Écouter l’homélie du dimanche 16 février 2014, sixième dimanche dans l’année, à la paroisse Saint Aubin (72).
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers frères et soeurs,
L’Evangile de ce dimanche fait encore partie de ce qu’on appelle le “discours de la montagne”, la première grande prédication de Jésus. Aujourd’hui le thème est l’attitude de Jésus à l’égard de la loi juive. Il affirme: « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17). Jésus ne veut donc pas supprimer les commandements que le Seigneur a donnés par Moïse, mais il veut les porter à leur plénitude. Et il ajoute tout de suite après que “l’accomplissement” de la Loi demande une justice supérieure, une observance plus authentique. Il dit en effet à ses disciples : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. » (Mt 5,20).
Mais que signifie ce « plein accomplissement » de la Loi ? Et cette justice supérieure, en quoi consiste-t-elle ? Jésus nous répond avec quelques exemples – Jésus était pratique, il parlait toujours avec des exemples pour se faire comprendre. Il commence par le cinquième commandement du décalogue : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’… Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal.» (vv. 21-22). Par là, Jésus nous rappelle que les paroles aussi peuvent tuer ! Quand on dit d’une personne qu’elle a une langue de vipère, que veut-on dire? Que ses paroles tuent ! Par conséquent, non seulement il ne faut pas attenter à la vie du prochain, mais il ne faut pas non plus déverser sur lui le poison de la colère ni le frapper avec la calomnie. Ni dire du mal de lui. Nous arrivons aux médisances : les médisances, aussi, peuvent tuer, car elles tuent la renommée des personnes ! Il est si laid de médire ! Au début cela peut sembler une chose agréable, même plaisante, comme sucer un bonbon. Mais à la fin, cela nous remplit le cœur d’amertume, et nous empoisonne nous aussi. Je vous dis la vérité, je suis convaincu que si chacun de nous prenait la résolution d’éviter les médisances, à la fin il deviendrait saint ! C’est une belle route ! Voulons-nous devenir saints ? Oui ou non ? [Foule: Oui!] Voulons-nous vivre attachés aux médisances comme à une habitude ? Oui ou non ? [Foule : Non !] Alors nous sommes d’accord : pas de médisances ! Jésus propose à celui qui le suit la perfection de l’amour : un amour dont l’unique mesure est de ne pas avoir de mesure, d’aller au-delà des calculs. L’amour du prochain est une attitude tellement fondamentale que Jésus va jusqu’à affirmer que notre rapport avec Dieu ne peut être sincère si nous ne voulons pas faire la paix avec le prochain : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère. » (vv. 23-24). C’est pourquoi nous sommes appelés à nous réconcilier avec nos frères avant de manifester notre dévotion au Seigneur dans la prière.
De tout cela, on comprend que Jésus ne donne pas d’importance à l’observance disciplinaire et à la conduite extérieure seules. Il va à la racine de la Loi, visant surtout l’intention, c’est-à-dire le cœur de l’homme, d’où nos actions bonnes ou mauvaises prennent leurs origines. Pour obtenir des comportements bons et honnêtes, les normes juridiques ne suffisent pas, mais il faut des motivations profondes, expression d’une sagesse cachée, la Sagesse de Dieu, qui peut être accueillie grâce à l’Esprit Saint. Et nous, par la foi en Christ, nous pouvons nous ouvrir à l’action de l’Esprit, qui nous rend capables de vivre l’amour divin.
A la lumière de cet enseignement, chaque précepte révèle sa pleine signification comme exigence d’amour, et tous se rejoignent dans le plus grand commandement : aime Dieu de tout ton cœur et aime ton prochain comme toi-même.