« L’Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. » (Lc 3,22)
Que de baptêmes ! Grégoire de Nazianze (+ 390) à propos du baptême :
« Moïse baptisa dans la mer et la nuée, Jean baptisa, non dans l’eau matérielle seulement, mais pour la pénitence ; pas encore dans l’Esprit. Jésus baptisa dans l’Esprit. Je connais un quatrième genre de baptême, celui que l’on obtient par le martyr et le sang. Ce baptême-là, le Christ lui-même en fut baptisé. En cinquième lieu vient le martyr des larmes et de l’humiliation : il est encore plus dur et plus douloureux que le martyr du sang. Pierre supporta ce martyre, lui qui avait eu pendant la passion du Christ une faiblesse humaine : par une triple interrogation une triple confession, Jésus guérit son triple reniement. »
Une épiphanie du Messie rédempteur. Jésus au rang des pécheurs, qui prend sur lui le péché du monde. La scène est trinitaire : l’Esprit vient sur Jésus (sur = Esprit charismatique de puissance, équipement pour sa mission), la voix du Père retentit. Jésus est manifesté comme Fils ou comme Messie (Ps 2, 7) selon les versions grecques sous-jacentes.
Il était en prière. Cette notation est propre à saint Luc. Il aime à souligner la prière du Christ aux moments décisifs de sa vie publique : lors du choix des 12, à la confession de Pierre, lors de la transfiguration, à la confession du Christ à son père, lors de l’enseignement du Notre Père, dans la prière pour la foi de Pierre, lors de l’agonie, et sur la croix.
Si le fruit de la prière est, suivant Saint Luc, l’Esprit Saint (voir Lc 11,13), il est donc exaucé immédiatement ici lors du baptême. Ce que Jésus demandait dans sa prière, c’est l’Esprit Saint. Le demandons-nous souvent ?
L’Esprit Saint. C’est la première fois que dans Luc le mot Esprit est employé avec l’article ; il y a donc ici quelque chose de neuf. D’une façon générale on peut dire que « pneuma » sans article indique plutôt l’Esprit comme une force divine impersonnelle. Mais quand Luc, comme ici, emploi la forme déterminée, il entend désigner le don eschatologique de l’Esprit, comme dans les Actes, où il renvoie à l’expérience de la Pentecôte.
La colombe n’est que le symbole extériorisé « sous forme corporelle » de la réalité intérieure : l’œuvre propre de l’esprit, c’est l’onction (2 Co 1, 21 ; 1 Jn 2, 27), la « spiritalis unctio » que chante le Veni Creator, cette onction qui donne à Jésus le titre de sa mission : l’Oint, le Messie, le Christ. Ainsi Jésus dira-t-il : l’Esprit du seigneur est sur moi (Lc 4, 18)
C’est pour nous qu’il est baptisé. Athanase d’Alexandrie (+ 373) : « Si c’est pour nous qu’il se sanctifie, et s’il le fait une fois incarné, on voit clairement que l’Esprit, quand il descendit sur lui au Jourdain, descendit sur nous-mêmes : car le Christ avait revêtu notre corps. Et cela ne se produisit pas afin de rendre le Verbe meilleur, mais afin de nous rendre saints, afin que nous participions à son onction et que l’on puisse dire de nous : « ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3, 16). Parce que le Seigneur était lavé dans le Jourdain en tant qu’homme, nous-mêmes nous étions lavés, en lui et par lui. Quand il accueillait l’Esprit, il nous rendait dignes de le recevoir… » (Contra Arianos, Or 1)
C’est le Christ qui baptise. Saint-Augustin (+ 430) exprime ceci : ce que Jean-Baptiste aurait appris en voyant l’esprit descendrait demeurer, « c’est que le Christ devait se réserver le pouvoir de baptiser, et ne le transmettre à aucun de ses ministres ». Quel que puisse être le prêtre, en effet, « c’est lui qui baptise ». Tout sacrement est un acte du Christ, et tient de lui son efficacité : « que Pierre baptise, c’est lui qui baptise ; que Paul baptise, c’est lui qui baptise ; que Judas même baptise, c’est encore lui qui baptise ». De là vient que la valeur des sacrements ne varie pas en fonction du plus ou moins grand mérite des prêtres, mais reste en tous les cas, sacrement du Christ, conférant l’esprit divin ; « c’est de Jésus-Christ que j’ai reçu ce que j’ai ; c’est par Jésus-Christ que j’ai été baptisé ». (Sur Jean, Tr. 6, 6, 8).
Rendons grâce pour le don du baptême !