Jésus guérit l’aveugle-né

SUS LUMIÈRE DU MONDE

Qui est responsable de la maladie ? — Jn 9, 1-5 — Ni lui, ni ses parents n’ont péché. D’une part, Jésus brise tout lien entre la maladie et le péché. Ce ne sont pas nos offenses faites à Dieu qui le pousseraient à nous envoyer des maladies. D’autre part, Jésus établit la liberté personnelle de l’homme, comme l’avait déjà établi le prophète Ezéchiel (18). L’homme n’a pas à payer les pots cassés des actes de sa lignée familiale.

La guérison, c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Dieu ne cesse de tirer le bien du mal, il fait reposer sur nous ses bienfaits indépendamment de notre dignité et de nos capacités. L’aveugle-né n’avait pas demandé à être guéri, et Jésus l’a guéri « afin que l’action de Dieu se manifeste en lui ».

Une guérison qui évoque le baptême — Jn 9, 6-7 — La Lumière, la vérité de l’Amour qui se manifeste en Jésus illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1, 9). Jésus dira plus loin dans l’Évangile : « Moi la lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres… » (12, 46).

Il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. La façon de faire de Jésus peut évoquer la Genèse, où Dieu a modelé l’homme avec la glaise du sol. La guérison de l’aveugle serait alors une nouvelle création… accomplie par Jésus-Siloé, l’Envoyé, notamment à travers le baptême (va te laver).

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RÉACTIONS, BAVARDAGES, TÉMOIGNAGES

Les voisins et connaissances — Jn 9, 8-12 — L’aveugle guéri est d’abord interrogé par la foule étonnée – ils ont vu le miracle et l’interrogent – puis par les docteurs de la loi ; ces derniers interrogent aussi ses parents. À la fin l’aveugle guéri parvient à la foi, et c’est la grâce la plus grande qui lui est faite par Jésus : non seulement de voir, mais de Le connaître, de Le voir comme « la lumière du monde » (Jn 9,5).

Ce mendiant guérit refuse de se dérober aux questions posées : c’est bien moi. Ou encore à propos de l’identité Jésus : je ne sais pas. Ses réponses sont factuelles. Il est tout d’une pièce, et c’est sans doute ce qui va lui permettre de franchir les différentes étapes qui vont le mener à la fois en Jésus.

Les pharisiens — Jn 9, 13-17 — Enfermés dans leurs présomptions, ils croient déjà avoir la lumière ; à cause de cela ils ne s’ouvrent pas à la vérité de Jésus. Ils font tout pour nier l’évidence. Ils mettent en doute l’identité de l’homme guéri ; puis ils nient l’action de Dieu dans la guérison, en prenant comme excuse que Dieu n’agit pas le samedi ; ils accusent Jésus d’être un pécheur ; ils en arrivent même à douter que l’homme soit né aveugle. Leur fermeture devient agressive et aboutira à l’expulsion de l’homme guéri du temple.

Les parents — Jn 9, 19-23 — Comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. Les parents, tout en témoignant de la guérison de leur fils, se défilent sur les causes, ou plutôt sur l’identité de l’auteur de la guérison. On ne peut qu’être frappé par le nombre de fois où l’interrogation Comment ? apparaît au cours de l’ensemble de ces débats (vv. 10, 16, 19, 21, 16). Comment la guérison s’est-elle accomplie ? C’est-à-dire qui l’a accomplie ? C’est bien la réponse que l’aveugle guéri va finir par donner, alors même que d’autres s’y refusent.

LE CHEMINEMENT DE L’AVEUGLE GUÉRI VERS LA FOI

Il se déclare disciple de Jésus et se fait exclure — Jn 9, 24-34 — Jésus a opéré cette guérison un jour de Sabbat, violant la prescription du repos en faisant de la boue sur le sol. C’est donc qu’il est un pécheur ! Entre Jésus et Moïse, les pharisiens choisissent Moïse. Mettre en question la Loi serait se mettre en question eux-mêmes. Et de peur d’avoir à accepter que certaines prescriptions de la Loi puissent être aménagées, ils préfèrent s’enfermer dans le refus que cette guérison puisse être une œuvre de Dieu.

L’aveugle guéri croit en Jésus — Jn 9, 35-38 — Crois-tu au Fils de l’homme ? Le chemin de l’aveugle est un parcours à étapes, qui part de la connaissance du nom de Jésus. Il ne connaît rien de Lui ; en effet il dit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux » (v. 11). Après les questions pressantes des docteurs de la loi, il le considère d’abord comme un prophète (v. 17) et puis un homme proche de Dieu (v.31). Après qu’il ait été éloigné du temple, exclu de la société, Jésus le trouve de nouveau et lui « ouvre les yeux » pour la seconde fois, en lui révélant son identité : « Je suis le Messie », lui dit-il. À ce moment-là celui qui avait été aveugle s’exclame : « Je crois, Seigneur ! » (v. 38), et se prosterne devant Jésus.

Les pharisiens s’enferment dans leur refus — Jn 9, 39-41 — « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles ». Le long récit s’ouvre par un aveugle qui commence à voir, et se ferme – cela est curieux – avec des voyants présumés qui continuent à rester aveugles dans leur âme. Celui qui reconnaît qu’il doit sa vue et sa foi au Christ, vient définitivement à la lumière. En revanche, celui qui pense être voyant et bon croyant par lui-même et sans en être redevable à la grâce, celui-là est déjà aveugle et le sera définitivement.

Et voici l’appel que Jésus lancera un peu plus loin (Jn 12, 35-36) et qui est une belle conclusion : « Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière »