Dom Jean-Vincent Giraud

Nouvel Abbé de l’abbaye de Kergonan

par Céline Hoyeau, La Croix 24/8/23

L’abbaye bénédictine Sainte-Anne-de-Kergonan, à Carnac (Morbihan), qui appartient à la Congrégation de Solesmes, a un nouvel abbé. Mardi 22 août, les frères ont élu dom Jean-Vincent Giraud, 36 ans, entré à Kergonan en 2011.

C’est un tout jeune moine qui vient d’être élu sixième abbé de l’abbaye Sainte-Anne-de-Kergonan, à Carnac (Morbihan). À 36 ans, et après seulement douze années d’expérience monastique, dom Jean-Vincent Giraud a été choisi mardi 22 août, en la fête de Marie Reine, pour prendre la tête de cette communauté bénédictine de la Congrégation de Solesmes.

Né au Mans, ayant grandi à Metz et Poitiers, ce fils d’un professeur de lettres classiques, lui-même ingénieur de formation, a été marqué par des années « fondatrices » au sein des scouts d’Europe, mais aussi par des sessions aux ­Béatitudes, à Paray-le-Monial, avec la communauté Saint-Martin, ou encore aux JMJ. Entré à ­Kergonan en 2011, il y a prononcé ses vœux solennels cinq ans plus tard, et a été ordonné prêtre à la fin du mois de juillet dernier.

Étudiant en master de théologie, il cumulait jusque-là les charges de sous-prieur, adjoint au maître des novices, comptable, organiste, membre du conseil… Il était aussi le plus jeune éligible canoniquement de cette communauté de 17 moines âgés de 30 à 96 ans. Sa jeunesse n’est toutefois pas inédite pour cette abbaye dont un précédent abbé, Mgr Robert Le Gall, archevêque émérite de Toulouse, avait été élu à l’âge de 37 ans. « C’est une possibilité explicitement mentionnée par notre règle, saint Benoît conseillant de choisir celui qui se distingue par la sagesse de son enseignement et le mérite de sa vie, quand bien même celui-ci serait le plus jeune », indique le frère Jean-Tugdual ­Cuignet, moine de l’abbaye.

Avec cette élection, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour Kergonan. La communauté n’avait pas d’abbé depuis cinq ans et la démission de son prédécesseur, dom Philippe Piron, qui avait remis sa charge à la suite d’une visite canonique déclenchée par une crise interne et des problèmes de gouvernance. Depuis lors, le gouvernement de la communauté était assuré par un prieur administrateur, en attendant l’élection abbatiale.

Clé de voûte de l’organisation du monastère bénédictin, l’abbé est élu à vie – avec la possibilité de démissionner quand il sent que la tâche dépasse ses forces. Choisi entre autres pour « sa bonté » et ses qualités de « discernement », dom Jean-Vincent ­Giraud, qui a suivi ces dernières années la formation à la gouvernance dispensée par l’institut ­Talenthéo, aura pour mission délicate « le travail de reconstruction de l’unité communautaire, morale et spirituelle, après la crise traversée », souligne le frère Jean-Tugdual.

Sainte-Anne-de-Kergonan a été fondée en 1897 par dix moines venus de l’abbaye de Solesmes, et est toujours membre de cette congrégation bénédictine, réputée pour sa sagesse et sa stabilité. Si ses effectifs ont diminué ces dernières années, Kergonan n’en a pas moins « une grande fécondité spirituelle dans le Morbihan, accueillant de nombreuses personnes en recherche, à toutes les étapes de leur vie spirituelle », assure le père Jean-Baptiste Nadler, curé de l’île d’Arz, qui s’y ressource régulièrement.

À leur mesure, les moines de Kergonan contribuent à la formation permanente des laïcs du diocèse, à la pastorale des estivants, en proposant conférences et dédicaces d’auteurs à l’abbaye. Ils sont également investis dans la préparation du jubilé de Sainte-Anne-d’Auray, qui aura lieu en 2025.

La bénédiction abbatiale de dom Jean-Vincent Giraud, ce rite solennel par lequel l’Église confirme l’élu dans sa charge et demande à Dieu de lui octroyer les grâces pour l’assumer, aura lieu à l’automne, probablement à la ­Toussaint, en présence des abbés et moines des communautés voisines et de la Congrégation de Solesmes.

Dans la même Equipe Notre-Dame que ses parents, lorsqu'ils étaient au Mans , j'ai connu Jean-Vincent enfant. Comme dit avec humour un ami de ma génération : "C'est le seul Père Abbé que je peux me vanter d'avoir fait sauter sur mes genoux"...