Chapelets, temps ordinaire 20-29

20° D TO A — Jésus Messie d’Israël et sauveur de tous les hommes

Is 56,1-7 ; Rm 11,13-32 ; Mt 15,21-28.

1. « Elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » – « C’est vrai, Seigneur, reprit-elle, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » L’évangile de la Cananéenne sonne étrangement dur. Jésus semble ne pas vouloir entendre la prière suppliante de cette femme, car il dit que sa mission concerne Israël ! Demandons la grâce de pouvoir accueillir les paroles de Jésus et de l’Église qui nous semblent trop dures pour être vraies.

2. « Femme, ta foi est grande, que tout s’accomplisse comme tu le veux ! » Et à l’heure même sa fille fut guérie. » La foi humble et confiante de cette femme vainc le cœur de Jésus et sa demande est exaucée. En reconnaissant la vérité des paroles de Jésus (« C’est vrai Seigneur »), elle accepte la dernière place sous la table. De ces païens qui mettent tout leur espoir en lui, Jésus dira : « Chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël » (Mt 8,10). Contemplons et accueillons aussi la foi forte et héroïque de Marie, déposée comme un « héritage » à la portée de tous dans l’Église.

3. « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. » Nous oublions facilement que la mission terrestre de Jésus concerne réellement Israël. Il est le Messie du peuple élu, autour duquel ensuite, une fois le peuple parvenu à la vraie foi, les peuples païens devaient se rassembler. Jésus ne peut agir en passant à côté de sa mission messianique, mais uniquement à travers l’accomplissement de celle-ci. Prions à l’intention du peuple juif qui attend son Messie…

4. « Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et qui sont devenus ses serviteurs… je les rendrai heureux dans ma maison de prière… car ma maison de prière s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples ». Les accents si beaux de ce passage d’Isaïe nous montrent une perspective d’ouverture du salut à tous les peuples dès l’Ancien Testament. Jésus a trouvé plus d’une fois une confiance parfaite en dehors d’Israël, et cette réponse l’a amené à vivre la mission d’Israël lumière de tous les peuples. Prions à l’intention de l’évangélisation jusqu’aux extrémités du monde.

5. « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes. » Si les païens pécheurs ont pu expérimenter sans mérite de leur part l’amour miséricordieux de Dieu, alors l’Israël pécheur lui aussi, qui voit enfin que sa justice légale ne lui sert de rien, « obtiendra pareillement miséricorde ». Nous comprenons la miséricorde de Dieu lorsque nous savons que nous ne la méritons pas et que l’amour de Dieu est un don pleinement gratuit. Avec Marie, rendons grâce pour cette miséricorde qui « s’étend d’âge en âge à jamais ».

20° D TO B — Celui qui mange ma chair… (Jn6/4)

Pr 9,1-6 ; Ep 5,15-20 ; Jn 6,51-58.

1. « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » – « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la Vie en vous. » À la question de l’intelligence qui s’exprime par le « comment ? », Jésus ne répond pas. Il affirme que la manducation de sa chair est le moyen qu’il a choisi pour nous donner de façon permanente de recevoir sa Vie. Que Marie nous aide à entrer dans l’obéissance.

2. « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la Vie. » Tout dépend, bien sûr, de l’interprétation que l’on donne au mot « chair ». Voici ce qu’en dit Paul VI dans sa profession de foi catholique : « Nous croyons que, comme le pain et le vin consacrés par le Seigneur à la Sainte Cène ont été changés en son corps et en son sang qui allaient être offerts pour nous sur la croix, de même le pain et le vin consacrés par le prêtre sont changés au corps et au sang du Christ glorieux siégeant au ciel, et Nous croyons que la mystérieuse présence du Seigneur, sous ce qui continue d’apparaître à nos sens de la même façon qu’auparavant, est une présence vraie, réelle et substantielle ».

3. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. » Tel est le don qui nous est fait dans la communion eucharistique : la vie éternelle dès maintenant, et la promesse de la résurrection. Accueillons le mieux possible ces deux dons divins que Jésus nous accorde d’une façon si humble. Que Marie nous aide à croire de tout notre cœur.

4. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » Jésus nous montre par cette parole l’existence de deux plans. Le plan terrestre, où les réalités créées sont périssables, provisoires ; le plan céleste, où les réalités sont éternelles. C’est pourquoi Jésus nous fait demander, dans le Notre Père, que les réalités du ciel soient communiquées à la terre : « Sur la terre comme au ciel ». Nous rendons grâces parce qu’en Jésus-eucharistie le ciel est présent sur la terre.

5. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui… Celui qui me mange vivra par moi. » L’union profonde de Dieu et de l’homme se réalise dans la communion eucharistique ; elle est en nous le rayonnement de l’Incarnation du Sauveur. Que Marie, Mère du Verbe, soit pour nous le chemin privilégié de cet accès à la réalité de l’Incarnation.

20° D TO C — Vivre dans la foi

Jr 38,4-10 ; He 12,1-4 ; Lc 12,49-53.

1. « Ceux qui ont vécu dans la foi, foule immense de témoins, sont là qui nous entourent. » La difficulté de vivre en croyant dans le monde d’aujourd’hui peut nous donner un sentiment de solitude. Mais les témoins de Jésus sont multitude à travers l’espace et le temps, et nous vivons notre vie chrétienne en communion avec les saints, avec tous les témoins qui nous ont précédés. La Vierge Marie n’est-elle pas à nos côtés un témoin unique de Jésus ?

2. « Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d’abord du péché qui nous entrave si bien. » Être témoin de Jésus, c’est être son « martyr ». C’est accepter de planter la croix au cœur de sa vie, à travers bien des renoncements, pour que soit manifestée la puissance de la Résurrection. Le renoncement est d’abord renoncement au péché, qui nous alourdit et nous entrave. Par Marie, demandons la grâce de la fidélité à l’Esprit Saint.

3. « Alors nous courrons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée les yeux fixés sur Jésus. » La vie dans la foi nécessite la persévérance. Elle est une course d’endurance. Loin d’être volontariste, cette attitude de ténacité recherche sans cesse l’abandon à la force de l’Esprit Saint. Que Marie soit notre maîtresse de vie spirituelle, pour nous fortifier dans cette résolution de persévérance.

4. « Les yeux fixés sur Jésus… Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix ; et assis à la droite du Père, il règne avec lui. » Au cœur d’une vie chrétienne fidèle, la contemplation, l’oraison, l’adoration, sont essentielles. Revenir sans cesse à Jésus, le contempler crucifié et ressuscité… pour courir l’épreuve, qui peut se transformer en « grande épreuve » du martyre (Ap 7,14). Que Marie auprès de la croix soit notre modèle.

5. « Méditez son exemple… et vous ne serez plus accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. » La grâce de la religion chrétienne est d’offrir à notre regard de foi un Dieu qui s’est fait semblable à nous, jusque dans nos faiblesses et nos souffrances. Nous puisons notre force dans la contemplation du Christ, et particulièrement de sa croix. Et Marie nous aide à rester fidèles aux pires moments de la croix.

21° D TO A — Pour vous, qui suis-je ?

Is 22,19-23 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20.

1. « Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Pierre a probablement été surpris de la réponse que l’Esprit Saint lui a inspirée. Jésus lui a fait remarquer : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père ». Jésus nous pose à nous aussi la question : « Pour vous, qui suis-je ? » A nous d’être à l’écoute en profondeur dans la prière pour recevoir la réponse que l’Esprit Saint nous donne.

2. « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Jésus affirme qu’il est le Seigneur de l’Église : je bâtirai mon Église. Et révèle à Pierre son charisme : il est le fondement humain de l’Église. Pierre se voit confier la confirmation et la garantie de la foi des autres apôtres et disciples : « Affermis tes frères » (Lc 21,32) ; « Sois le berger de mes brebis » (Jn 21,17). Avec Marie prions pour une nouvelle compréhension de ce ministère de Pierre par l’ensemble des Églises chrétiennes.

3. « La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » La présence de Jésus comme Seigneur de l’Église et son action par le ministère de Pierre assurent à l’Église la victoire sur le Mal. L’Église n’est atteinte par le Mal que dans la mesure permise par Dieu pour suivre Jésus sur le chemin de la croix ; mais elle demeure fondamentalement insubmersible jusqu’à la fin de l’histoire. Avec Marie, nous rendons grâce pour ce don et cette promesse.

4. « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux. » Pierre est établi comme pasteur suprême de l’Église. Il a tout pouvoir pour la conduire. Et Jésus lui-même se place en dépendance de lui : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux ». Ce ministère de Pierre appartient à la substance même de l’Évangile. Avec Marie, nous demandons la grâce de l’écoute et de l’obéissance.

5. « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. » Paul parle de « profondeur ». C’est peut-être le mot qui résume le mieux cet échange entre Pierre et Jésus : des profondeurs de l’Esprit Saint jaillit la révélation de la présence du Messie et du ministère de Pierre. Paul a écrit cet hymne à la sagesse insondable de Dieu en méditant sur le mystère d’Israël et de l’Église. Ne pouvons-nous pas le faire nôtre, en ces temps où nous constatons à quel point Jésus assiste son Église par le ministère de Pierre ? « Magnificat ».

21° D TO B — Tu as les paroles de la vie éternelle (Jn 6/5)

Jos 24,1-18 ; Ep 5,21-32 ; Jn 6,60-69.

1. « Josué dit à tout le peuple : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. » Le peuple répondit : « Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. » En méditant ces paroles d’alliance tirées du livre de Josué, et prononcées lors du renouvellement de l’Alliance à Sichem, prions avec Marie pour tous les baptisés : que l’Esprit Saint leur inspire des choix quotidiens conformes à l’Évangile.

2. « Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église ». Ainsi s’exprime saint Paul à propos du mariage, signe de l’alliance divine avec l’humanité. Avec Marie qui, à Cana, porte à Jésus les besoins des époux, dont celui de la rédemption de l’amour humain, prions pour les personnes engagées dans l’alliance du sacrement de mariage.

3. « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! ». Les paroles de Jésus sur la manducation de sa chair et de son sang heurtent la raison raisonnante qui ne peut s’incliner devant le mystère. « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui ». Avec Marie qui a vécu sa vie durant dans l’obscurité de la foi, prions pour tous ceux qui éprouvent l’acte de foi comme une grande difficulté.

4. « C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie… Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » Jésus nous redit que l’homme laissé à sa seule raison ne peut accepter les paroles divines. Il y faut un don d’en-haut, le don de l’Esprit Saint, envoyé par le Père. Demandons-le avec Marie.

5. « Voulez-vous partir vous aussi ? Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Cette magnifique profession de foi de Pierre, pêcheur du lac de Tibériade, n’indique pas pour autant qu’il a mieux compris que les autres. Il a simplement accueilli la lumière de l’Esprit en lui. Écoutons Marie, qui nous invite à mettre notre foi dans les paroles divines : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

21° D TO C — Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite

Is 66,18-21 ; He 12,5-13 ; Lc 13,22-30.

1. « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » Telle est la réponse de Jésus à la question : « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Il est, lui, la porte : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir et il trouvera un pâturage. » (Jn 10,9) Marie, qui fut la porte d’entrée du Sauveur en ce monde, fut aussi la première à passer par lui pour être rachetée et pour devenir son disciple. Avec elle, allons à Jésus.

2. « Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. » Cette porte, qui est Jésus lui-même, c’est d’abord celle du « Oui » à Dieu, celle de l’obéissance. « Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance » (He 5,8). Cette obéissance s’exprime à travers les premières demandes du Notre Père : puisse le Père régner dans notre vie, puissions-nous accomplir sa volonté manifestée dans les paroles de son Fils. Avec Marie, première disciple de Jésus, ouvrons-nous à l’Esprit Saint.

3. « Seigneur, ouvre-nous. » La porte à franchir, c’est aussi celle de l’humilité. « Je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11,29) Acceptons ainsi que Dieu lui-même nous revête de son amour nuptial. Accueillons le Pain de Vie, par lequel il vient nous saisir en son Amour, comme nous le demandons dans le Notre Père : « Notre Pain de ce jour, donne-le nous. » Marie, Mère de Dieu, aide-nous à accueillir Jésus qui vient.

4. « On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. » La porte à franchir, c’est aussi celle de la miséricorde, qui s’appelle : pardon, douceur, compassion. Nous nous livrons à l’amour de Dieu comme à notre bouclier : « Fais que nous n’entrions pas dans la Tentation. » Avec Marie humble servante, abandonnons-nous à la miséricorde du Père.

5. « Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s’y engagent. » (Mt 7,13) La porte à franchir, c’est aussi celle du combat spirituel à mener contre notre propension à marcher sur le chemin de la perdition, dont Jésus nous dit qu’il est spacieux, avec une large porte d’entrée. « Délivre-nous du Mal. » Marie conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi.

22° D TO A — Renouvelez votre façon de penser

Jr 20,7-9 ; Rm 12,1-2 ; Mt 16,21-27.

1. « À partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir à Jérusalem… être tué, et ressusciter le troisième jour. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. » Après avoir proclamé publiquement sa foi au Messie Jésus, Pierre se montre fort contrarié par les affirmations étonnantes de Jésus. Il est déstabilisé dans ses repères habituels concernant le Messie. L’attitude qu’il prend à ce moment va le conduire jusqu’au reniement de Jésus. Avec Marie, demandons la grâce de l’humilité devant Jésus.

2. « A longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’injure et la moquerie. Je me disais : je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant. » En ces célèbres « confessions », Jérémie exprime bien la puissance de la Parole de Dieu. Elle est « plus coupante qu’une épée à deux tranchants : elle pénètre au plus profond de l’âme » (He 4,12). Elle a saisi Jérémie qui s’y livre ; elle a heurté Pierre qui s’y est opposé. Avec Marie, demandons la grâce de la docilité : « qu’il me soit fait selon ta Parole ».

3. « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu. » La Parole de Dieu « juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4,12) ; elle vient semer en nous la lumière divine qui nous éclaire pour transformer nos comportements dans le sens de la volonté de Dieu. Elle est souvent en contradiction avec les pensées du monde. Avec Marie, demandons la grâce de l’Esprit Saint pour qu’il convertisse nos mentalités.

4. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi la gardera. » Les paroles de Jésus déstabilisent Pierre, et nous provoquent nous aussi. La croix qui se profile à l’horizon n’est pas uniquement celle de Jésus. L’amour de Dieu qui nous fait vivre vient aussi faire mourir en nous le « vieil homme » et les tendances égoïstes. Marie est notre modèle dans cet humble accueil de l’amour de Dieu qui « fait mourir et fait vivre » (Dt 32,39).

5. « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable. » Saint Paul nous indique ici le chemin de la sanctification : l’offrande de notre vie tout entière en obéissance à la Parole de Dieu. Que l’Esprit Saint vienne réaliser cette oblation de nos cœurs et de nos vies, et que Marie nous aide à vivre chaque dimanche notre offrande dans l’offrande eucharistique de Jésus.

22° D TO B — Accueillez humblement la Parole semée en vous

Dt 4,1-8 ; Jc 1,17-27 ; Mc 7,1-23.

1. « Vous garderez les commandements du Seigneur, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. » Depuis que le Seigneur nous a appelés à être son peuple au milieu du monde, il nous a donné sa Parole, sa sagesse. Accueillons-la avec foi, et le souci d’y convertir nos vies, comme Marie : « qu’il m’advienne selon ta Parole ».

2. « Le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons. » Par le don de sa Parole, le Seigneur demeure auprès de son peuple, il s’est fait proche de lui, de nous. Maintenant, en Jésus, son Fils, il s’est même fait l’un de nous. Marie, obtiens-nous l’amour de la Parole, l’amour de Jésus.

3. « Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité… Accueillez donc humblement la Parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver. » Béni es-tu Seigneur pour ta Parole vivante, qui nous engendre à une vie nouvelle, qui nous guérit, qui nous sauve et nous relève. Marie, viens veiller sur la croissance de la Parole en nos cœurs.

4. « Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter ; ce serait vous faire illusion. » Nos vies sont comme la matière à quoi la Parole va donner forme. A condition d’abord que nous l’accueillions, en la lisant, en la méditant, en la connaissant bien. Ensuite, à condition que nous vivions une démarche volontaire de mise en pratique du contenu de cette Parole. Demandons par Marie la force de l’Esprit.

5. « Il est inutile le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition qui vient des hommes. » Le jugement de Jésus sur les pratiques extérieures des Pharisiens est clair. Puissions-nous puiser à la source vive de la méditation de l’Évangile, et de la lecture de la Bible, la lumière divine essentielle qui nous permet seule de relativiser tout ce qu’i n’est qu’accessoire.

22° D TO C — Va te mettre à la dernière place

Si 3,17-29 ; He 12,18-24 ; Lc 14,1-14.

1. « Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit une parabole. » Jésus ne peut que remarquer la conduite du vaniteux et de l’orgueilleux. Car sa propre démarche d’incarnation est à l’inverse. Comme il est dit dans la spiritualité de Charles de Foucauld : « Dieu a tellement pris la dernière place que personne ne pourra jamais la lui ravir ». Méditons cet exemple de Jésus qui est aussi celui de Marie.

2. « Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : « Mon ami, avance plus haut » et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » La parabole de Jésus s’enracine dans sa propre vie : il a pris la dernière place, de Bethléem au Golgotha. En le ressuscitant dans la puissance de l’Esprit, le Père lui dit : mon Fils, monte plus haut… Marie, qui a suivi ce chemin d’humilité, nous invite à le vivre à la suite de Jésus.

3. « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre : cela te sera rendu à la résurrection des justes. » La première partie de la parabole s’adresse aux invités, la seconde à celui qui invite. Elle nous appelle à la gratuité radicale dans notre manière de donner. Jésus nous demande d’attendre du Père seul toute récompense de notre générosité. Avec Marie, remettons-nous au Père.

4. « Accomplis toute chose dans l’humilité. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. » La première lecture tirée du livre de Ben Sirac nous montre que la sagesse d’Israël est déjà profondément inspirée par l’Esprit Saint, avant de s’incarner dans la vie de Jésus. Écoutons Marie chanter : « Grand est le Seigneur, toute ma vie le proclame, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Car il a regardé la pauvreté de sa servante ».

5. « La puissance du Seigneur est grande, et les humbles lui rendent gloire. La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. » L’humble a une vive conscience que Dieu le dépasse infiniment en bonté, puissance et majesté. C’est la racine de l’humilité, qui consiste à rechercher la gloire de Dieu et à ne rien rechercher pour soi-même. Rendons grâce à la sagesse de Dieu avec le Magnificat de Marie.

23° D TO A — Je fais de toi un guetteur

Ez 33,7-9 ; Rm 13,8-10 ; Mt 18,15-20.

1. « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. » Le prophète Ezéchiel se voit confier une responsabilité de « guetteur » pour l’état moral de la nation. Tout chrétien, par son baptême, est aussi établi comme prophète. En ce sens, il est un guetteur, capable de voir venir le bien et le mal, ce qui est de Dieu ou non. Avec Marie, demandons à l’Esprit Saint de réveiller en nous, ou de nous accorder le don de discernement.

2. « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. » Ce qui était dit à Ezéchiel est ici repris par Jésus, à propos du frère dans la communauté. Nous sommes responsables du salut éternel de ceux qui sont nos frères par la foi. C’est pourquoi, si l’on voit un frère pécher extérieurement et publiquement, il est de notre responsabilité de prendre en charge son retour à Dieu. Cette correction fraternelle suppose le don de discernement et la charité, qui nous évitent d’agir à tort et à travers. Demandons-les dans la prière.

3. « S’il refuse d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. En vérité, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. » Nous pouvons être surpris de la dureté des paroles de Jésus. Pour lui, l’Église est sainte. Et donc la sainteté de la communauté est à préserver. Il faut quelquefois exclure de son sein le frère pécheur qui refuse de renoncer à son péché. La communauté a autorité pour cela. Demandons à l’Esprit Saint, par Marie, de nous donner cette vive conscience de la sainteté de l’Église.

4. « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » La sainteté de l’Église n’est rien si elle n’est le rayonnement de l’amour. L’exclusion ne peut être qu’un avertissement chargé de réveiller le frère pécheur. La communauté se doit de le porter dans la prière, et de demander pour lui une grâce de conversion. N’est-ce pas ce que Marie nous demande aussi, lorsqu’elle nous dit : « Priez pour les pécheurs » ?

5. « Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. L’accomplissement parfait de la Loi, c’est l’amour. » Voilà une bonne conclusion à la méditation d’un évangile qui peut nous sembler dur. Nous sommes toujours endettés à l’égard des frères. Notre dette est celle de l’amour. Nous ne pouvons jamais nous contenter de juger, de condamner, d’appliquer la loi ou le règlement. Il nous faut aimer, nous aimer comme Jésus nous a aimés. La maternité spirituelle de Marie n’est-elle pas un signe de cet amour ?

23° D TO B — Effata ! Ouvre-toi !

Is 35,4-7 ; Jc 2,1-5 ; Mc 7,31-37.

1. « En plein territoire de la Décapole… on lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui ». Nous sommes là en territoire païen. Cet homme sourd et muet représente l’homme séparé de Dieu… Être païen, c’est ne pas savoir reconnaître son créateur et père, être sourd à sa voix, et muet pour le prier. Avec Marie, prions pour tous les incroyants.

2. « Jésus lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue ». Jésus ne craint pas d’exprimer très concrètement et simplement cette action de guérison. Les sacrements de l’Église sont aussi des gestes incarnés de la miséricorde divine envers l’homme d’aujourd’hui. Et dans notre vie de chaque jour, nous sommes amenés à poser de petits gestes qui expriment notre attention et notre affection. Demandons à Marie, celle en qui le Verbe s’est incarné, de nous obtenir ce sens de l’amour concret envers la personne concrète.

3. « Les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : Effata ! c’est-à-dire : Ouvre-toi ! ». Jésus agit en communion avec son Père ; il s’ouvre lui-même à son Père… et au souffle de l’Esprit d’amour, ce qu’exprime peut-être ce soupir. La véritable charité vient du Père. Jésus nous donne là un bel exemple d’amoureuse dépendance. Que Marie nous aide à vivre, comme Jésus et comme elle, cet abandon, cette remise de nous-même au Père, cet accueil de l’Esprit Saint.

4. « Les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : Effata ! c’est-à-dire : Ouvre-toi ! ». L’homme est fermé à son créateur, sourd et muet, replié sur lui-même… Jésus vient le guérir : Ouvre-toi ! Afin qu’il puisse accueillir et exprimer l’amour, envers le Père créateur et envers ses frères. N’éprouvons-nous pas déjà, nous aussi, dans la prière personnelle, combien l’Esprit Saint nous « ouvre » plus profondément à Jésus et au Père ? Tu es bénie Marie, par toi nous est venu le Sauveur, qui vient nous « ouvrir » au Père, et avec toi nous en rendons grâces.

5. « Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement ». La personne humaine ressaisie par son créateur, rachetée, s’ouvre au dialogue d’amour. Elle est capable d’entendre la parole d’amour de son Père, et de lui répondre dans l’Esprit Saint. Présentons, par Marie, nos blessures intérieures qui nous empêchent de communiquer, d’aimer le Père, d’aimer nos frères. Demandons à l’Esprit Saint de nous visiter pour guérir ces blessures.

23° D TO C — Être disciple

Sg 9,13-18 ; Phm 9-17 ; Lc 14,25-33.

1. « De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » Jésus veut rendre chacun conscient des exigences de son engagement à être disciple. Ses paroles s’adressent aux foules qui le suivent, comme s’il voulait y opérer un tri. En tout cas, il demande de réfléchir avant de s’engager, de sorte que l’engagement à être disciple soit entier. Que Marie nous aide à suivre Jésus jusqu’au bout, comme elle l’a fait.

2. « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Telle est la première exigence de Jésus : aucun autre amour ne doit être placé au-dessus du sien, fût-il légitime comme l’amour envers ses parents, son conjoint, ses enfants… C’est la dimension de chasteté de l’amour : en s’attachant à Jésus, nous recevons l’amour comme un don qui nous purifie de l’égoïsme et de la volonté de puissance. Marie, conduis-nous sur ce chemin de chasteté de l’amour, toi qui l’as vécue envers Joseph et Jésus.

3. « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » La seconde exigence de Jésus : porter notre croix, c’est-à-dire accueillir tout ce qui contrecarre notre volonté propre. C’est la dimension d’obéissance de l’amour. L’amour obéissant crucifie la volonté propre pour adhérer librement à la volonté divine. Marie, conduis-nous sur ce chemin d’obéissance de l’amour, toi qui l’as vécue envers le Père jusqu’à être près de la croix du Fils.

4. « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. » La troisième exigence de Jésus : être pauvre matériellement. C’est la dimension de pauvreté de l’amour. L’amour pauvre choisit volontairement de délaisser les attachements terrestres pour mieux aller à l’essentiel, à l’éternel. Marie, conduis-nous sur ce chemin de pauvreté de l’amour, toi qui l’as vécue à Bethléem et à Nazareth…

5. « Les hommes ont appris ce qui te plaît, et par la Sagesse, ont été sauvés. » Ces trois dimensions de l’amour, chasteté, obéissance, pauvreté, sont les racines mêmes de tout amour, qu’il soit conjugal, familial, consacré… L’Église, en formulant les trois vœux, reconnaît que certains sont appelés à donner leur vie pour rendre visibles ces racines, qui seules peuvent faire porter du fruit à l’ensemble du corps. Marie, chaste dans ton mariage, obéissante dans le don de ta vie, pauvre de cœur et de biens, tu rayonnes sur toute l’Église la lumière de l’amour divin.

24° D TO A — Pardonner de tout son cœur

Si 27,30-28,7 ; Ps 102 ; Rm 14,7-9 ; Mt 18,21-35.

1. « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. » Ce psaume chante magnifiquement la tendresse du Seigneur. On comprend que Paul commence l’hymne à l’amour ainsi : « l’amour a grand cœur ». Telle est la miséricorde de Dieu, qui « n’agit pas envers nous selon nos fautes ». Accueillons aujourd’hui encore cet amour en notre cœur.

2. « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s’obstine… Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? » La dureté de cœur est à l’inverse de la magnanimité qui caractérise l’amour du Seigneur. Jésus a souvent dénoncé cette dureté du cœur comme une entrave majeure à la foi et à l’amour. Demandons avec Marie à l’Esprit Saint de régénérer en nous le cœur de chair qui nous a été donné.

3. « Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. » La question de Pierre reçoit une réponse claire et nette. Il n’y a pas de limite au pardon fraternel. Il ne s’agit pas d’un principe, mais de la diffusion de l’amour de Dieu qui est infini. C’est pourquoi Jésus a des paroles si précises, pour nous dire : « Aimez vos ennemis… afin d’être les fils de votre Père qui est aux cieux » (Mt 5,44-45). Accueillons son exigence dans la prière.

4. « Tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : « Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout ». Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. » La parabole que Jésus développe pour illustrer son enseignement ne nous surprend pas. Le maître qui représente ici le Père remet la dette du serviteur. Voici un mot cher à Jésus : la dette. Nous sommes endettés vis-à-vis de Dieu, c’est-à-dire toujours en-deçà de ce qu’il attend de nous. Nous ne pouvons donc que faire appel à sa miséricorde. Marie, toi « qui connais le plus à fond le mystère de la miséricorde divine, toi que nous appelons Mère de la miséricorde » (Jean-Paul II), nous prions avec toi.

5. « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. » L’insistance de Jésus sur le pardon donné du fond du cœur aux adversaires ne fait que développer ce qu’il nous a enseigné dans le Notre Père : « Remets-nous nos dettes, comme nous avons déjà pardonné à ceux qui nous ont offensé ». C’est un commandement qu’il nous donne, et que Marie a vécu avec lui à la croix.

24° D TO B — Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive

Is 50,5-9 ; Jc 2,14-18 ; Mc 8,27-35.

1. « Si quelqu’un prétend avoir la foi, alors qu’il n’agit pas, à quoi cela sert-il ? Celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte. » La foi chrétienne, quand elle est authentique, met tout l’homme en mouvement. Tenir simplement pour vrais quelques dogmes proposés par l’Église, ce n’est encore rien faire de chrétien. C’est toute la vie qui doit répondre. Avec Marie qui a engagé toute sa vie pour le service de Jésus, demandons la grâce de nous donner tout entiers.

2. « Pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté… qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Pierre le prenant à part se mit à lui faire de vifs reproches. » Jésus dévoile à ses disciples quel sorte de Messie il est vraiment, ce à quoi ils doivent s’attendre. C’est douloureux pour tout le monde, et particulièrement pour Pierre. Il est si attaché à Jésus qu’il en fait dans sa tête et dans son cœur un Messie de rêve. Qui peut nous assurer que la foi n’est pas une illusion ? La présence de la charité, c’est-à-dire du don de soi. Accueillons la grâce de l’Esprit Saint pour mieux croire et mieux aimer.

3. « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’évangile la sauvera. » La foi sans l’œuvre de la passion n’est pas une foi chrétienne. La foi qui veut se sauver et non se perdre, perdra tout. Vouloir se sauver est un égoïsme incompatible avec la foi inséparable de la charité. L’acte du total abandon de soi-même, à Dieu ou au prochain, est l’acte sans lequel la foi n’est rien. Avec Marie présente à la croix, acceptons cette mort à soi-même.

4. « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours, c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages. » Ce passage d’Isaïe nous montre cette perte de soi dans une anticipation prophétique de l’Ancien Testament. Le Serviteur, figure que Jésus reprendra à son compte, tient bon dans son obéissance de foi face aux ennemis qui le frappent. Il sait qu’il obéit dans cette souffrance et que Dieu ne l’abandonne pas. Ce fut aussi l’obéissance héroïque de Marie à la croix.

5. « Parole du Serviteur de Dieu. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. » Cette parole qui introduit ce 3° chant du Serviteur est la clé de la conversion. Accueillir la croix de la souffrance en union avec celle de Jésus, comme une participation à la rédemption, cela suppose deux choses. D’abord d’entendre cet appel, ouvrir l’oreille. Ensuite de l’accepter comme un don de Dieu. La croix qui se présente à nous dans nos vies est une pierre d’achoppement. Si nous la refusons, c’est la révolte et l’éloignement de Dieu. Si nous l’acceptons, c’est la fécondité de la résurrection qui se révèle. Demandons par Marie la grâce de pouvoir accueillir notre croix comme un outil d’évangélisation.

24° D TO C — Perdu et retrouvé

Ex 32,7-14; 1 Tm 1,12-17; Lc 15,1-32.

1. « Le plus jeune fils dit à son père : « Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient ». Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain. » Jésus, à travers cette parabole, nous donne une vision des relations de l’homme avec son Créateur. Quand l’homme s’éloigne de Dieu, il perd sa dignité de fils dans la maison paternelle. Prions avec Marie pour tous ceux qui se détournent de Dieu.

2. « Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint en cette région, et il commença à se trouver dans la misère. (…) Alors il réfléchit : « Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! » Dans la situation matérielle difficile où le fils se trouve maintenant à cause de sa légèreté, de son péché, mûrit le sens de sa dignité perdue. Prions avec Marie pour tous ceux qui dilapident et gaspillent leurs talents, pour que la conscience de ce gâchis les aide à se tourner vers le Père créateur.

3. « Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : « Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers. » Le fils se prépare à affronter la honte et l’humiliation d’être un mercenaire dans la maison de son propre père. Sa décision est prise dans la pleine conscience de ce qu’il a mérité et de ce à quoi il peut encore avoir droit selon les normes de la justice. Prions avec Marie pour demander la grâce du repentir, la conversion des pécheurs que nous sommes.

4. « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le père dit : (…) «Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. » Le père, fidèle à sa paternité, fidèle à l’amour dont il comblait son fils depuis toujours, accueille son fils avec promptitude, joie et générosité. Prions avec Marie pour demander que nous nous ouvrions à cette gratuité de la réconciliation présente au cœur du Père des cieux.

5. « Le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. » Cette fête si généreuse à l’égard du prodigue après son retour suscite l’opposition et l’envie du frère aîné. Le père essaie de lui faire comprendre qu’un bien fondamental a été sauvé, l’humanité de son fils. Plus encore, elle a été comme retrouvée. Prions avec Marie pour obtenir la joie de savoir partager le pardon et la miséricorde du Père envers le pécheur.

25° D TO A — Allez à ma vigne !

Is 55,6-9 ; Ph 1,20-27 ; Mt 20,1-16.

1. « Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur un salaire d’une pièce d’argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne. » Parmi les nombreuses comparaisons employées par Jésus pour parler du Royaume des cieux, celle-ci insiste sur la mission de l’Église au cours des siècles et des générations. Sans cesse retentit l’appel du Seigneur : « Allez à ma vigne ! » Demandons pour l’Église un dynamisme missionnaire nouveau pour une évangélisation nouvelle.

2. « Allez vous aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. » Tout baptisé-confirmé est un ouvrier appelé par le Seigneur à travailler à sa vigne. Il n’y a pas de chrétiens honoraires, ni même retraités ; tous sont en mission. Le Seigneur nous promet une récompense pour ce travail missionnaire. Toutefois, ce n’est probablement pas ce qui nous motive pour servir l’Église, car il y aurait alors beaucoup plus d’ouvriers ! Demandons plutôt l’ardeur missionnaire, l’audace que donne l’Esprit Saint…

3. « Distribue le salaire en commençant par les derniers pour finir par les premiers. » … «Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur ! » … «Les derniers seront premiers et les premiers seront derniers. » Sans doute la justice sociale est-elle bafouée… Ce qui bouleverse les ouvriers et le lecteur de la parabole, c’est effectivement de se trouver dans un autre univers où l’immense bonté de Dieu remplace l’étroite mesure de la justice humaine. Rappelons-nous en écho le Magnificat où Marie exprime déjà ce bouleversement essentiel apporté par l’amour de Dieu.

4. L’Apocalypse laisse penser que le juste « salaire » promis par Jésus sera proportionnel à notre travail à sa vigne  : « Voici que mon retour est proche, et j’apporte avec moi le salaire que je vais payer à chacun, en proportion de son travail. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin. » (Ap 22,12-13) Mais écoutons la parabole : « Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? » Les générations qui se succèdent au cours de l’histoire entrent dans le Royaume des cieux, et c’est cela aussi leur récompense. Regardons, en avant de nous, la Vierge Marie, qui est un signe d’espérance.

5. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » Cette parabole nous appelle à entrer dans une relation d’amour gratuite avec notre Père des cieux. Pour cela, demandons à l’Esprit Saint de purifier nos schémas de pensée, souvent trop humains, pour entrer dans l’inconnu et la nouveauté de Dieu. La Vierge Marie est passée par là la première et nous aide sur ce chemin de purification.

25° D TO B — Dernier et Serviteur de tous

Sg 2,12-20 ; Jc 3,16-4,3 ; Mc 9,30-37.

1. « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes… ils le tueront, et trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles ; ils avaient peur de l’interroger ». Jésus annonce sa Passion et sa Résurrection. Les disciples n’y comprennent rien. Par notre orgueil, nous sommes fermés au mystère de Dieu, et nous avons besoin d’une humble conversion pour y accéder. Marie, tu as dit : « il a regardé la bassesse de sa servante » ; aide-nous à nous abaisser pour être à la hauteur de l’enfant de Bethléem.

2. « Sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand » ; et saint Jacques dit dans la 2° lecture : « La jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes ». Quand Jésus annonce sa Passion, les disciples rêvent de promotion personnelle ! En priant avec Marie, la plus humble des disciples de Jésus, demandons cette conversion et cette grâce d’humilité.

3. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Dernier de tous, Serviteur de tous… tel est le profil de Jésus lui-même au milieu de nous. Il ne nous demande rien qu’il n’ait déjà vécu. Marie, servante du Seigneur, nous accompagne sur ce chemin de conversion. En priant avec elle, ouvrons-nous à l’esprit d’humilité et de service.

4. « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». En s’identifiant à un enfant, Jésus vient bouleverser notre relation à Dieu. Dans son amour tout-puissant, Dieu se montre faible devant l’homme, dépendant de la liberté de l’homme. Pour l’aimer comme il nous aime, il nous faut un cœur d’enfant, un cœur qui sait accueillir l’enfant. C’est pourquoi Dieu demeure caché à l’orgueil de l’homme. Et Marie tout autant, elle qui est si proche de la Trinité.

5. « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? ». Saint Jacques nous exhorte à vivre ce chemin de conversion à la suite de Jésus : planter la croix en nos cœurs, pour ressusciter à une vie nouvelle. Faire mourir les germes de rivalités, de conflits par le don de l’Esprit et le combat spirituel, et nous ouvrir à l’amour divin qui se fait Dernier et Serviteur. Prions encore avec Marie pour demander cette conversion.

25° D TO C — Astucieux aujourd’hui pour demain

Am 8,4-7 ; 1 Tm 2,1-8 ; Lc 16,1-13.

1. « Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires. Le gérant pensa : (…) Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, je trouve des gans pour m’accueillir. » Cet intendant est avant tout réaliste. Licencié pour faute grave, il cherche une issue à sa situation difficile. Il ne se contente pas de gémir sur le présent, il veut construire son avenir. Marie n’avait-elle pas le sens de l’éternité en chantant : « Toutes les générations me diront bienheureuse » ?

2. « Il fit alors venir un par un ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : « Combien dois-tu à mon maître ? » — « Cent barils d’huile. » Le gérant lui dit : « Voici ton reçu, assieds-toi et écris 50. » Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile. » Jésus souligne combien l’attitude de cet intendant est astucieuse : il renonce à sa commission, puisque c’est ainsi qu’il était payé, et donc sans voler son maître. Demandons cette grâce de savoir renoncer à ce qui est légitime pour donner et partager…

3. « Eh bien, moi je vous le dis : faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Ce marchandage peut nous choquer. En fait, Jésus n’affirme-t-il pas que les plus pauvres sont bien-aimés de Dieu et nous recevront dans son Royaume ? Il nous suggère alors de les aider maintenant par un partage matériel, pour qu’ils nous aident plus tard à accéder au Royaume. Marie, la servante du Seigneur, n’est-elle pas la première qui nous accueillera auprès de Jésus, le Rédempteur de tous ?

4. « Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? » L’Argent représente peu ; il est comme un bien étranger, il n’est pas la vraie richesse de l’homme. Et cependant, notre fidélité et notre honnêteté dans la gestion des biens provisoires représentent un test qui nous rend capables de  recevoir la gestion des biens éternels, les vrais biens… Marie n’en est-elle pas l’exemple, elle qui de mère du Christ est devenue mère de tous les hommes ?

5. « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier, et aimera le second, ou bien il s’attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » Jésus nous demande de nous attacher à Dieu seul, dès aujourd’hui, et pour demain. C’est pourquoi il nous invite à utiliser l’argent avec détachement, et à le partager avec nos frères. Évitant d’en faire une idole, nous en ferons un serviteur de Dieu à travers nos frères. Demandons à Marie la grâce de cette conversion.

26° D TO A — Une conversion en actes

Ez 18,25-28 ; Ph 2,1-11 ; Mt 21,28-32.

1. « Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne. » Il répondit : « Je ne veux pas. » Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. » Une conversion tardive est meilleure que le pharisaïsme qui s’imagine n’avoir besoin d’aucune conversion. Dieu attend de nous des actes effectifs d’obéissance à sa Parole, et non pas seulement de religieuses pensées. « Il ne suffit pas de me dire : « Seigneur, Seigneur ! », pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21)

2. « Jean-Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole, tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire en sa parole. » Jésus distingue entre les pieuses assurances à l’égard de Dieu, avec lesquelles on se trompe soi-même parce qu’on pense qu’elles suffisent, et l’exécution effective qui souvent est accomplie par ceux dont le comportement extérieur ne la ferait pas présumer. Marie nous recommande de prier; toutefois sa dernière parole parle d’action : « Quoi qu’il vous dise, faites-le ».

3. « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra. » Une conversion, même tardive (qu’on pense au larron sur la croix) est pour Dieu si essentielle que tout le reste est effacé par sa miséricorde. Et Dieu donne de commencer avec lui une vie entièrement nouvelle. C’est pourquoi les publicains et les prostituées peuvent parvenir au Royaume des cieux avant les pharisiens. Demandons avec Marie la grâce de la conversion de notre cœur et de notre vie.

4. « Il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. » Ce qui importe, ce n’est pas la parole, mais l’action. L’exemple par excellence est Jésus : il se dépouille, et se fait obéissant à Dieu jusqu’à la mort sur la croix. Jean-Paul II nous dit : « Au pied de la Croix, Marie participe par la foi au mystère bouleversant de ce dépouillement. C’est là, sans doute, la « kénose » de la foi la plus profonde dans l’histoire de l’humanité. Par la foi, la Mère participe à la mort de son Fils, à sa mort rédemptrice. » (R.M. 18) Demandons la grâce du dépouillement.

5. « Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus. » Telle est la grand exhortation de Paul à la communauté chrétienne. Puisque le Christ ne s’est pas épargné lui-même, mais est mort sur la croix pour ses frères et sœurs, tout chrétien a aussi le devoir de ne pas penser d’abord à lui-même, mais « d’estimer les autres supérieurs à soi », ce qui est impossible sans l’humilité du Christ. Que Marie, servante du Seigneur, nous soit en aide sur le chemin de l’humilité.

26° D TO B — Qui n’est pas contre nous est pour nous

Nb 11,25-29 ; Jc 5,1-6 ; Mc 9,38-48.

1. « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa et leur dit : Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». C’est le signe posé par Jésus, nous l’entendions dimanche dernier, pour déraciner dans le cœur de ses disciples la volonté de puissance. Pour Jésus, l’enfant, le petit, le pauvre, sont sacrés. Il s’identifie à eux. Marie, aide-nous à servir le Seigneur dans le plus petit.

2. « Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui… qu’on le jette à la mer ». Cette parole dure de Jésus se comprend mieux au regard de la précédente. Il ne supporte pas les atteintes contre les petits… car il s’est identifié à eux. Elles sont passibles de l’exclusion de la communauté chrétienne. Que Marie nous aide à veiller pour que l’ivraie ne vienne pas envahir le champ du Seigneur.

3. « Si ton œil, si ton pied, si ta main t’entraînent au péché, coupe-les ». Jésus nous invite à un combat sans merci contre le mal, non seulement au cœur de la communauté, mais surtout dans notre cœur ; en particulier la convoitise (l’œil) qui nous mène (le pied) à nous approprier l’autre (la main). Ayons recours à la prière de Marie, conçue sans péché, notre aide dans ce combat spirituel.

4. « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». C’est la réponse de Jésus à ses disciples qui manifestent une vision étriquée de l’appartenance à l’Église : « Nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher car il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Jésus veut éradiquer tout esprit de clocher ; la consigne est à l’accueil le plus large. Que l’Esprit Saint, reçu en priant avec Marie, vienne ouvrir nos cœurs à l’accueil de l’autre différent. Cela aussi est combat contre le mal.

5. « Qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». Cette bienveillance que Jésus attend de ses disciples envers tous, il leur demande aussi de la percevoir présente dans le cœur des autres à travers les petits gestes accomplis à leur égard. Cette bonté du cœur dans les relations mutuelles s’épanouit en charité. Avec Marie, ouvrons-nous à ce don de l’Esprit.

26° D TO C — Le riche et le pauvre Lazare

Am 6,1-7 ; 1 Tm 6,11-16 ; Lc 16,19-31.

1. « Or il advint que le pauvre mourut et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. » Nous sommes tous égaux devant la mort. Ainsi s’exprime Job : « Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j’y retournerai » (Job 1,21). Déposé à même la terre, ou honoré par de grandioses funérailles, l’important n’est-il pas d’être « emporté par les anges dans le sein d’Abraham » ? Contemplons Marie, glorieuse en son Assomption parce qu’elle fait partie de ces pauvres qui attendent tout de Dieu.

2. « Abraham dit : Mon enfant, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici sa consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir. » Cette parabole est la suite de celle entendue dimanche dernier : l’argent doit être utilisé pendant notre vie terrestre pour nous faire des amis qui nous reçoivent dans le royaume éternel ; sinon, il est notre condamnation. Avec Marie, demandons la grâce du discernement et de la conversion.

3. « Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. » (Lc 1,52-53) Déjà, dans son Magnificat, Marie nous donne le sens de la parabole du riche et du pauvre Lazare. Elle a fait l’expérience, dès la conception de Jésus, que seuls les pauvres affamés de la présence divine sont comblés par son amour. C’est pourquoi la venue de Jésus est signe de contradiction et de bouleversement. « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3).

4. « Un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. » Il y a un moment irréversible où les choses sont définitivement jugées… La vie terrestre a sa consistance propre. Elle est unique ; nous y engageons notre responsabilité ; nous nous y ouvrons à l’amour de Dieu à travers l’amour de l’autre. Le pauvre Lazare ne peut recevoir le riche dans sa demeure éternelle, parce que celui-ci s’est fermé à l’amour du pauvre pendant sa vie terrestre…

5. « – Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. » – Abraham répondit : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » Cette réflexion qui termine la parabole nous place devant notre liberté. Jésus ressuscité n’a jamais forcé la conviction de personne. L’adhésion à la Parole de Dieu est libre. C’est l’essentiel de la démarche croyante. Avec Marie, bienheureuse parce qu’elle a cru, demandons la force de l’Esprit pour évangéliser et partager la Parole de Dieu.

27° D TO A — La vigne du Seigneur de l’univers

Is 5,1-7 ; Ps 79 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43.

1. « Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne… La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l’iniquité ; il en attendait la justice, et voici les cris de détresse. » Dans la Bible, le peuple de Dieu est ainsi comparé à une vigne. La parabole d’Isaïe décrit toutes les marques de la sollicitude du Seigneur. Mais ce peuple, choisi entre tous pour une alliance d’amour, ne cesse de le décevoir et de le trahir au lieu de lui rester fidèle. Avec Marie, prions pour que l’Église donne une réponse d’amour à son Seigneur.

2. « La vigne que tu as prise à l’Égypte, tu la replantes en chassant des nations… Pourquoi as-tu percé sa clôture ? Visite cette vigne, protège-la… Jamais plus nous n’irons loin de toi… » Le psaume 79, reprenant l’image de la vigne, se fait écho de la libération d’Égypte qui fut pour le peuple hébreu une véritable naissance, mais aussi de l’exil à Babylone qui fut le châtiment de son infidélité, pour une tentative de nouveau départ. Prions pour notre conversion et notre fidélité au Seigneur.

3. Jésus reprend l’allégorie de la vigne dans cette magnifique parabole, notre évangile de ce jour. Il y annonce sa propre passion : « Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : « Ils respecteront mon fils. » Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : « Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l’héritage ! » Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. » L’allusion à la croix plantée hors de Jérusalem est limpide. Prions pour les martyrs d’aujourd’hui, qui donnent leur vie pour l’annonce de la vérité.

4. C’est dans l’évangile selon saint Jean que nous pouvons écouter ces paroles de Jésus où il affirme : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie pour qu’il en donne davantage. » (Jn 15,1-2) En son incarnation, et sa résurrection, Jésus est à lui seul le peuple nouveau, un nouveau départ pour l’humanité, recréée dans l’Esprit Saint. C’est sa vie qui nous irrigue pour porter son fruit de charité véritable. Ouvrons-nous à cette œuvre de l’Esprit Saint qui veut nous faire porter des fruits venant de Dieu.

5. Au livre de l’Apocalypse, nous trouvons aussi une reprise du thème de la vigne, cette fois-ci pour parler de cette portion du peuple de Dieu formée des martyrs. « Prends ta faucille aiguisée, et vendange les grappes de la vigne de la terre, car les raisins sont mûrs » L’ange jeta le raisin dans le grand pressoir de la colère de Dieu. On le foula hors de la ville, et du pressoir il sortit du sang… » (Ap 14,19-20) Identifiés à Jésus crucifié hors de Jérusalem, les martyrs deviennent pour les bourreaux le signe de leur jugement, bien qu’ils soient appelés aussi à participer à leur rédemption. Dans notre monde souvent en proie à la violence, demandons la grâce du pardon aux ennemis.

27° D TO B — Ce que Dieu a uni

Gn 2,18-24 ; He 2,9-11 ; Mc 10,2-16.

1. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Jésus, par-delà Moïse, remonte à l’ordre originel de la création, l’ordre de Dieu. L’union de l’homme et de la femme est un acte créateur de Dieu ; elle est définitive et ne peut être dissoute par l’homme. Marie, épouse de Joseph, nous confions à ta prière la fidélité des foyers.

2. « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera : femme. » L’homme règne sur les animaux ; au contraire, dans la femme il se reconnaît lui-même. Ils sont déjà une même chair ; par le mariage, ils deviennent une seule chair. L’indissolubilité et la fécondité de cette union sont au fondement de la création de Dieu. Marie, mère de Jésus, nous confions à ta protection les jeunes qui se préparent au mariage.

3. « Si donc Jésus a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, pour le salut de tous. » Jésus s’est livré tout entier à tous. Le don que fait Jésus de sa chair et de son sang à la croix, qui demeure dans l’eucharistie, est le creuset de tout don conjugal : l’humanité tout entière est l’épouse à laquelle il s’attache. Marie, à à Cana et à la croix, Jésus t’appelle « femme », manifestant que tu es associée à son œuvre de rédemption ; nous nous confions à ta prière maternelle.

4. « Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères. » Certes, nous sommes créés par Dieu, et Jésus a revêtu notre humanité ; nous sommes donc ses frères. Mais plus encore en raison du don de l’Esprit Saint qu’il nous a obtenu par sa croix et sa résurrection. Marie, première des rachetés, la plus sainte de toutes les femmes, tu es notre sœur et un signe d’espérance pour tous.

5. « Le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu’à la gloire. » Jésus fait de sa vie un don d’amour. La fécondité de ce don nous engendre à la vie glorieuse, qui est le terme de toute vie terrestre, quelle qu’en soit la forme : dans le mariage, le célibat, la consécration. Marie, toute proche dans la gloire de l’Assomption, vierge, épouse et mère, sois avec nous sur la route.

27° D TO C — Le juste vivra par la foi

Ha 1,2-4 ; 2 Tm 1,6-14 ; Lc 17,5-10.

1. « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours et tu n’entends pas ? Pourquoi restes-tu à regarder notre misère ? » Quand l’état du monde devient insupportable, on voudrait que Dieu intervienne en personne. Et comme ce n’est pas le cas, on l’accuse de laisser faire… Face au découragement qui nous guette, demandons avec Marie la grâce de pouvoir garder la foi en l’amour de Dieu.

2. « Si la vision paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, à son heure. Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. » La réponse de Dieu à notre prière n’est pas un aller-retour. Notre vision de la présence et de l’action de Dieu s’exprime au contraire par une patiente espérance. L’insolent insulte Dieu ; le juste vit par la foi. Que la grande confiance de Marie nous soit un secours pour vivre de foi et d’espérance.

3. « Je te rappelle que tu dois réveiller en toi le don de Dieu… Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison. » Reçues au baptême et à la confirmation, la foi et l’espérance s’entretiennent. C’est l’Esprit Saint reçu régulièrement dans les sacrements qui les affermit. La peur est un signal de faiblesse. Il faut sans cesse « réveiller » le don de la foi, pour qu’il produise en nous force, amour, et bon sens. Avec Marie, demandons à l’Esprit Saint de nous renouveler.

4. « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer » ; et il vous obéirait. » La foi théologale nous est accordée au baptême. La foi charismatique est un don gratuit de confiance en la puissance divine, qu’il ne faut pas hésiter à demander (augmente en nous la foi !) et à mettre en œuvre (va te planter dans la mer !) pour qu’il se développe (et il vous obéirait). Demandons à recevoir et à exercer les dons spirituels.

5. « Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : « Nous sommes de simples serviteurs, nous n’avons fait que notre devoir. » La foi qui agit se veut un service efficace du Seigneur. Elle doit demeurer dans l’humilité. Gardons-nous de penser combien l’apport de nos services sera utile au Seigneur (sans moi, il ne pourrait rien faire). Ayons la modestie de celui qui connaît la parole de Jésus : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5).

28° D TO A — Mon repas est prêt

Is 25,6-9 ; Ph 4,12-20 ; Mt 22,1-14.

1. « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin… Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples… Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages. » Le repas de noce du Père pour son fils est décrit, dans l’A.T., comme un festin du temps messianique à venir, où tous les peuples sont invités. Aucune ombre ne plane sur ce monde nouveau que l’Apocalypse de saint Jean nous décrit en reprenant les mêmes images : « L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » (Ap 7,17). Demandons à Marie de nous garder dans cette espérance du monde nouveau.

2. « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités… Mon repas est prêt. » Le Père prépare à son Fils un festin de noces, que l’Apocalypse appelle les noces de l’Agneau. L’Agneau est le Fils qui, par son sacrifice consomme l’union nuptiale avec l’Église – épouse. Le Père est, dans la célébration eucharistique, le dispensateur ; et l’Église y remercie le Père pour le don du Fils dont elle se nourrit. « Heureux les invités au repas du Seigneur ! » Que Marie nous aide à accueillir cette nourriture avec foi.

3. « Les invités… ne voulaient pas venir. Le roi dit alors à ses serviteurs : « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce. » Voici une manière de mépriser le don suprême du Père : l’indifférence. Les invités ne se soucient pas de la grâce qui leur est offerte, ils ont quelque chose de plus important à faire, leurs tâches terrestres sont plus urgentes. Tragique indifférence. Avec Marie qui a voulu, dans tous ses sanctuaires, conduire les hommes à accueillir Jésus Eucharistie, ouvrons-nous à ce don du Père.

4. « Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? ` » L’autre garda le silence. » Une autre manière d’être indigne du don suprême du Père est de venir à la fête comme en promenade. A quoi bon se donner la peine de mettre l’habit de fête, d’avoir un cœur pur ? Le roi doit être heureux que je vienne, que je pratique encore après tout, que je me donne la peine de quitter mon banc pour aller communier… Prions Marie de nous aider à vivre la profonde conversion que nous pressentons nécessaire, pour éviter ce genre de grossièreté.

5. « Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut… Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. » Celui qui reçoit le don suprême de Dieu avec vénération et gratitude, fera l’expérience d’être comblé par Dieu sans mesure. Dieu qui se donne nous « donne la force » d’entrer dans l’amour de don. Alors « naît en nous une vivante réponse d’amour. Non seulement nous connaissons l’amour, mais nous commençons nous-mêmes à aimer. L’amour qui naît en nous de l’Eucharistie se développe, s’approfondit et se renforce en nous grâce à elle » (Jean-Paul II, Jeudi Saint 1980, n° 5).

28° D TO B — Va, vends, donne, viens, suis-moi…

Sg 7,7-11 ; He 4,12-13 ; Mc 10,17-30.

1. « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Voici, dans cette rencontre d’un homme riche avec Jésus, cinq attitudes spirituelles fondamentales. La première, qui manque souvent à nos contemporains : chercher à hériter de la vie éternelle. Avec toi, Marie, nous prions pour tous ceux que nous côtoyons : ils semblent apparemment insouciants ; nous demandons pour eux le désir de Dieu.

2. « Tu connais les commandements. – Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Voici la seconde attitude fondamentale qui nous mène vers Dieu : le souci d’observer ses commandements, de vivre selon sa parole. Rendons grâces pour tous ceux dont la droiture rend leur vie conforme aux commandements. Avec Salomon et avec Marie, disons : « J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi… à côté d’elle j’ai tenu pour rien la richesse. »

3. « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel. » Voici la 3° attitude essentielle : le détachement de ses richesses, quelles qu’elles soient. « À ces mots, il devint sombre, et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » Pour hériter de la vie éternelle, il faut qu’elle soit déjà notre première richesse. D’où la demande de Jésus du détachement du cœur. Prions avec Marie au pied de la croix, demandons cette grâce.

4. « Puis viens et suis-moi. » Si Jésus demande le détachement, c’est pour que nous puissions vivre notre foi moins comme l’obéissance à des préceptes, fussent-ils divins, que comme un amour envers lui. C’est la 4° attitude spirituelle essentielle, pour laquelle Marie est notre modèle : toute sa vie est pour Jésus ; qu’elle nous aide à en faire autant selon notre appel.

5. « Comme il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » Finalement, Jésus nous invite à faire de l’entrée dans le Royaume de Dieu un objectif premier dans nos vies. Il nous prévient : c’est difficile. « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Marie, proche de notre cœur et prévenante en ses apparitions, est là comme une mère qui nous apprend à marcher d’un pas persévérant sur le chemin qui mène au Royaume. Après Jésus qui a dit : « Je suis la porte », ne l’appelons-nous pas : Porte du Ciel ?

28° D TO C — La foi qui rend grâce

2 R 5,14-17 ; 2 Tm 2,8-13 ; Lc 17,11-19.

1. « Jésus, maître, prends pitié de nous. » Cette prière des lépreux est le cri de la foi qui demande. Seigneur, prends pitié de moi. Les cahiers de prière, dans nos églises, sont pleins de ces cris que les hommes poussent vers Dieu, souvent par Marie. Avec elle, portons au Seigneur les prières qui ont été déposées ici, et celles qui nous sont personnelles.

2. « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. » Par cette parole, Jésus demande aux lépreux une démarche de confiance ; car on allait seulement se montrer aux prêtres quand on était guéri, et Luc nous précise bien que la guérison est intervenue en cours de route. Jésus veut nous faire grandir dans la foi à travers ces démarches de confiance. Il attend une relation personnelle avec lui, et nous fait passer de la demande de guérison à l’amour de celui qui la donne. Avec Marie, prions pour les malades.

3. « Le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea 7 fois, pour obéir à l’ordre du prophète Élisée… il fut purifié ! » Naaman, un syrien lépreux, doit accomplir lui aussi un parcours de confiance et de persévérance : conseillé par une esclave samaritaine, repoussé par le roi d’Israël, soumis aux exigences du prophète… À travers ces démarches d’humilité, il rejoint l’amour de Dieu pour lui et reçoit sa guérison. Avec Marie, servante du Seigneur, demandons la grâce de l’humilité et de la persévérance.

4. « L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix… Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? » La réception d’une grâce de guérison, même au sein d’une démarche de foi communautaire, ne produit pas pour autant la conversion qui vient épanouir la relation théologale de foi avec Jésus. Le miracle ne contraint jamais à la foi : il laisse libre. Que Marie nous aide à ne pas surévaluer le miracle, mais aussi à le demander comme un signe de l’amour miséricordieux du Père.

5. « Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce… Jésus lui dit : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé. » Cet homme fait littéralement « eucharistie » : il rend grâce à Jésus. Il entre dans une relation personnelle avec Jésus comme Seigneur et Sauveur, rejoignant la prière faite au point de départ : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». Cet homme est sauvé au sens plein du terme. Être sauvé, ce n’est pas seulement être guéri de sa lèpre, c’est être sauvé de la mort, et entrer dans la vie. Avec Marie, rendons grâce pour le don de la Vie éternelle.

29° D TO A — Rendez à Dieu ce qui est à Dieu

Is 45,1-6 ; 1 Th 1,1-5 ; Mt 22,15-21.

1. « Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler. « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Si Jésus dit oui, il se prononce contre le rapport à Dieu du peuple saint, et désavoue le désir de libération politique de ce peuple. S’il dit non, il devient un rebelle contre l’autorité romaine. S’il nous arrive à nous aussi de tomber dans un piège, souvenons-nous des paroles de Jésus : « Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,20). Que Marie nous obtienne la grâce d’être dociles à l’Esprit.

2. « Tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. » Jésus connaît la « perversité » de ses interlocuteurs. Toutefois, nous avons là une sorte de portrait véridique de Jésus. Il est vrai, il enseigne le vrai chemin de Dieu, lui qui a dit : « Je suis la vérité, le chemin » (Jn 14,6). Il ne se laisse influencer par personne, lui qui affirme : « La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé » (Jn 14,24). Il ne fait pas de différence entre les gens, lui qu’on a si souvent accusé de « manger avec les pécheurs » (Mt 9,11). Avec Marie, demandons à l’Esprit Saint de manifester en nos vies ces mêmes valeurs de vérité, liberté et charité.

3. « Rendez donc à César ce qui est à César. » La puissance du souverain antique s’étend aussi loin que s’étend son argent. Cette puissance est limitée, elle est très inférieure à celle de Dieu, et dépend de lui comme le laisse entendre la première lecture. S’il semble avoir donné une réponse politique, Jésus reconnaît la légitime « autonomie du temporel » dans la mesure où il ne s’oppose pas au plan de Dieu. Prions à l’intention de tous les hommes qui ont des responsabilités politiques, afin qu’ils les exercent en toute conscience.

4. « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu. » A Dieu tout appartient, parce que l’homme a été créé non pas à l’image de César, mais à l’image de Dieu, et que Dieu est souverain de tous les rois terrestres. Jésus désenchante la sacralisation du politique. Mais l’unique chose qui lui tienne à cœur est que Dieu reçoive tout ce qui lui revient, c’est-à-dire réellement tout, que ce soit de l’ordre naturel ou surnaturel. Ayons à cœur nous aussi de laisser au Seigneur toute notre vie, puisque nous lui appartenons, de lui en faire « retour » à chaque eucharistie.

5. « Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre : en dehors de moi, il n’y a pas de Dieu. » La seigneurie de Dieu est absolue. Jésus a certes reconnu à Pilate son pouvoir de le crucifier, mais seulement comme un pouvoir reçu d’en haut (« Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, si tu ne l’avais reçu d’en haut » – Jn 19,11) : cela correspond à la volonté du Père. Nous voulons redire avec Marie : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta Parole ».

29° D TO B — Nous voudrions que tu exauces notre demande

Is 53,10-11 ; He 4,14-16 ; Mc 10,35-45.

1. « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. » Nous avons là le contre-exemple de la prière de demande (la traduction littérale est : «nous voulons que tu fasses ce que nous demanderons»). Cette façon de demander à Jésus l’exaucement d’une demande qu’on lui impose consiste, d’une certaine façon à mettre la main sur Dieu. Mais on ne fait pas l’escalade de Dieu. Marie, toi qui, bouleversée par la salutation de l’ange, l’as entendu te dire : « Tu as trouvé grâce auprès de Dieu », apprends-nous l’humilité du cœur et de l’esprit.

2. « – Accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. – Vous ne savez pas ce que vous demandez. » Demander en connaissance de cause n’est pas facile. Notre point de vue terrestre est terriblement limité, en comparaison de la connaissance divine, et de plus, très intéressé. Jésus dit : « Votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. » (Mt 6,8) Marie, apprends-nous à nous confier avec désintéressement à l’amour du Père, dans un grand oui sans condition, comme le tien : « Je suis la servante du Seigneur ».

3. « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » À la demande qui lui est faite, Jésus répond par une autre question, où il tente de remettre en perspective divine la demande humaine. En perspective divine, tout est placé dans l’axe de la croix, c’est-à-dire de l’amour divin, de l’amour de don. Avant même de demander, il s’agit donc de nous convertir à l’amour de Dieu. Marie, présente au pied de la croix, aide-nous à vivre cette conversion à l’amour divin.

4. « Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. » Ce portrait du Serviteur en Isaïe 53, que nous lisons en entier le vendredi saint, est le portrait de Jésus. Tout Fils qu’il était, Jésus apprit l’obéissance, et nous l’entendons prier à Gethsémani : « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Que Marie docile à l’Esprit nous aide à entrer dans cette obéissance à la volonté divine qui passe par la croix. « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

5. « Seigneur apprends-nous à prier. » (Lc 11,1) Nous pourrions dire aujourd’hui : apprends-nous à demander, de sorte que nous puissions dire avec toi : « Père, je te rends grâce, parce que tu m’as exaucé. » (Jn 11,41) Et la bonne façon de demander se trouve dans le « Notre Père », dans la seconde partie : demander le pain, le pardon, la force de l’Esprit, la délivrance du Malin… Avec Marie, parfaite disciple du Fils, laissons-nous enseigner par Jésus.

29° D TO C — La prière insistante

Ex 17,8-13 ; 2 Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8.

1. « Quand Moïse tenant la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. » Cette histoire étonnante tirée du livre de l’Exode, illustre de façon toute simple le pouvoir de la prière d’intercession pour soutenir le combat spirituel. Quand les bras fléchissent, quand la prière se fait moins insistante, alors l’ennemi se fait plus dangereux. Pour ignorer cette réalité spirituelle élémentaire, beaucoup font naufrage. Rendons grâce avec Marie pour tous les contemplatifs au cœur de l’Église qui se tiennent les bras levés.

2. « Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager. » L’introduction donnée par Luc à la parabole de la veuve et du juge sans pitié a le mérite d’être claire. Jésus nous invite à insister dans la prière jusqu’à avoir une attitude qui peut sembler inopportune. Elle s’enracine dans la foi en l’amour de Dieu qui nous garde, comme il est dit au Ps 120 : « D’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur… Le Seigneur, ton gardien, se tient près de toi. »

3. « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ?… Sans tarder, il leur fera justice. » La prière du croyant éprouvé qui crie sa détresse à son Dieu, la prière de l’innocent qui demande justice sera exaucée. C’est une certitude. L’Apocalypse de Jean nous dit clairement que l’exaucement sera donné en finale de l’histoire, lorsque Satan sera vaincu. Demeurons donc fermes dans l’espérance et dans l’attente de la venue glorieuse de Jésus. L’Esprit et l’Épouse, et Marie, disent : « Viens ».

4. « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? » L’intercession de Marie pour nous s’enracine dans l’épisode biblique de Cana (« Ils n’ont pas de vin. »), et trouve une magnifique expression dans cette parole de Marie à Pontmain : « Mais priez, mes enfants, mon Fils se laisse toucher ». Marie nous invite à l’intercession. Tenir les bras levés comme Moïse, c’est aussi nous appuyer sur l’intercession de Marie en gardant fréquemment notre chapelet en mains.

5. « Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Par cette parole, Jésus rattache l’établissement de la justice, à sa venue glorieuse. Mais il est sans illusion sur la persévérance des croyants pour attendre avec certitude cette intervention finale de Dieu. Jésus attend de nous la foi et l’espérance. Marie au Samedi saint en est pour nous un grand modèle.