La climatologue Judith Curry

La climatologue Judith Curry met en garde la chambre des représentants US au sujet de la politique climatique du Président Obama.

Une traduction de l’essentiel de la déclaration de la climatologue Judith Curry auprès de la Chambre des Représentants US (l’équivalent de la Chambre des Députés française) au sujet des engagements pris par le Président Obama auprès de l’ONU (sans consultation préalable du congrès US), prononcée lors de sa séance du 15 Avril 2015. L’original de cette déclaration est ici.

En effet, ce texte qui émane d’une professionnelle chevronnée et reconnue dans le domaine de la climatologie, résume parfaitement et de manière aisément accessible, notamment pour un personnel politique non spécialiste de ces questions, l’essentiel des anomalies ou/et des incertitudes qui affectent actuellement « l’épineuse question » du « changement climatique » (que Judith Curry qualifie volontiers de « wicked problem », un problème pernicieux).

De fait, la déposition de Judith Curry me semble emblématique des informations qui pourraient être utilement communiquées à nos propres responsables politiques et notamment à ceux qui se sont engagés dans le processus d’organisation de la COP21 qui se tiendra à Paris en cette fin d’année.

Vous retrouverez ici, clairement résumés par la plume de Judith Curry, un certain nombre des constats factuels sur l’évolution des températures, sur celle des glaces polaires, sur les divergences entre les modèles et les observations, sur l’exagération de la sensibilité climatique au CO2, sur le prise en compte croissante de la variatibilité naturelle, longtemps négligée, et plus généralement sur l’état de la science climatique que j’ai fréquemment évoqués au cours de mes précédents billets.

Judith Curry a fait précéder le texte de sa déclaration par le bref résumé que voici :

« Les points principaux : 

La recherche et les données récentes vont dans le sens de l’importance de la variabilité naturelle du climat. Ils remettent en question la conclusion que les humains sont la cause principale du changement climatique récent. 

• La suspension du réchauffement climatique depuis 1998.
• Les estimations à la baisse de la sensibilité du climat au dioxyde de carbone.
• Les modèles climatiques prédisent beaucoup plus de réchauffement que celui qui a été observé au début de ce XXIe siècle.

Nous (NdT : La communauté des climatologuesle GIEC etc.) avons fait plusieurs choix qui posent problème quant à la définition de la situation du changement climatique et aux remèdes à y apporter.

• La définition d’un changement climatique « dangereux » est ambiguë et suppose l’existence de points de basculement catastrophiques qui sont considérés comme très peu, ou extrêmement peu, probables au cours du XXIe siècle. 

Les efforts poursuivis dans le but d’établir un lien entre les catastrophes résultant des extrêmes climatiques avec le réchauffement climatique causé par l’homme, sont trompeurs et ne sont pas supportés par les observations.

• Le changement climatique est un problème épineux qui est mal adapté à une solution de « commandement et de contrôle ».

 Il a été estimé que l’engagement des USA (INDC, Intended Nationally Determined Contribution) d’une réduction de 28% des émissions, réduirait de 0,03°C le réchauffement en 2100 (NdT : soit une baisse de quelques millièmes de degré pour des mesures équivalentes prises par la France). 

Le caractère inadapté des politiques engagées qui reposent sur le Principe de Précaution laissent totalement sans solution les conséquences réelles du changement climatique et des événements météorologiques extrêmes (que ceux-ci résultent de la variabilité naturelle ou soient causés par l’humanité) :

• Nous devrions élargir le cadre de pensée pour la politique climatique et nous devrions fournir aux décideurs un choix plus vaste d’options lorsqu’il s’agit de gérer les risques liés au changement climatique.

• Des solutions pragmatiques reposant sur des efforts pour accélérer l’innovation en matière d’énergie, pour accroître notre résilience aux événements météorologiques extrêmes et pour poursuivre des mesures effectives de réduction de la pollution, ont des justifications indépendantes de leurs bénéfices en terme d’atténuation du changement climatique et d’adaptation. »

On peut lire les extraits de la déposition de Judith Curry sur le site http://www.pensee-unique.fr/news.html#indc

Le Docteur Judith Curry est Professeur et ex-Directrice de l’Ecole des Sciences de l’Atmosphère et de la Terre de l’Institut de Technologie de Géorgie. Elle est Présidente du Réseau des Applications des Prévisions Météorologiques (CFAN). Le Dr Curry a reçu son diplôme de doctorat es Sciences de l’Atmosphère à l’Université de Chicago en 1982. Avant de rejoindre la faculté Tech. de Géorgie elle a occupé des postes académiques à l’Université du Colorado, à l’Université de Pensylvanie et à celle de Purdue. La recherche du Dr. Curry porte sur toute une série de sujets en relation avec le climat. Ses recherches actuelles portent sur les interactions atmosphère/océans, sur les processus de rétroaction associés aux nuages et aux mers glacées ainsi que sur la dynamique climatique des ouragans. Elle est une personnalité publique reconnue pour les questions qui traitent de l’intégrité dans le domaine de la climatologie et elle est propriétaire du weblog Climate Etc. judithcurry.com. Le Dr Curry a récemment participé au NASA Advisory Council Earth Science Subcommittee, au DOE Biological and Environmental Research Advisory Committee, au National Academies Climate Research Committee and the Space Studies Board et au NOAA Climate Working Group. Le Dr Curry est membre élu de l’American Meteorological Society, de l’American Association for the Advancement of Science, et de l’American Geophysical Union.

Vidéo Youtube du témoignage de Judith Curry