Jean-Marie Guénois, journaliste au Figaro, revient sur l’affaire Santier : « Affaire Santier : comment l’épiscopat catholique français a finalement reconnu un «mensonge» »
Il pointe les insuffisances de la Conférence épiscopale :
Le «peuple de Dieu» puisque ce mot a été remis au goût du jour par François et qu’il est donc dans les discours épiscopaux, a bon dos mais le «peuple de Dieu» n’est pas idiot. Le niveau moyen d’études des pratiquants aujourd’hui, surtout citadins mais partout, équivaut largement à celui d’un prêtre devenu évêque. Jouer à cache-cache dans l’illusion de maîtriser aujourd’hui l’information est anachronique. Les réseaux sociaux courent plus vite que les agences de presse. Il est devenu quasiment impossible de « tenir » une information. Ne parlons pas d’un scandale. Tôt ou tard, il sort. Par ailleurs les gens – les mobilisations des laïcs l’ont démontré – font parfaitement la différence entre une affaire touchant une personne et une affaire mettant en cause une institution, la conférence des évêques en l’occurrence. Et, quels que soient les tours de passe-passe qui n’ont peut-être pas existé, mais tout de même l’épiscopat à tout fait pour retarder la sortie de l’affaire Santier après la conférence de Lourdes…, les gens ne se laissent pas tromper. L’ancrage de la culture du secret : c’est sans doute le fil directeur de toute cette affaire, son fil rouge. La culture du secret, est une glu, elle empêtre les évêques. Ils semblent avoir pris à Lourdes des mesures pour encore réduire cette culture du secret, cet «entre soi», tant à Rome, qu’entre eux. Cela reste à voir.
Je soulignais ce grave problème dans la seconde partie d’une conférence donnée en 2016 et publiée sur le blog sosdiscernement.org en 2018 (« Transparence dans l’Église, où mettre le curseur ?« ) ; cette seconde partie était intitulée : les impasses de la posture communicationnelle de l’Église…
ÊTRE FACTUELLEMENT CLAIR ET TRÈS PRÉCIS DANS LA COMMUNICATION, C’EST DÉNONCER, ET QUELQUEFOIS JETER EN PÂTURE LA RÉPUTATION DES PERSONNES.
ET POURTANT, CETTE ATTITUDE DE VÉRITÉ EST LA SEULE À DONNER LA POSSIBILITÉ DE RÉPARER ET DE CONSTRUIRE.