Écouter l’homélie du dimanche 29 janvier 2017, 4° dimanche dans l’année, à la paroisse Saint Aubin (72)
Paroles du pape François à l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
La liturgie de ce dimanche nous fait méditer sur les Béatitudes (cf. Mt 5,1-12a), qui ouvrent le grand discours dit “de la montagne”, la “magna charta” du Nouveau Testament. Jésus manifeste la volonté de Dieu de conduire les hommes au bonheur. Ce message était déjà présent dans la prédication des prophètes : Dieu est proche des pauvres et des opprimés et les libère de ceux qui les maltraitent. Mais dans sa prédication Jésus suit un chemin particulier : il commence avec le terme « bienheureux », c’est-à-dire heureux ; il poursuit avec l’indication de la condition pour être bienheureux ; et il conclut en faisant une promesse. Le motif de la béatitude, c’est-à-dire du bonheur, ne réside pas dans la condition requise – « pauvres de cœur », « ceux qui pleurent », « ceux qui ont faim et soif de justice », « persécutés »… – mais dans la promesse qui la suit, à accueillir avec foi comme don de Dieu. On part de la condition difficile, pour s’ouvrir au don de Dieu et accéder au monde nouveau, le « règne » annoncé par Jésus. Ce n’est pas un mécanisme automatique, mais un chemin de vie à la suite du Seigneur, sur lequel la réalité de malaise et d’affliction est vue dans une perspective nouvelle et expérimentée selon la conversion qui se met en œuvre. On n’est pas bienheureux si on n’est pas converti, en mesure d’apprécier et de vivre les dons de Dieu.
Je m’arrête sur la première béatitude : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux» (v. 4). Le pauvre en esprit est celui qui a assumé les sentiments et l’attitude de ces pauvres qui dans leur condition ne se révoltent pas, mais savent être humbles, dociles, disponibles à la grâce de Dieu. Le bonheur des pauvres – des pauvres de cœur – a une double dimension : vis-à-vis des biens et vis-à-vis de Dieu. Concernant les biens, les biens matériels, cette pauvreté de cœur est sobriété: pas nécessairement renoncement, mais capacité de goûter l’essentiel, de partage ; capacité de renouveler chaque jour l’étonnement pour la bonté des choses, sans s’appesantir dans l’opacité de la consommation vorace. Plus je possède, plus j’en veux ; plus je possède, plus j’en veux : c’est la consommation vorace. Et cela tue l’âme. Et l’homme ou la femme qui font cela, qui ont cette attitude, “plus j’ai, plus je veux”, ne sont pas heureux et n’atteindront pas le bonheur. A l’égard de Dieu, elle est louange et reconnaissance que le monde est bénédiction et qu’à son origine il y a l’amour créateur du Père. Mais c’est aussi ouverture à Lui, docilité à sa seigneurie : c’est Lui, le Seigneur, c’est Lui le Grand, ce n’est pas moi qui suis grand parce que j’ai beaucoup de choses ! C’est Lui : Lui qui a voulu le monde pour tous les hommes et qui l’a voulu pour que les hommes soient heureux.
Le pauvre de cœur est le chrétien qui ne compte pas sur lui-même, sur les richesses matérielles, qui ne s’entête pas dans ses opinions, mais écoute avec respect et se remet volontiers aux décisions d’autrui. Si dans nos communautés il y avait plus de pauvres de cœurs, il y aurait moins de divisions, de conflits et de polémiques ! L’humilité, comme la charité, est une vertu essentielle pour la coexistence dans les communautés chrétiennes. Les pauvres, en ce sens évangélique, ressortent comme ceux qui gardent la destination du Royaume des cieux éveillée, en faisant entrevoir qu’il est déjà en germe dans la communauté fraternelle, qui privilégie le partage sur la possession. Je voudrais souligner cela : privilégier le partage sur la possession. Avoir toujours le cœur et les mains ouverts (le pape fait le geste), pas fermés (il fait le geste). Quand le cœur est fermé (geste), c’est un cœur étroit : il ne sait pas non plus comment aimer. Quand le cœur est ouvert (geste), il marche sur le chemin de l’amour.
Que la Vierge Marie, modèle et première des pauvres de cœur parce que totalement docile à la volonté du Seigneur, nous aide à nous abandonner à Dieu, riche en miséricorde, afin qu’il nous comble de ses dons, spécialement par l’abondance de son pardon.
Traduction de Zenit, Anne Kurian