Jésus, le Fils bien-aimé

Baptême du Seigneur C — (Lc 3, 15-16.21-22)

Cette fête du baptême du Seigneur clôt le cycle de Noël dans la liturgie. Mais l’Épiphanie inclut les trois mystères de l’adoration des Mages, du Baptême du Seigneur et des noces de Cana (année C). La fête du Baptême du Seigneur est donc aussi une manifestation. Un double témoignage rendu à Jésus : celui, humain, que rend Jean le Baptiste ; et le témoignage divin que le Père et l’Esprit rendent au Fils, garantie que cet homme appartient bien à la Trinité divine : il est le Fils bien-aimé.

Tous se demandaient si Jean n’était pas le Christ

C’est la qualité de la proclamation de Jean Baptiste qui a incité le peuple à s’interroger sur son identité. Les représentations messianiques à l’époque étaient variées (messie royal, sacerdotal, ou autre). C’est à partir de la manière dont Jean vivait et parlait, de son ascendant, que la plupart se posent la question de son rôle eschatologique, lui-même ayant d’ailleurs annoncé la proximité du jugement. Malheureusement, sa mission se termine avec son emprisonnement (3,19- 20).

Celui qui vient après lui n’est pas seulement plus fort, mais aussi plus grand que lui. Par le statut, car Jean n’est pas digne de dénouer la courroie de sa sandale ; par la mission, car le baptême offert par celui qui vient sera plus efficace, baptême dans l’Esprit Saint et le feu ; on ne peut que penser à l’épisode de la Pentecôte en Ac 2.

La scène du baptême

Le baptême de Jésus n’est évoqué par Luc qu’en deux brefs versets. Luc semble surtout vouloir marquer, sans commentaire, que Jésus est manifesté comme Fils :

  • dans un geste d’étroite solidarité avec « tout le peuple ». S’il reçoit le baptême, c’est parce qu’il veut intercéder pour les pécheurs (Is 53,12) et manifester sa solidarité avec les repentants. Comme il dira plus tard, « je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu’is se convertissent » (Lc 5,32).
  • dans une attitude de prière et d’accueil : en signalant que Jésus était en prière, Luc laisse entendre que la voix divine est une réponse : grâce à elle Jésus sait être le bien-aimé de Dieu, et avoir son soutien ;
  • dans la vision des cieux ouverts. Les cieux étaient fermés et Israël attendait que Dieu vienne à son secours (« Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais », Is 63,19). Par l’ouverture des cieux et la venue de l’Esprit sous la forme d’une colombe sur Jésus, Dieu répond à cette attente, afin qu’il puisse mener à bien sa mission de salut.

Écouter l’homélie

Tu es mon Fils bien-aimé, en qui je me complais

Le moment du baptême est une révélation faite directement par Dieu. Jésus a entendu cette voix qui le proclame Fils (cf. aussi 3,38 ; 4,3.9). Cette scène est l’intronisation solennelle de Jésus, revêtu de l’Esprit-Saint et confirmé dans sa qualification de Fils, au sens messianique du Psaume 2 : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (v.22)1. Il s’agit dans ce psaume du sacre d’un roi qui reçoit de Dieu mission de soumettre les nations jusqu’aux extrémités de la terre.

Pour Luc, Jésus ne devient pas Messie ou Fils au baptême. On le sait depuis l’énoncé de l’archange Gabriel (Lc 1,32). Mais c’est au baptême que la voix céleste le notifie à Jésus lui-même. La voix divine donne l’aval à sa mission, et l’Esprit le revêt de puissance pour l’accomplir. Jésus ne devient pas le fils de Dieu au baptême, il devient en revanche le fils de Dieu qui a reçu la force de l’Esprit.

Une théophanie trinitaire

Nous contemplons le Père, le Fils et l’Esprit, révélés au monde lors du baptême de Jésus. Ils sont inséparables parce qu’ils sont relation intime d’amour. Le ministère rédempteur du Christ en faveur des hommes est le fruit de la vie d’intimité du Fils avec le Père et l’Esprit. Il n’est donc pas étonnant que la mission de Jésus débute, temporellement, par une manifestation de l’Esprit liée à son Baptême. Jésus est maintenant rempli de l’Esprit. L’Esprit peut nous être donné à partir du Fils parce qu’il habite souverainement en lui.

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes (Tt 2,11)


1La citation comporte l’adverbe aujourd’hui, cher à Luc : elle lui permet, par ce trait, de signifier l’irruption dans le temps des hommes de la parole du Père, qui en révélant la présence et l’identité du Fils et en le chargeant de mission ouvre l’ère nouvelle du salut.