Mark Hunyadi, philosophe, professeur de philosophie à l’Université catholique de Louvain, professeur associé à l’institut Mines/Telecom. Faire confiance à la confiance (éditions érès)
Le mot foi vient du latin fides qui a aussi donné la confiance. Ce concept est travaillé en ce moment par plusieurs auteurs comme Xavier Patier venu récemment sur nos ondes. Aujourd’hui, c’est Mark Hunyadi, le premier à l’avoir théorisée, qui en fait la promotion, estimant que
l’emprise du numérique et des machines repose sur le principe de sécurité, lequel est diamétralement opposé à l’incertitude qui est le propre de la relation de confiance entre les êtres.
Professeur de philosophie à l’Université catholique de Louvain (Belgique), Mark Hunyadi est né à Genève de parents réfugiés hongrois, y fait ses études puis se rend à Paris et à Francfort où il travaille auprès du grand philosophe Jürgen Habermas, Il est aussi professeur associé à l’Institut Mines/Télécom de Paris. Il plaide pour que l’esprit humain fasse l’objet d’une protection à l’échelle du monde, sur le même mode juridique que les fonds marins. Cette idée intéresse jusque dans les hautes sphères du monde politique.
Mark Hunyadi travaille aussi sur les modes de vie et cela devrait nous intéresser de près car on ne met jamais en débat des évolutions techniques qui nous sont vendues comme “naturelles”, alors qu’elles résultent de la stratégie mercantile de quelques-uns qui en profitent, au mépris du bien commun.
A partir d’un exposé pédagogique sur la théorie de la confiance qu’il a été le premier à formuler, l’auteur pose un diagnostic philosophique sur la source des crises que nous devons affronter et offre un outil critique permettant d’entrevoir les alternatives possibles.
En retraçant la genèse de l’individualisme moderne, Mark Hunyadi développe la profondeur historique du problème de la confiance, ainsi que la raison philosophique pour laquelle ce thème – pourtant unanimement reconnu comme essentiel – a été largement négligé dans la littérature philosophique.
Au fil de nombreux exemples, il montre que la confiance est relation au monde, avant d’être relation au risque, de nature essentiellement économique. L’emprise du numérique sur nos existences a pour effet d’éliminer tendanciellement les relations de confiance, au profit de relations sécurisées. Ce phénomène dessine l’horizon d’une société automatique, d’où sont chassées les relations naturelles de confiance qui nous lient au monde – aux objets, aux autres, aux institutions.