Avec Fabien Bouglé, expert en politique énergétique
Il n’y aura pas d’augmentation à « deux chiffres » des factures d’électricité, a assuré dimanche le ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. “Il n’y aura plus des envolées des prix telles qu’on les a connues en 2022, a-t-elle précisé, “grâce à notre action au niveau européen et grâce à notre action au niveau français », a-t-elle fait valoir en référence à deux accords clés conclus cet automne. Le 17 octobre 2023, les Vingt-Sept se sont entendus sur une réforme du marché européen de l’électricité et, en France, EDF et le gouvernement ont trouvé le 14 novembre un accord fixant le prix de référence de l’électricité nucléaire vendue par l’opérateur historique à 70 euros le MWh à partir de 2026.
Ce retour à une vision long-terme semble rompre avec les tentatives de déstabilisation du nucléaire poussée par l’Allemagne dont l’option Energiewende a été relayée par les écologistes dès la fin des années 90, ce qui s’est traduit par l’arrêt du surgénérateur Superphénix (1998) et l’engagement à subventionner l’éolien sous Yves Cochet, ministre de l’Environnement de Lionel Jospin.
Mais le temps a passé et l’exigence de décarbonation a plaidé pour la reconnaissance du nucléaire comme énergie verte dont la Cop 28 demande le triplement des capacités. Au grand dam de la filière éolienne qui, outre un seuil d’acceptabilité de plus en plus bas, ne peut se révéler ni concurrentiel ni rentable.
Fabien Bouglé est expert en politique énergétique. Il montre à quel point des intérêts souvent peu connus du grand public interfèrent dans la politique énergétique, les défenseurs des énergies fossiles ayant un intérêt à favoriser l’éolien – qui ne peut fonctionner sans le relais du gaz ou du charbon.