À propos du départ du P. David Gréa
J’ai envie d’écrire : quel cirque ! Et quelle immaturité un peu partout…
Celle du prêtre qui claironne que son départ et son mariage sont un appel de Dieu… Celle du Cardinal qui l’emmène voir le pape, à croire qu’il est incapable de gérer seul une situation qui le met en porte à faux… Celle d’une paroisse de centre ville qui s’est laissée entraîner dans le tourbillon du vedettariat.
Oserai-je écrire aussi que les paroisses de centre ville (en clair, pas seulement à Lyon, que celui qui a des oreilles entende) peuvent être le lieu où prospèrent manipulations et manipulateurs, avec l’appui et le non discernement des évêques en charge de leurs diocèses…
Une ancienne paroissienne de Lyon-centre écrit dans un post : « J’ai été paroissienne à l’église Ste Blandine durant quelques mois… et je suis partie aussi vite que possible. Après cette mauvaise aventure, j’ai rejoint une paroisse toute simple, sans paillette, sans bling bling, sans glorious, et sans prêtre version 2.0…. et dans ce silence, j’ai enfin trouvé Jésus. Quel bonheur ! »
>>> J’apprécie vraiment le billet d’humeur du P. Patrick Royannais sur son blog qui s’emporte : « Couvrir la non-fidélité à une parole donnée par le mensonge, cela est inacceptable et scandaleux. C’est de la manipulation, de la mauvaise foi. Ainsi donc, selon David, Dieu l’appelle maintenant à l’amour dans le mariage. Et David ne fait qu’obéir à la volonté de Dieu. Qui accepterait semblable argument si l’un des deux conjoints quittait sa famille pour répondre à l’appel de Dieu d’en fonder une autre ? ». Et les nombreux commentaires qui ont été postés sont à lire aussi.
J’ai bien aimé aussi la « lettre d’un aîné de 30 ans », le P. Jean Rouet, vicaire général du diocèse de Bordeaux, à lire sur le site de La Vie.
>>> Et aussi cette réaction de Jean Mercier, journaliste à La Vie, auteur de « Monsieur le Curé fait sa crise », et qu’il a publiée comme commentaire le lundi 20 février sur le site Le Suisse R@main :
« Dans mon livre sur le célibat sacerdotal, je raconte comment de nombreux prêtres qui partent « pour se marier » ont tendance à se justifier d’un point de vue spirituel.
Il n’est pas rare que les prêtres qui se marient se présentent comme étant « pressés » par une volonté divine d’accomplissement supérieur, fruit de l’Esprit Saint et d’une longue et lente maturation spirituelle, en oubliant totalement que, en dépit de leur sincérité, cette décision est d’abord une rupture avec la promesse faite le jour de leur ordination diaconale.
Il serait plus courageux et profitable qu’ils assument leur incapacité à tenir leur promesse, et ce d’autant plus que c’est d’abord ainsi que leur nouvel « appel » est perçu de l’extérieur.
Ce déni de réalité est assez pénible. Il devient urticant lorsque le prêtre en question essaie de donner à sa cause une ampleur prophétique. Dans le cas présent, David Gréa semble enrôler le pape, comme une sorte d’arbitre ou de caution. Assez osé, je trouve.
De plus, il ne s’agit pas sans doute seulement d’une rupture de promesse au sujet du célibat, mais probablement aussi d’une rupture de la promesse d’obéissance faite à l’évêque, faite à l’ordination diaconale et réitérée lors de l’ordination sacerdotale. (…)
Enfin, de nombreux prêtres qui partent pour se marier semblent animés d’une sorte de désinvolture spirituelle, d’une forme d’aveuglement de ce que leur décision peut ébranler dans la vie des autres. Tous, nous avons à assumer des engagements parfois coûteux pris dans l’enthousiasme de la jeunesse, qu’il s’agit d’honorer en des moments plus rudes.
Je pense à cette épouse qui doit accompagner son mari malade d’un cancer. Je pense à ce mari qui doit accompagner sa femme dans la vieillesse. Je pense à ces parents qui se sont engagés, par l’adoption, à éduquer un enfant blessé, et qui lui conservent leur amour et leur soutien en dépit de mille épreuves.
Chacun de ces engagements est lourd, et s’appuie sur la fidélité d’autres compagnons de route, et en particulier les hommes et les femmes consacrés à Dieu, qui sont affrontés eux aussi à des combats, et qui sont des guides inspirants. Nous pouvons accepter qu’ils chutent, mais alors nous voulons l’aveu de leur péché, de leur faiblesse, non pas une revendication fière.
Dans l’Eglise, chacune de nos luttes spirituelles les plus cachées ont un impact sur la vie du Corps. A fortiori nos actes publics (et la parole selon laquelle nous les assumons, redoublée de portée s’il s’agit d’un prêtre au fort charisme) ont une valeur de témoignage et de contre-témoignage, non seulement pour les baptisés, mais aussi pour les autres.
Je prie pour que David Gréa, même s’il devait persister dans sa décision, puisse prendre conscience du trouble qu’il a pu causer. De notre côté, luttons chacun à notre place, et intercédons pour que ce prêtre revienne dans le « réel ».
>>> Et cette très juste réaction de Pierre Martineau : « Et pour le Père Gréa : qui suis-je ? »
>>> Cet éditorial de Mgr François Duthel, curé de « La Rédemption St Joseph, paroisse, Lyon »
>>> Cet article de réflexion d’Aline Lizotte : « L’abbé David Gréa pris au piège de son style new look »
D. A.