Jésus, le chemin, rencontre la Samaritaine

JÉSUS, LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE

Angelica Kauffmann (1741-1807), Jésus et la Samaritaine au puits (1796, huile sur toile), Neue Pinakothek (Nouvelle Pinacothèque), Munich, Allemagne.
L'année A du cycle liturgique, nous lisons au cours des 3è, 4è, et 5è dimanches du Carême, trois chapitres de l’Évangile selon st Jean (4, 9, 11). Trois parcours de foi… Comment ne pas penser à son affirmation : « JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE » (Jn 14, 6). La Samaritaine, l’aveugle-né, Marthe et Marie, Jésus les fait cheminer jusqu’à une foi vivante, il les éclaire de sa lumière, il les fait revivre.

Jésus prend le chemin de la rencontre

Un chemin — Jn 4, 3-6 — “Il lui fallait traverser la Samarie ». Géographiquement, il lui aurait été plus facile de suivre la vallée du Jourdain, de remonter le Jourdain. C’est donc sur la base d’un discernement et d’un accueil de la volonté divine que Jésus se rend en Samarie, et qu’il va se trouver en plein midi, seul, au puits de Jacob. La présence de Jésus est préméditée, et il se rend disponible à la personne qui se trouve sur son chemin.

Un accueil mutuel — Jn 4, 7-10 — Jésus est réellement dans une attitude de pauvreté par rapport à cette femme : il est fatigué par la route, il s’est assis près du puits. Il est midi, il fait chaud ; Jésus a faim et soif. Jésus réclame à boire. Lui qui veut donner l’eau vive de l’Esprit commence par demander. Il ouvre cette femme à sa propre soif. Le fond de la démarche de Jésus, c’est d’éveiller la liberté de cette femme.

Passer de la soif terrestre au désir de la vie éternelle — Jn 4, 11-15 — Aux questions posées par la femme, Jésus ne donne pas de réponse ; il ne discute pas avec elle. Il continue à affirmer une vérité première : l’eau d’ici-bas ne peut satisfaire le désir infini du cœur humain, seule l’eau vive de l’Esprit peut faire entrer dans la dimension de l’éternité. Malgré le grand décalage dans le dialogue, Jésus prépare la Samaritaine à accueillir pleinement ce qu’il veut lui donner.

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Jésus provoque à des conversions

Faire la vérité dans sa vie — Jn 4, 16-20 — Jésus se permet directement une provocation : « Va, appelle ton mari, et reviens ici ». Jésus, sans doute, est en train de s’engouffrer dans le désir qui s’éveille dans le cœur de cette femme. Il rétablit la vérité avec délicatesse : « celui avec qui tu vis n’est pas ton mari. En cela tu dis vrai ». Reconnaître le péché, c’est la condition de base pour accueillir l’amour. À Charles de Foucauld qui demandait à être instruit de la foi, l’abbé Huvelin dit : « Mettez-vous à genoux, repentez-vous de vos péchés et vous croirez ».

Adorer Dieu en Esprit et Vérité — Jn 4, 21-26 — A cette femme qui lui demandait s’il fallait adorer Dieu au temple situé sur le Mont Garizim, en Samarie, ou bien au temple situé à Jérusalem, Jésus lui dit : « Au fond, ce n’est pas la question ; l’heure vient et c’est maintenant où les vrais adorateurs adoreront le Père dans l’Esprit et la Vérité. Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent, c’est dans l’Esprit et la Vérité qu’ils doivent adorer ». La Samaritaine pressent que c’est là son besoin secret, son désir le plus profond. À travers l’écoute des paroles de Jésus, elle fait déjà l’expérience de l’eau vive « jaillissant en vie éternelle ».

Jésus cherche des témoins

Critère de la conversion : l’apostolat — Jn 4, 27-30 — La cruche laissée au bord du puits marque combien cette Samaritaine a été bouleversée par ce qu’elle a entendu de Jésus. Elle quitte ses préoccupations qui étaient purement matérielles, elle quitte son ancienne vie, à vrai dire, pour entrer dans une vie nouvelle. Elle a reçu l’eau vive qui commence à étancher sa soif la plus profonde par l’ouverture de la source dans son cœur. Ainsi, cette femme touchée par Jésus, convertie, devient une apôtre fervente.

La faim d’accomplir la mission — Jn 4, 31-34 — Dans le dialogue avec les disciples de retour des courses,

* Jésus révèle de quoi il vit, sa nourriture : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (v. 34). Jésus et la Samaritaine sont maintenant alignés sur la même nourriture..

* Jésus dit aussi que sa nourriture, c’est de « mener son œuvre à son achèvement ». C’est ce que Jésus vient de vivre avec la Samaritaine, et c’est le contenu même de l’action de l’Église dans le temps : évangéliser. C’est là l’œuvre du Père qu’il s’agit d’accomplir.

La moisson et la récolte

Maturation, prédécesseurs et successeurs — Jn 4, 35-38 — “Encore quatre mois et vient la moisson ». Ce dicton laisse entendre qu’on a encore le temps. Or Jésus affirme : c’est une erreur. « Regardez, les champs sont blancs pour la moisson » (v. 30) : les Samaritains sortent de la ville et se dirigent vers Jésus.

« Je vous ai envoyés moissonner », dit Jésus (v. 38). Telle est la présentation qui est faite de la mission dans l’Évangile selon St Jean : Jésus envoie ses disciples cueillir une moisson mûre. Ils vont récolter, rassembler les fruits pour la vie éternelle (v. 36), c’est-à-dire les hommes que le Père attire.

Le Sauveur du monde — Jn 4, 39-43 — Dans cette œuvre, le rôle de la Samaritaine est important. Le rôle du converti-témoin, ce rôle demeure essentiel pour amener ses frères à la foi. Le converti d’aujourd’hui, souvent un homme ou une femme blessés par les errances de la vie, accepte sans fausse pudeur de partager « tout ce que j’ai fait », rendant gloire à Jésus de l’avoir désaltéré à l’eau vive de la miséricorde du Père.

Cet évangile, comme les deux suivants, est une catéchèse baptismale : pour accompagner les catéchumènes vers leur baptême ; et pour préparer les « anciens » baptisés à s’émerveiller à l’écoute de l’Annonce pascale et à renouveler leur profession de foi baptismale dans la joie. 

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