(20° D. TO. B — Jn 6, 6, 51-58) La liturgie d’aujourd’hui nous propose la seconde partie du commentaire de Jésus du Ps 78,24 : « Du pain venu du ciel, il leur a donné à manger ». Elle est délimitée par l’inclusion Vos pères ont mangé et sont morts (v. 49 & 58), façon de dire que le don de Jésus est infiniment supérieur. Le découpage de la liturgie n’est pas tout-à-fait le même (51-58). Le thème porte sur le fait de MANGER le Pain de Vie, qui est Jésus.
Manger le Pain vivant pour vivre
Moi, je suis le pain vivant, le pain vivifiant. Non pas le pain qui fait vivre, comme celui que nous mangeons à chaque repas. Mais le pain qui possède la vie en lui-même et qui est apte à la communiquer, car il est descendu du ciel1. C’est le pain epiousion2, transcendant, le pain super substantiel comme le traduira saint Jérôme en latin, l’eucharistie…
Et à partir de ce moment, Jésus va parler de MANGER. Qui mangera ce pain vivra à jamais… Il ne s’agit plus seulement de croire, mais aussi de manger. Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la Vie du monde… Jésus est Pain vivant, chair vivifiante. Saint Jean ne rapporte pas le récit de l’institution de l’eucharistie, contrairement aux trois synoptiques. Mais ce verset 51 en est l’annonce tout-à-fait identique.
Scandale ?
À nouveau les murmures, à nouveau le comment de l’intelligence… C’est maintenant une forte discussion, une empoignade, un litige, comme le laisse à entendre le mot grec. Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? Le celui-là est un peu condescendant, méprisant… Ils sont comme scandalisés par une telle affirmation. Jésus le soulignera plus loin : cela vous scandalise ? (v. 61)
La réponse de Jésus, solennelle à nouveau (En vérité), claque de façon carrée et claire : si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. C’est à prendre ou à laisser. Pour recevoir la Vie éternelle, non seulement il faut croire en Jésus Pain de Vie, mais il faut manger cette chair vivifiante du Fils de l’homme.
Mâcher !
Jésus continue à parler : pour avoir la vie éternelle, il faut manger ma chair (v. 53, en grec : phagein), il faut mâcher, croquer (v. 54, en grec : trôgein)… Ce changement de mot est intentionnel pour bien souligner le réalisme de la communion eucharistique. Il ne s’agit pas de communier à un symbole, à un signe, mais réellement à la chair crucifiée et glorifiée du Christ. Il s’agit d’un vrai repas où l’on mange réellement l’humanité du Christ ressuscité.
Jésus redit qu’on reçoit par la communion le don de la vie éternelle dès maintenant et la promesse de la résurrection à venir. On communie pour ressusciter… C’est une VRAIE nourriture. Les autres nourritures ne sont que pour le corps périssable, pour la vie terrestre; celle-ci est pour la vie éternelle, pour le corps glorifié.
À partir de ce moment, sous la plume de Jean, Jésus va employer encore trois fois le mot MÂCHER, comme on va s’en rendre compte.
Les trois effets de la communion
56 Qui MÂCHE ma chair et BOIT mon sang demeure en moi et moi en lui. → L’inhabitation de Jésus en nous
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père,
de même CELUI QUI ME MÂCHE, lui aussi vivra par moi. → La vie divine en nous, nous vivons par Jésus
58 Voici le pain descendu du ciel ;
il n’est pas comme celui qu’ont mangé les pères et ils sont morts ;
qui MÂCHE ce pain vivra à jamais». → La vie éternelle, franchir la mort, vivre en Dieu, ressusciter
Prenons un instant pour méditer ces paroles si importantes de Jésus.
1 Troisième affirmation, la 4° est au v. 58.
2 Notre pain epiousion (de demain), donne-le nous aujourd’hui, dans le grec du Notre Père.