De manifestation en manifestions : Jean-Baptiste

En ce temps qui suit la fête de Noël

Nous faisons mémoire d’une triple manifestation de Jésus, traditionnelle dans la liturgie : lors de l’Épiphanie, aux mages comme roi des nations ; lors du Baptême, comme Fils bien-aimé du Père rempli de l’Esprit ; lors des Noces de Cana, comme Messie annoncé qui se révèle par des signes. En cette année A, le récit du témoignage de Jean-Baptiste mis en forme par l’évangéliste Jean nous est proposé à la place de celui des Noces de Cana. Jean-Baptiste dit que s’il baptise dans l’eau, c’est pour que Jésus « soit manifesté à Israël » (v. 31).

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Acteurs d’une nouvelle création

Les premiers mots du prologue : « Au commencement » nous renvoient évidemment à la première page de la Bible. Avec la venue de Jésus, le Verbe fait chair, le Père commence une nouvelle création. Les notations chronologiques : « le lendemain », peuvent faire écho au poème de Genèse 1 qui nous présente la création accomplie dans le cadre de la semaine.

  • (jour 1) Voici quel fut le témoignage de Jean (1,19).
  • (Jour 2) Le lendemain, voyant Jésus venir à lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu (1,29).
  • (Jour 3) Le lendemain, Jean se tenait encore là avec deux de ses disciples (1,35). André, Jean.
  • (Jour 4) Le lendemain, Philippe, Nathanaël (1,43).
  • (Jour 5) « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana » (2,1).

Récepteurs de la vie dans l’Esprit

Avez-vous remarqué que cette notation « le troisième jour » est présente dans le récit du don de la Loi au Sinaï « le troisième jour » (Ex 19, 11.16) ? La théophanie de Dieu au Sinaï et la glorification de Jésus à Cana sont annoncées pour le troisième jour. On comprend mieux ainsi l’allusion à l’eau des jarres de purification transformée en vin. Jésus vient donner la Loi nouvelle, le bon vin de l’Esprit Saint, la Loi gravée dans le cœur (Jr 31, 33). Et Jean place juste après le récit des noces de Cana, celui des vendeurs chassés du Temple. On y lit l’allusion : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2,19). La première manifestation de la gloire de Jésus à Cana devient alors comme une anticipation symbolique de sa manifestation Ressuscité le jour de Pâques (5 + 3 = 8° jour), lui l’Époux de l’Église. 

Au premier plan, Jean-Baptiste

Sa place est capitale dans ce premier chapitre de Jean :

  • deux allusions dans le Prologue (1, 6-8 & 15) ;
  • son témoignage sur lui-même placé au ‘jour 1’ (1, 19-28) ;
  • son témoignage sur Jésus placé au ‘jour 2’ (1, 29-34) ;
  • et son envoi vers Jésus d’André et Jean qui deviennent ses deux prmiers disciples (1, 35-39) au ‘jour 3’.

Jean-Baptiste témoigne sur Jésus (jour 2, et c’est l’évangile donné ce dimanche). Son témoignage vient d’en-haut, il lui a été donné, car « je ne le connaissais pas » (v. 31. 33). D’ailleurs c’est Jésus qui vient vers lui (v. 29), qui se manifeste à lui en quelque sorte, et à tout Israël (v. 31). Son témoignage contient une révélation christologique puissante :

• Jésus est l’Agneau de Dieu (v. 29. 36), le Rédempteur,

• Jésus est celui sur qui repose l’Esprit Saint (v. 32), et celui qui baptise dans l’Esprit Saint (v. 33),

• Jésus est le Fils de Dieu (v. 34). On peut difficilement dire plus !

Jean-Baptiste, un disciple-missionnaire ?

La place de Jean-Baptiste est tout-à-fait spécifique : être le Précurseur. Et pourtant, , il est comme un modèle de disciple-missionnaire :

• permettre à Jésus d’être manifesté (Jn 1, 31), en appelant à la conversion (Mt 3, 2),

• annoncer l’Époux et s’effacer devant lui (Jn 3, 29-30),

• entrer alors dans le silence et l’obscurité de la foi, qui comporte bien des doutes et des incertitudes, parce qu’elle est comme une captivité dans une prison (3° d. de l’Avent : Mt 11, 2-11),

• aller jusqu’au bout du témoignage, du martyre (Mt 14, 1-13).