Dom Prosper Guéranger, fondateur de l’abbaye de Solesmes, sera-t-il bientôt saint ?

Par Rédaction Sablé Publié le 10 janv. 2025 à 14h04. A l’occasion de l’année de célébration de leur fondateur, les moines ont rendu le gisant de Dom Guéranger accessible au public tous les jours de la semaine, dans la crypte, sous l’église abbatiale. ©Les Nouvelles de Sablé

Le dossier de sa canonisation de Dom Guéranger a été officiellement ouvert par les évêques de France. En 2025, les moines de l’abbaye de Solesmes vont célébrer leur fondateur.

L’histoire de Prosper Guéranger pourrait prendre des allures de success story dans les mois, voire les années à venir. Le Sabolien, devenu prêtre en 1827, a racheté ce qui allait devenir l’abbaye Saint-Pierre pour y fonder une communauté religieuse tournée vers la prière et le travail intellectuel, en suivant la règle de vie de Saint-Benoît.

Ses recherches ont inspiré de nombreuses autres congrégations et unifié la liturgie de l’église catholique en France.

« Nous pensons que c’est un saint »

« C’est un personnage qui mérite d’être connu, souligne le Père Jacques-Marie Guilmard, moine de Solesmes depuis trois décennies. C’est d’abord un enfant du pays. Il parlait patois et était très présent localement. Dans le même temps, ses idées pour rendre les catholiques encore plus fervents dépassent largement les frontières de la Sarthe. Sa publication sur l’Année Liturgique a été vendue à plus d’un million d’exemplaires. Il a inspiré d’autres qui sont devenus saints et nous, ses fils et filles spirituels, pensons que c’est un saint. »

Être saint dans l’église catholique, ce n’est pas seulement avoir son nom sur les calendriers. Pour Dom Geoffroy Kemlin, Père Abbé de la congrégation de Solesmes et successeur de Dom Guéranger depuis 2022, c’est d’abord avoir eu, de son vivant, et après, une influence sur la vie des gens

Faire de lui un saint, c’est le donner en modèle au moins à une partie du peuple de Dieu. La renommée de sa sainteté, auprès de ceux qui l’ont connu, doit plaider en sa faveur.Dom Geoffroy Kemlin

Portrait Dom Guéranger
Dom Prosper Guéranger, homme d’église sarthois, né à Sablé-sur-Sarthe, a consacré sa vie à la prière et aux études. Il pourrait devenir saint. ©DR

Un dossier rouvert en 2022

Alors pourquoi avoir attendu 150 ans avant d’ouvrir le dossier ?

« Parce qu’à l’époque de son retour à Dieu, les moines étaient éparpillés, raconte le Père Guilmard. Ils sont partis en exil, et puis il y a eu des guerres. Tout a vraiment commencé en 1986 avec une demande d’ouverture du procès en béatification. Le travail a avancé doucement. En 2005, une procédure s’est mise en place et les démarches se sont ralenties. C’est l’arrivée du nouvel Père Abbé en 2022 qui a tout relancé. Il a nommé une postulatrice : Hélène de Courrèges et un vice-postulateur, Dom Dupont, l’ancien Père Abbé, deux profils et personnalités complémentaires. »

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Plusieurs arguments plaident en la faveur de la canonisation du Sarthois : « sa bonté, y compris avec ses ennemis, son rôle dans le rétablissement de la vie monastique bénédictine masculine disparue depuis 1790, son influence sur l’organisation des autres ordres bénédictins, sa fidélité au pape et à l’Eglise, sa doctrine » et par-dessus tout « son apport à la liturgie de l’Église catholique romaine. Tout ce qui s’est fait depuis 150 ans en termes de liturgie, vient de Solesmes. »

Selon les religieux, il ne manque que la reconnaissance de miracles par Rome. « Il y en a. »

Une année jalonnée d’événements

L’année de célébration de Dom Guéranger a commencé le 1er décembre à Paris. Le deuxième événement aura lieu ce 12 janvier à Sablé-sur-Sarthe, en l’église Notre-Dame, avec la pose d’une plaque commémorative en souvenir du baptême du religieux.

Le 30 janvier, date anniversaire de son décès, l’ensemble des monastères de la congrégation de Solesmes à travers le monde célébreront localement sa mort.

Du 21 au 24 mai, à Solesmes, un ensemble d’événements réunira à la fois des moines, des moniales et des membres de la spiritualité bénédictine pour des colloques et réunions ouvertes à tous.

D’autres rassemblements auront lieu à Solesmes, au Mans et dans d’autres endroits symboliques de la vie du religieux.

Cette année « qui nous booste, » selon l’expression du Père Guilmard, se terminera à Paris le 25 novembre.