1. Beaucoup chercheront à entrer et ne pourront pas
Jésus ne répond pas directement à la question quand on lui demande : « Est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? », mais il répond : « Ce ne sera pas beaucoup. » La difficulté d’être sauvé est décrite par cette image : il s’agit d’entrer par une petite porte. L’effort à faire est de plus désigné par le verbe agônizesthé, « luttez ». C’est un combat, un effort de tous les instants. Cela suppose de ne pas laisser s’installer l’obésité spirituelle. De ne pas être repus de ses propres certitudes. La porte, en plus d’être étroite, est ouverte pour un temps limité ; celui qui la ferme, l’oïkodespotès, le « maître de maison », est Jésus lui-même. L’emploi du futur implique par contrecoup qu’il est urgent de s’y prendre dès maintenant. Dépêchez-vous !
2. Je ne sais pas d’où vous êtes
Mystérieuse phrase où l’on ne se définit plus par l’appartenance à un lieu (ou à un peuple) mais à une personne, Jésus. Dans l’espace qu’ouvre la porte, une salle appelée « Royaume de Dieu » (vv. 28-29), se déroule un festin, métaphore du salut. Un double renversement a eu lieu : les gens qui y sont attablés ne sont pas ceux qui étaient proches de Jésus en formant son auditoire lors de sa mission, mais ceux qui étaient loin, au « levant » et au « couchant », au « nord » et au « sud » ; ceux-là, les « premiers », sont éloignés, exclus, et deviennent les « derniers », ceux-ci, les « derniers », sont rapprochés, inclus, et deviennent les « premiers » (v. 30).
3. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez l’injustice
Jésus ne vise probablement pas des mauvaises actions, mais simplement la fermeture de cœur de ses auditeurs. Par exemple, quelque temps auparavant, Jésus a accompli un miracle en guérissant une femme infirme : seulement voilà, c’était dans une synagogue un jour de sabbat. Au lieu de se réjouir de voir une femme guérie, ils ont critiqué le lieu et le moment. Voilà un bel exemple d’obésité spirituelle pour reprendre l’image de la porte étroite. Quand Jésus parle au nom de Dieu, ils refusent son enseignement parce qu’il les dérange dans leurs certitudes et leur contentement de soi. Il est là le mal qu’ils font. Voilà ce qu’il faut accepter de laisser derrière soi pour passer la porte du royaume : accepter que Dieu ait d’autres pensées que nous sur son Royaume.
4. Prendre place au festin dans le royaume de Dieu
Comme toute vocation, le choix de Dieu était d’abord une mission : si les Juifs étaient les premiers invités du royaume, ils avaient mission d’y faire entrer toute l’humanité. Isaïe l’a rappelé plusieurs fois à ses contemporains : « Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice ; je te saisis par la main, je te façonne, je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations » (Is 42,6)… « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » (Is 49,6). Leur mission, c’est de partager le souci de Dieu : que son salut atteigne l’humanité tout entière.
5. On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi…
Il en va tout autant pour nous : nous ne sommes pas chrétiens pour notre bonheur personnel, mais pour en attirer d’autres à entrer par la porte étroite, dans la salle du Royaume.Il est normal que nous soyons souffrants de constater l’éloignement de ceux qui nous entourent. Cela doit motiver notre espérance et éperonner notre action spirituelle : prier pour demander à Dieu d’imputer sa grâce à tous les insouciants… Nous devons croire en la puissance de la prière. C’est une autre forme de lutte et de combat, pour les autres. Nous n’entrerons pas seuls dans le Royaume…