par (21° D. TO. B — Jn 6, 6, 60-69) Nous terminons ce dimanche la lecture du chapitre 6 de Jean sur le Pain de Vie. La réaction des disciples nous invite à vérifier notre propre accueil du don que Jésus nous fait.
Scandale pour l’intelligence
« Qui peut l’écouter ? » Beaucoup estiment cette parole délirante et intolérable. Trop dure (sklèros) à comprendre ! Trop haute pour être reçue ! Scandaleuse, pour tout dire ! On murmure… Oui, c’en est trop.
Jésus fait remarquer calmement qu’ils devront encore se scandaliser lors de son ascension. Lui, le Fils de l’homme est descendu du ciel. Il s’est fait chair (Jn 1, 14). Et on le verra remonter au ciel, là où il était auparavant1. Et ce sera alors le signe de la véracité de sa parole…
A vouloir tout comprendre avec son intelligence, on ferme sa porte au don de Dieu. Et devant le mystère, l’intelligence doit s’incliner, la chair ne sert de rien. Seul l’Esprit Saint peut faire entrer dans la lumière de la Vie, c’est l’Esprit qui fait vivre2. Les paroles de Jésus viennent du Père ; grande est notre responsabilité de les accueillir. Qui me rejette et n’accueille pas mes paroles a son juge : la parole que j’ai fait entendre, c’est elle qui le jugera au dernier jour (Jn 12, 48).
Beaucoup se retirèrent
Avez-vous remarqué aux vv. 60 et 66 cette précision : beaucoup de ses disciples… Le refus d’accréditer les paroles de Jésus ne touche pas des gens lointains, extérieurs, mais les plus proches de lui, ceux qui prétendre le suivre… Les murmures finissent par cristalliser en incrédulité.
Jésus connaît les cœurs de l’intérieur, l’incrédulité de beaucoup et, même, la future trahison de Judas. Lequel effectivement abandonne et livre Jésus le soir de la Cène, après l’institution de l’eucharistie, comme l’ont déjà dit les évangiles synoptiques.
De nouveau, Jésus dit que la foi passe d’abord par l’ouverture du cœur au Père, qui nous mène à son Fils. Tant qu’on n’accueille pas la paternité divine, on a bien du mal à découvrir son Fils, Jésus. Beaucoup se retirèrent… littéralement en grec reculèrent. Ils ne veulent pas aller jusque là. Ils sont effrayés par les paroles de Jésus.
Lumière pour la foi
Nous l’avions remarqué dès le début du chapitre 6, Jésus a, autour de lui, deux groupes : les foules et les Douze. Il accomplit le miracle des pains pour les foules, et il vient auprès des Douze en marchant sur le lac. Il s’adresse maintenant à eux, le cercle le plus restreint autour de lui. Il les laisse libres dans leur choix : Voulez-vous partir, vous aussi ? La foi, l’accueil des paroles de Jésus, ne peut être qu’un acte libre.
C’est Pierre qui va prendre la parole pour répondre. À travers la parole de Pierre, les Douze reconnaissent que les paroles de Jésus sont celles qui ouvrent le chemin de la vie éternelle. Pierre confesse que Jésus est le Saint de Dieu, celui qui est éminemment consacré par Dieu, et que n’atteint aucune imperfection ou souillure. C’est lui que le Père, Dieu, a marqué de son sceau (v. 27).
Remarquez bien les deux mots mis par Jean dans la bouche de Pierre : nous croyons et nous savons… On les retrouvera dans la bouche de Jésus lors de la grande prière le soir de la Cène3 ou encore sous la plume de Jean dans sa première lettre4. Pierre avait-il mieux compris les paroles de Jésus que les autres ? Sans doute pas. Mais il pose un acte de foi lui permettant de pénétrer le mystère.
Jésus attendait cette réponse de foi : c’est lui qui les a choisis, ils sont à lui, ils lui ont été donnés par le Père (Jn 17). Et pourtant, l’un d’entre vous est un démon. Jean souligne la gravité du propos de Jésus : Judas, le traître, l’un des Douze5… Demandons la grâce de la fidélité !
1Nul n’est monté au ciel, hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. (Jn 3, 13).
2Ce qui est né de la chair n’est que chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit (Jn 3, 8). Il faut renaitre de l’Esprit (cf. Nicodème).
3 Jn 17, 8 : Ils ont connu… et ils ont cru…
4 1 Jn 4, 16 : Nous avons connu… et nous y avons cru…
5 Voir la petite école biblique n° 38 sur Judas.
