A propos de Notre-Dame de Paris : pourquoi des églises ?

B.D.

Volet 1 : Notre-Dame, OK, super ! Mais à quoi bon toutes les autres églises ?

« Maître, vise un peu : quelles belles pierre ! quelles constructions !  » (Mc 13, 1b)

1. Ce que même l’incendie et les travaux n’ont pas changé au statut de la cathédrale-basilique du point de vue de son affectataire : l’Église catholique

« Monseigneur, nous allons vous rendre la cathédrale… » (M. Emmanuel MACRON à Mgr Laurent ULRICH, 29 novembre 2024, in situ).

Non, M. le Président de la République, vous n’allez pas la rendre puisque l’Église ne l’avait ni perdue, ni prêtée, encore moins abandonnée. J’ai aussi entendu que les clés de la cathédrale-basilique allaient être rendues à l’affectataire, le diocèse de Paris. Mais celui-ci les avait bien entendu conservées depuis l’incendie du 15 avril 2019. J’ai encore entendu de doctes gens annoncer qu’elle va « être reconsacrée au culte ». Eh non, puisque sa désaffectation n’a jamais été prononcée par l’archevêque. Juste des biens meubles ou immeubles tout neufs ou restaurés en totalité  vont être soit bénis (grandes orgues), soit consacrés (baptistère… et surtout l’autel, mais dimanche 8). Une désaffectation, décision rarissime, est le fait de retirer à un sanctuaire tout droit à la célébration d’offices religieux et de sacrements, y compris une simple prière publique. Elle accompagne bien entendu l’aliénation totale du sanctuaire, si l’Église en est propriétaire.

L’incendie avait suscité une considérable émotion chez les Français, catholiques ou pas. Et à l’étranger. Ce qui se comprend tout à fait. Il s’agit de l’église paroissiale principale du diocèse de Paris – église cathédrale, donc, où l’archevêque préside les messes, édifiée en plein cœur de la cité. Or Paris est la ville capitale de la France, où siègent le gouvernement, les deux assemblées et le chef de l’état. Elle bénéficie comme les autres monuments parisiens majeurs du statut bicentenaire mondial de la « Ville-Lumière », où affluent les touristes de la terre entière. Elle est le monument européen le plus visité.

Le même chef de l’état, décidément en veine de lyrisme, s’est exclamé le même soir du 29 novembre : « Notre-Dame, c’est l’âme de la France ». L’hyperbole est flagrante. Non, Notre-Dame de Paris n’est pas « l’âme » de la France (l’Élysée non plus). Une chose n’est pas une âme. On prête parfois une âme aux choses, mais ce sont toujours des humains qui le font, et les âmes sont purement humaines, même s’il est avéré – par attraction – que les animaux proches des humains manifestent une âme propre. Ceci dit, cette Notre-Dame est apparemment le souci financier n°1 de l’État, propriétaire et chargé de sauvegarde – aussi – des quelque 150 autres cathédrales et sanctuaires ou ex-sanctuaires assimilés puisque elle accapare 2 millions d’euros sur les 40 annuels de l’enveloppe totale. Mazette !

L’hyperbole employée pour des édifices est vieille comme les premiers maçons de l’histoire. Dans l’Antiquité, la ville de Rome a fini par être célébrée – grâce à l’expansion de l’impérialisme romain – comme « la Ville éternelle » (Urbs aeterna), et les païens du début du Vé s. la vénéraient, au fond, eux aussi, comme l’âme de l’Empire, sinon de la terre habitée.

C’est un chrétien de province, et d’un autre continent que l’Europe, qui a remis les choses à leur place. Il s’appelait Aurelius Augustin, natif de Thagaste, aujourd’hui Souk Aras dans l’est algérien. En l’an 410 de l’ère chrétienne (et 1.163 depuis sa fondation), séisme psychologique pour tous les Romains : la Ville (l’Urbs par excellence) est tombée ! Prise d’assaut par des hordes barbares, pillée et saccagée des jours durant. On n’avait pas vu ça depuis… 390 avant l’ère chrétienne, soit depuis 800 ans ! L’événement sidère l’opinion et démoralise les citoyens au plus profond d’eux-mêmes. Si Rome est tombée, l’Empire romain va s’effondrer avec Rome. Fin du monde. Et ressentie jusque dans les provinces les plus reculées. Et même chez des chrétiens, si fiers comme les non-chrétiens, de la civilisation qui les porte et soudain affolés. Alors l’évêque d’Hippone prie, médite… et prêche. Il appelle à la solidarité pour les victimes, à l’accueil des exilés qui ont afflué jusqu’en Afrique. Et il dit, posément : « Quid est Roma si non Romani ? » « Qu’est-ce que Rome sinon les Romains ? »

2. Une très bonne question à se poser : quelle est au juste l’identité de ce monument appelé « Notre-Dame de Paris » ?

Eh bien, par analogie, il serait bon, je pense, que nous nous posions la même question à propos de ce monument qu’est Notre-Dame de Paris. Qu’est-ce qu’il est au juste ? Non pas pour nous y intéresser ou nous en désintéresser. Je n’ai pas douté une seconde que le sinistre serait réparé, que tout serait fait au plus tôt pour que l’accueil reprenne à la cathédrale : culte, tourisme, les deux, concerts, etc. Et quoi qu’il en coûtât. Non moins certain aussi que, chaque fois qu’un nouveau sinistre affectera le bâtiment, celui-ci sera chaque fois réparé et restauré, et rendu au public encore plus beau qu’avant, et ce – touchons du bois ! – jusqu’à la fin des temps et des ressources financières en mécènes !

Il était tout à fait instructif d’écouter, il y a quelques jours, lors d’une émission télévisée et d’une autre radiodiffusée, des personnes répondre à cette question de manière très différente, voire antagoniste. Ça fusait (c’est le cas de le dire) comme la flèche !

  • Tel invité s’offusquait : les petites gens chrétiennes étaient, dès le soir de l’incendie, accourues pour prier sur le parvis, à genoux, mais « les sommets de la hiérarchie » (sic) ont dit placidement que leur foi n’était pas abattue par ce malheur, signe d’un grave fossé entre eux et la base !
  • Tel autre observait que les plus affectés (ils ont témoigné) auront été les personnes très éloignées du christianisme et de toute pratique religieuse.
  • Tel autre que Notre-Dame de Paris offre un « supplément d’âme » (encore !) à des tas de gens qui en ressentent obscurément le besoin pour eux. D’où l’intérêt symbolique de ce monument.
  • Tel autre encore rappelait avec force qu’il s’agit d’un lieu de culte, « point-barre », que sans le christianisme, ses célébrations et ses rites un édifice comme celui-là n’aurait jamais vu le jour.
  • Mais une voix adverse s’élevait alors, rappelant avec non moins de force que, depuis la Révolution française, les cathédrales sont la propriété de l’État, et non plus de l’Église, que ce sont donc autant des lieux de culture que de culte, à preuve le fait que 13% seulement de citoyens et citoyennes « sondés » définissent Notre-Dame comme un lieu de culte catholique.
  • à quoi il était répondu que 18% seulement des sondés déclarent voir dans Notre-Dame « un morceau d’histoire » de la France.
  • tandis qu’une autre personne appelait à ne pas se voiler les yeux : un monument comme Notre-Dame de Paris a toujours été et sera toujours un instrument de pouvoir politique (et de sa mise en scène). Voir l’assemblée des États Généraux réunie en 1302 par PHILIPPE IV le Bel dans les murs mêmes de la cathédrale juste pour contrer le pouvoir du pape de l’époque. Voir NAPOLÉON s’y couronnant lui-même le 2 décembre 1804 sous les yeux du pape PIE VII traité comme simple témoin. Voir Charles DE GAULLE le 26 août 1944 dans Paris tout juste libéré, y assistant débout droit dans ses bottes (malgré des balles tirées depuis le triforium) à un Te Deum qui était en réalité un Magnificat !

C’est alors qu’une voix a jeté un froid certain dans cette chaleur des débats. Quelqu’un a dit : « L’incendie à Notre-Dame signifie immédiatement que cet édifice est mortel et qu’il disparaîtra. » Les autres en sont restés baba un instant. Comment donner tort à l’impertinent/e ? Un de ses disciples, éperdu d’admiration devant le second Temple (celui qu’avait fait construire le roi HÉRODE dit (par lui-même) « Le Grand », et dont les travaux avaient duré plus de trente ans), avait lancé à Jésus : « Maître, vise un peu ! Quelles belles pierres ! Quelles constructions ! » (Mc 13, 1b) Et le Maître de lui répondre – on ne sait trop sur quel ton, mais qui a douché son interlocuteur : « Tu regardes ces grands édifices ? Il ne restera pas ici pierre sur pierre, rien qui ne soit détruit de fond en comble » (13, 2). Il y a là, c’est certain, dans la transmission orale puis écrite de l’Évangile, une relecture théologique, du cataclysme que représenta pour les fils et filles d’Israël la destruction totale de ce Temple par les armées romaines – les armées des impies ! – en l’an 70, suite au soulèvement armé, puis son écrasement sanglant, d’une partie de la population juive de Judée contre l’occupant, oppresseur, colonisateur… et pervertisseur des lois et coutumes d’Israël.

A ce que je sache, la cathédrale-basilique Notre-Dame de la ville de Paris n’a jamais encore à ce jour été prise d’assaut par des troupes étrangères. Elle n’a été gravement profanée que par des bons Français, huguenots pendant les Guerres de Religion, puis révolutionnaires sans culottes et athées (mais philosophes !) sous la Terreur. Il n’empêche. Rien ne peut humainement garantir que, malgré les tonnes de précautions qui viennent d’être dépensées en systèmes de protection anti-feu, Notre-Dame ne subira plus jamais le moindre dommage, le moindre incident d’ordre matériel.

… mais sans que cela soit de nature à provoquer ipso facto l’anéantissement de la foi chez les chrétiens du quartier ou de la planète, non plus qu’à être la démonstration de la nullité de la Révélation chrétienne, voire de l’ineptie de « Dieu ».

Me revient ici une affirmation solennelle et péremptoire d’un des intervenants, manifestement chrétien convaincu et pas honteux pour deux sous : « Une cathédrale est un argument en faveur de l’existence de Dieu ». « Et », ajouta-t-il aussi sec : « Notre-Dame par excellence ! »… mais sans s’expliquer sur cette « excellence » d’une cathédrale par rapport aux dizaines de milliers d’autres à travers les cinq continents. Et sans surprise, je pense, car quel argument massue aurait-il bien pu brandir que la preuve la plus irréfutable au monde de l’existence de Dieu se trouve sur l’île de la Cité, entre deux rives de la Seine, fleuve de l’ancienne Gaule, continent européen ? C’aurait été comme prétendre avoir trouvé dans son jardin le lieu même sur la planète où se trouve le saint Graal, preuve absolue – cela va de soi – de la résurrection du Jésus de Nazareth et de sa divinité cachée par son humanité.

3. L’« excellence » de Notre-Dame de Paris et son heureuse « banalité » au regard des autres lieux de culte chrétiens

Nous ne pouvons donc pas feindre d’ignorer qu’une dose d’irrationalité ou de sur rationalité (c’est selon) joue dans nos regards sur des édifices publics chargés d’histoire, et tout particulièrement ceux qui ont un indiscutable lien avec une religion. Mais aussi une propension à classer entre cette foultitude de bâtiments, propension à primer, à récompenser, voire à porter aux nues.

Que de fois ai-je moi-même été amené, visitant telle église, telle chapelle, telle cathédrale ici ou là, à « me » faire presque malgré moi des comparaisons ! Plus belle que… Plus harmonieuse que… Plus inspirante que.. Mais aussi : plus célèbre que… plus chargée d’histoire que… Et carrément : plus méritante (d’être entretenue et sauvegarder) que… Bref : plus absolument incontournable, unique, extraordinaire…

Oui, que cela nous réjouisse ou pas, ou peu, Notre-Dame de Paris exerce une forme de fascination plus ou moins consciente dans l’esprit et le cœur de bien des Françaises et Français, pour ne pas parler des États-Uniens (les plus gros donateurs privés au monde pour la restauration, et qui sont assez lucides dans leur comparaison avec le néo-gothique insignifiant de Saint-Patrick de New-York), des Chinois qui rêvent de venir à Paris et des Nord-Coréens qui n’y viendront jamais. Cette Notre-Dame-là fait incontestablement figure d’exception. Ses Te Deum chantés sont passés à la postérité, pas ceux des cathédrales Notre-Dame de Reims ou Notre-Dame-de-Fatima de Mamoudzou (Mayotte, France, territoire dont le siège du diocèse est bizarrement sur le sol des Comores). Ferdinand FOCH, généralissime des armées alliées en 1914-1918, croyant à titre privé, y avait assisté sans rechigner au Te Deum de la victoire, mais Georges CLÉMENCEAU, le président du Conseil, non de non, car il était athée à titre privé et public !

Et c’est trop vite dit que nous devons tout à M. Victor HUGO, qui aurait – paraît-il – « laïcisé » le monument, autant dire l’aurait « démocratisé ». En réalité, l’influence de l’écrivain fut d’abord immédiate et conjoncturelle et mérite à ce titre la première gratitude à lui témoigner : par la seule parution de son roman (en 1831) il est parvenu à convaincre les autorités municipales d’abandonner définitivement l’idée d’abattre l’édifice, vu son état de délabrement depuis la Révolution, idée qui avait germé en 1814 avec le retour à la paix civile dans le pays. Rappelons que la même année 1831 des émeutiers anticléricaux (sous la Restauration, prêtres et évêques s’étaient fait détester d’une grande partie de la population par leurs méthodes musclées de « rechristianisation » de la France) prirent d’assaut la sacristie, pillèrent son trésor et brisèrent ses vitraux tout en saccageant tout à côté l’archevêché (ensuite démoli et jamais reconstruit).

Le revers de la médaille, avec le colossal chantier de restauration qui s’ensuivit, entre 1845 et 1864, conduit par Eugène VIOLLET-LE-DUC, fut une glorification exclusive du style gothique et l’oubli jeté sur les 800 ans d’histoire de la cathédrale avant sa construction « à la gothique », entre 1163 et 1250 pour le plus gros oeuvre. Car il y eut succession d’églises à cet emplacement même dès le milieu du IVe s. Paléochrétienne, puis mérovingienne, puis carolingienne, puis romane, jusqu’à ce que, sous l’impulsion de l’évêque Maurice de SULLY, s’ouvre le gigantesque chantier consistant à abattre (!) la cathédrale-basilique romane, partie par partie, pour édifier peu à peu à sa place un bien plus vaste, plus haut et plus clair édifice selon le nouvel art à la mode, injurieusement qualifié de « gothique » (= « bouseux ») par ses détracteurs à la Renaissance puis à l’âge classique, mais qui devrait être appelé « français », étant né au nord de la Loire et de la Seine au milieu du XIIe s, avant d’être adopté par une grande partie de l’Europe septentrionale. La cathédrale saint-Julien de Le Mans faillit prendre le même chemin, sauf que, quand son tour allait venir, sa splendide nef romane ne fut pas rasée, faute (Dieu merci !) de mécènes.


Soyons donc honnêtes. Sans le côté pionnier de cette construction – la toute première cathédrale totalement gothique du monde (mais, de l’avis de beaucoup, pas la plus gracieuse et aboutie, précisément à cause de sa nature d’ébauche), associé au statut de paroisse de la monarchie, donc de la nation française jusqu’au XVIIe s., puis de monument national du centralisme républicain et de capitale culturelle du Vieux Monde depuis le milieu du XIXe s., la cathédrale basilique et métropolitaine (seulement depuis 1622) Notre-Dame de Paris n’aurait pas bénéficié du podium d’excellence et « hors-concours » qui est le sien, l’imaginaire, le fantasme et le ouï-dire s’y greffant automatiquement.

Ajoutons-y cependant un titre honorifique purement lié au christianisme. Depuis 1638, le vœu de LOUIS XIII consacrant la France à la protection de la Vierge Marie, avec un geste symbolique de sa part qui fut de venir lui offrir, agenouillé, à sa statue une couronne, Notre-Dame de Paris est devenue officiellement le sanctuaire marial national de notre pays. Mais qui le sait même parmi les catholiques ? Et que, depuis 1638, la solennité de l’Assomption de la Vierge est fête nationale, au moins pour les catholiques citoyens français de la république laïque ? J’étonne toujours les chrétiens à qui je signale ce double fait. Pour eux, le sanctuaire marial par excellence est bien entendu à Lourdes… et pourtant, non.

Mais à part tout ce qui vient d’être dit – et qui n’est pas rien – il me semble que, pour nous, chrétiens, Notre-Dame de Paris gagnera toujours, loin de cette « excellence » et cette exceptionnalité qui en définitive l’encombrent plus qu’elles ne la servent, à être une cathédrale comme les autres, et même une église parmi les millions d’autres, car nous devrions dire « église cathédrale », puisque le mot est à l’origine un adjectif qualifiant ici une église par diocèse (idem pour « église abbatiale », « église collégiale », « église conventuelle », etc.).

Allons même plus loin. J’entends encore un intervenant dans un des deux débats, emporté par l’enthousiasme, s’écrier : « Une cathédrale, ce sont des pierres vivantes ! » Désolé, mais tel ne sera jamais le cas. Les pierres sont taillées pour être posées et jointoyées par des hommes et des femmes. L’âme est en l’être humain qui a taillé et ajustée la pierre, pas l’inverse. Je suis heureux d’avoir appris que bon nombre des ouvriers qui ont travaillé à ce magnifique chantier de restauration ont dit avoir ressenti alors quelque chose d’ordre un peu surnaturel, différent de leurs expériences habituelles. Qu’est-ce qui aura été le plus important et le plus instructif dans l’événement de 1239 ? La splendeur de la cathédrale où entra, pieds nus, un pèlerin venu pieds nus de sa résidence de Vincennes et portant dans ses mains une couronne que la tradition disait être celle, faites d’épines, que porta notre Seigneur du Prétoire au Golgotha ? Ou bien cet homme lui-même, roi de France en habits tout simples, animé et armé de sa seule foi de fils de Dieu, LOUIS le Neuvième, déclaré saint après sa mort ?

Nous lisons ces mots essentiels dans une lettre attribuée à l’apôtre SIMON-PIERRE et adressée à ses frères et sœurs en Christ : « Approchez-vous de Lui : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ (1 P 2, 4-5) ».

Tout cela met en appétit. À suivre donc !
Avec un second volet : « les différents sens des sanctuaires chrétiens selon la foi de l’Eglise catholique »