L’attente de Marie a pour nom : souffrance.
7. Jésus avait dit : « Après trois jours, il ressuscitera ». Marie se souvient aussi de l’épisode douloureux à l’âge de douze ans : Jésus retrouvé au bout de trois jours…
Alors Marie attend qu’il ressuscite. Les disciples, eux, se barricadent. Les femmes préparent les aromates pour embaumer le corps. Marie, elle, croit. En ce jour que nous appelons le samedi saint, toute la foi de l’Église est dans le cœur de Marie.
Et Jésus va se révéler, dans sa résurrection, comme le vainqueur de la mort, le détenteur du « règne qui n’aura pas de fin »… «Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde ». L’attente de Marie a pour nom : ténacité.
8. Mais voici qu’il faut encore « attendre ce que le Père avait promis » (Ac 1, 4). Marie est présente au milieu du groupe des cent vingt personnes qui sont réunies au Cénacle dans l’attente de l’Esprit Saint.
Marie est témoin de la naissance de l’Église. C’est comme si elle l’avait « porté » dans sa foi… Cela fait si longtemps qu’elle attend et espère. Voici le vin nouveau, l’Esprit de Dieu répandu dans le cœur des hommes…
9. « Au cénacle, elle a été envahie à profusion par l’Esprit Saint, qui sera le « levain » de l’Assomption du très saint corps de Marie au ciel ».
Au cœur de l’Église, Marie est présente comme un « témoin unique du mystère de Jésus ». Son Assomption est comme le sceau que Jésus est venu apposer sur la vie de celle qui a cru la première, et qui demeure notre modèle sur la route de la foi, de l’espérance, de l’attente…
Marie, en prière avec nous, nous redit sa parole-testament : « Tout ce qu’il te dira, fais-le ».
Attends-le. Crois, espère, aime. Ne te laisse pas gagner par les ténèbres. Entretiens l’huile de la lampe de ton cœur. Ne t’endors pas. Prie. Veille ! Jésus vient.
10. Et puisque l’Avent est indissociablement un temps où nous re-vivons l’attente du Messie et où nous a-vivons l’attente de sa venue glorieuse,
il nous est bon de prendre conscience que Marie a un rôle propre à jouer aussi dans cette perspective. Jean-Paul II parle de son rôle de médiatrice de la clémence :
« Dans le mystère de l’Assomption s’exprime la foi de l’Église, selon laquelle Marie est « unie par un lien étroit et indissoluble » au Christ,
car si, en tant que mère et vierge, elle lui était unie de façon singulière lors de sa première venue,
par sa continuelle coopération avec lui elle le sera aussi dans l’attente de la seconde venue ;
« rachetée de façon suréminente en considération des mérites de son Fils », elle a aussi ce rôle, propre à la Mère, de médiatrice de la clémence lors de la venue définitive,
lorsque tous ceux qui sont au Christ revivront et que « le dernier ennemi détruit sera la Mort » (1 Co 15, 26) ». (Jean-Paul II, Marie, mère du Rédempteur, 1987, n° 41).
Prière Quand vient pour nous l’heure de la décision Marie de l’Annonciation, aide-nous à dire "oui". Quand vient pour nous l’heure du départ, Marie d’Égypte, épouse de Joseph, allume en nous l’espérance. Quand vient pour nous l’heure de l’incompréhension, Marie de Jérusalem, creuse en nous la patience. Quand vient pour nous l’heure de l’intervention, Marie de Cana, donne-nous le courage de l’humble parole Quand vient pour nous l’heure de la souffrance, Marie du Golgotha, fais-nous rester aux pieds de ceux en qui souffre ton Fils. Quand vient pour nous l’heure de l’attente, Marie du Cénacle, inspire-nous notre commune prière. Et chaque jour, quand sonne pour nous l’heure joyeuse du service, Marie de Nazareth, Marie des monts de Juda, mets en nous ton cœur de servante. Jusqu’au dernier jour où, prenant ta main, Marie de l’Assomption, nous nous endormirons, dans l’attente du jour de notre résurrection. Jean-Paul Hoch Imprimer le texte de l'article en PDF