Cet évangile et son contexte
Les deux chapitres concernant l’enfance de Jésus ont été ajoutés lors de la rédaction finale. L’Évangile de Matthieu s’ouvre donc sur la personne du Baptiste qui remplit tout le chapitre 3. Il proclame une parole de conversion, donne un baptême d’eau, secoue pharisiens et sadducéens en les traitant d’engeance de vipères, et annonce un baptême dans l’Esprit Saint et le feu donné par un Messie juge qui vient « derrière » lui. À la fin du chapitre, il donne le baptême d’eau à Jésus après une tractation tout orientale. On remarquera que le chapitre commence par l’annonce du royaume des Cieux tout proche, et s’achève sur les cieux ouverts d’où descend l’Esprit Saint accompagné de la voix du Père… scène que nous reprendrons pendant le temps de Noël.
Le dernier des prophètes
Jean-Baptiste « paraît » dans sa mission de prophète. Le verbe est employé très fréquemment par Jean dans son prologue. C’est comme une entrée en scène, où J-B accomplit l’annonce d’Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur »… Issu du désert, il porte toutes les marques prophétiques : vêtement, ceinture, ascèse, nourriture, parole rugueuse, mais à double face (sauterelles et miel) :
– dureté de l’annonce de Jean-Baptiste : la colère qui vient. Son appel à la conversion prépare au Jugement. Sa perception du Messie est celui d’un Juge qui va faire le tri à partir des actes ;
– douceur de la réalisation par Jésus. Plus tard, de sa prison, il fera poser à Jésus la question : « es-tu celui doit venir ? » (Mt 11, 1-15). Car le baptême d’Esprit et de feu révèle la miséricorde…
Baptême d’eau et baptême d’Esprit
Jean-Baptiste achève sa prédication en accomplissant un acte qui scelle l’engagement à la conversion et au retour à l’Alliance : le baptême de l’eau. Dans le judaïsme, les ablutions rituelles étaient nombreuses et les gens s’aspergeaient eux-mêmes à chaque fois qu’ils souhaitaient entrer en communion avec le Dieu saint. Le prophète l’utilise ici pour signifier qu’un converti a été purifié de tout ce qui l’empêchait de vivre dans l’Alliance. Ce ne sont plus les croyants et les croyantes qui se purifient, mais Dieu par l’intermédiaire d’un ministre effectuant le rite. Jean, reconnaissant qu’il est seulement humain, sait qu’il est incapable d’enflammer la conscience humaine. Seul le Messie, l’homme-Dieu, peut effectuer un baptême efficace capable de transmettre l’Esprit Saint qui embrasera l’esprit des personnes.
Le Messie sur qui repose l’Esprit Saint
Justement, la liturgie nous fournit en contrepoint la prophétie du « rameau sorti de la souche de Jessé »… « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur, esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur qui lui inspirera la crainte du Seigneur. » À l’époque d’Isaïe, quand on parle de « crainte de Dieu », cela veut dire une attitude filiale, faite de confiance et de respect. Le roi-messie, quand il viendra, se conduira envers Dieu comme un fils, c’est-à-dire qu’il gouvernera son peuple comme Dieu le veut. Plus encore, il est le Fils qui vient partager sans mesure l’Esprit divin à ceux dont il partage la condition.
La Révélation transmise dans l’Écriture est « une »
« Tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que nous ayons l’espérance » affirme Paul dans l’extrait de la lettre aux Romains choisi par la liturgie. Être convaincu que l’Écriture n’a qu’un but, celui de nous instruire, qu’elle est pour nous source d’espérance, c’est la meilleure clé pour l’aborder. À partir du moment où nous abordons la Bible avec cet a priori positif, les textes s’éclairent. Pour le dire autrement, l’Écriture est toujours Bonne Nouvelle. Aussi l’apparition de Jean-Baptiste aiguise-t-elle notre espérance d’entrer dans le Royaume des Cieux. « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui » (Mt 11,11).