Ce que le monde doit à l’Église

Avec Christophe Dickès, historien, vaticaniste. Auteur de Pour l’Église – ce que le monde lui doit (Perrin)

Les évêques de France se réunissent cette semaine à Lourdes à partir de demain et jusqu’à dimanche, pour leur Assemblée plénière d’automne. Il y sera notamment question du rôle missionnaire de l’Église, laquelle peine à faire entendre sa voix dans une société qui semble ignorer de plus en plus ce qu’elle lui doit.

Citons juste quelques statistiques figurant dans Métamorphoses françaises (Seuil), dernier livre du politologue Jérôme Fourquet : le nombre de filles prénommées Marie est passé de 20 % en 1900 à moins de 0,3 % en 2015. Le nombre de baptisés est passé de 82 % en 1961 à 27 % en 2018. En 2020, 17 % de nos concitoyens possédaient un crucifix à la maison contre 39 % en 1988. On ne peut se satisfaire de la seule logique comptable, l’Église ayant fait preuve au cours de son histoire d’une incroyable capacité d’adaptation et de rebond. Dans la perspective de la réouverture de Notre-Dame de Paris, quel discours l’Eglise doit-elle tenir sur son histoire multimillénaire ?

Pour Christophe Dickès, il faudrait déjà que les clercs la connaissent, s’y réfèrent, s’engagent dans le débat intellectuel, et que les chrétiens ne se contentent pas de témoignages de foi. L’Église est toujours sortie de ses crises par une renaissance intellectuelle. Si on lui reconnaît encore un rôle humanitaire, notamment hospitalier et sanitaire, on lui dénie le plus souvent le droit d’exister dans le domaine de l’intelligence, des sciences et du progrès. C’est un changement d’attitude que recommande Christophe Dickès : il faut sortir de l’enfouissement et de la repentance pour entrer dans une nouvelle ère, où l’on affirme et on assume qui l’on est, et toute l’histoire qui va avec.

Une défense et illustration du catholicisme, par l’un des meilleurs spécialistes de son histoire.

Pédocriminalité, abus sexuels, malversations financières… l’Église – c’est le moins que l’on puisse dire – n’a pas bonne presse. Critiquée et moquée, vilipendée voire méprisée, elle a par ailleurs le malheur d’évoluer dans un contexte de déchristianisation généralisée.

Et que dire de son histoire ? Accaparement des richesses, inquisition, croisades, guerres de Religion… tant et si bien que cette histoire nous apparaît elle-même comme une suite ininterrompue de tromperies et de mensonges, de peurs et de régressions.

Cette vision est naturellement biaisée. Victimes des critiques anticléricales depuis le XVIe siècle, l’apport des hommes d’Église à notre civilisation est le plus souvent ignoré. Il est pourtant considérable, sans que nous le sachions vraiment.

Christophe Dickès a retenu dix thèmes forts afin de révéler ce que le monde lui doit : de la création des hôpitaux à celle des universités, en passant par l’organisation même du temps ou l’approche des sciences, l’Église a marqué durablement les sociétés jusqu’à nos jours. Son apport politique dans la naissance de l’État moderne est tout aussi essentiel, tout comme son rôle dans l’émergence de la conscience et de la liberté individuelles.

Un essai sans complexe, écrit avec vigueur et rédigé à la lumière des dernières recherches.