La louange sans cesse renouvelée dans notre prière personnelle et communautaire est prière de foi. Elle confesse la victoire de Jésus sur toute puissance de mal et de mort. Elle est une pierre de touche de la foi en Jésus Sauveur et Seigneur.
« Il n’est certes pas question de louer Dieu pour le malheur qui nous frappe ou le mal qui nous enserre de toutes parts, mais de reconnaître dans une louange qu’il faut parfois s’arracher du cœur, qu’il est notre Dieu, plus fort que le mal. […] Ce n’est pas une prière facile… Pour Jésus lui-même, le « c’est toi ma louange dans la grande assemblée » du Ps 22 commence par le « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Georgette Blaquière, Pentecôte c’est aujourd’hui, p. 39).
Entrer dans la louange n’est donc pas l’affaire d’une sensibilité charismatique. C’est l’aboutissement d’une croissance de la foi suscitée par le Saint-Esprit. C’est une dimension de la prière qui « perce » et s’épanouit un beau jour jusqu’à marquer toute la prière.
Mais qu’est-ce donc que la louange ? Nous pouvons en emprunter la définition à l’auteur de la Lettre aux Hébreux qui nous recommande : « Par Jésus, offrons à Dieu en tout temps un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom » (He 13, 15). Ce verset souligne bien que la louange est un acte de foi en Jésus, exprimé à haute voix… Nous confessons la présence de Jésus, son amour, sa victoire sur le mal… sa Résurrection…
Vivre la louange au quotidien
* C’est d’abord le matin que nous avons la possibilité d’entrer dans la louange. Il suffirait de prendre l’habitude, dès son lever, de commencer en quelques mots- à bénir Dieu pour ce qu’il est : Père, Miséricorde, Bonté, Tendresse.- Ensuite de le bénir pour ce qu’il a fait de moi par les sacrements reçus : le baptême, la confirmation, le mariage pour certains, l’ordre pour d’autres… car c’est la réalité la plus profonde de ma personne.- Enfin le bénir pour tout ce qu’il a préparé pour ce jour, tous les événements qui vont se produire et qui seront guidés par sa main. C’est vraiment une prière de foi. « Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions » (Ep 2, 10).
* C’est ensuite tout au long du jour que notre cœur peut rester dans la louange. « Que vos louanges exaltent le Seigneur… ne vous lassez pas, car vous n’en finirez pas ! » (Si 43, 30).La louange exprime l’acceptation du présent, de ce qui advient ; dans ce sens, elle nous donne de vivre dans la paix. Elle proclame la Seigneurie de Jésus dans les moments difficiles de tentations, et nous donne ainsi de rester libres. Elle nous donne efficacement de sortir de nous-mêmes, afin d’être « donnés » en tout et à tous. « Priez sans cesse. En toutes circonstances, soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus » (1 Th 5, 16).
* Et c’est encore le soir que nous pouvons exprimer notre action de grâces pour l’amour reçu et vécu tout au long de la journée. Par la louange, nous nous unissons à la louange céleste qui s’élève constamment devant le trône de Dieu, selon les visions de Jean dans l’Apocalypse : « A Celui qui siège sur le trône, ainsi qu’à l’Agneau, la louange, l’honneur, la gloire et la puissance dans les siècles des siècles ! » (Ap 5, 12).
Les psaumes, lus à haute voix, ou priés en commun, sont la prière biblique de louange par excellence.
Mêler la louange à la prière de demande
La prière de louange exprime notre foi et la fortifie. C’est la raison pour laquelle la louange doit avoir sa place au cœur même de la prière de demande.
* Jésus lui-même en donne l’exemple lorsqu’il prie avant ce grand miracle du retour de Lazare à la vie : « Père, je te rends grâces de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours… » Cela dit, il s’écria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » (Jn 11, 41-43).
* Des dix lépreux que Jésus guérit à leur demande, un seul revient pour remercier Jésus, obtenant dans cette démarche son salut : « L’un d’entre eux, voyant qu’il avait été purifié revint sur ses pas en glorifiant Dieu à haute voix et tomba sur la face aux pieds de Jésus en le remerciant… Et il lui dit : Relève-toi, va ; ta foi t’a sauvé » (Lc 17, 15-18).
* Cette prière de demande mêlée de louange, saint Paul la nomme « prière pénétrée d’action de grâces » ; il la conseille et la demande dans la plupart de ses lettres : « Réjouissez-vous sans cesse… N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrée d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu… prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées… » (Ph 4, 4-7). Ou encore : « Soyez assidus à la prière ; qu’elle vous tienne vigilants, dans l’action de grâces. Priez pour nous en particulier, afin que Dieu ouvre un champ libre à notre prédication » (Col 4, 2-3).
La louange, c’est par excellence la prière dans l’Esprit
1. Le « Magnificat » (Lc 1,46-55), est la louange de l’Esprit Saint qui s’exprime à travers le cœur immaculé de Marie.
De cette prière de Marie, qui est un don de l’Esprit, nous pouvons tirer toute une orientation (un canevas) pour la louange, personnelle et communautaire, que nous adressons au Dieu qui vient :
* Louer Dieu, c’est reconnaître sa grandeur, et en tressaillir de joie. « GRAND est le Seigneur, toute ma vie le proclame, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur. Car il a regardé la pauvreté de sa servante. Oui, désormais bienheureuse me diront toutes les générations car il a fait pour moi de GRANDES CHOSES, le Tout-Puissant ». C’est donc rendre grâce pour son amour dans notre pauvreté. C’est le bénir pour son œuvre dans notre vie.
* Le cœur de la louange (« SAINT est son Nom ! ») c’est acclamer la sainteté de son amour, c’est reconnaître, dans la foi et malgré les apparences, que Dieu sanctifie son Nom aujourd’hui.
* Louer Dieu, c’est encore reconnaître sa miséricorde. « Et sa MISÉRICORDE (s’étend) de génération en génération à ceux qui le craignent… Il a déposé les puissants de leurs trônes et élevé les pauvres. Les affamés : il les a remplis de biens, et les riches il les a renvoyés mains vides. Il a secouru Israël son serviteur, se souvenant de sa MISÉRICORDE, comme il l’avait dit à nos pères… » Et reconnaître sa miséricorde, c’est rendre grâce pour sa justice en faveur des pauvres. C’est le bénir pour sa fidélité envers son peuple.
2. La prière dans l’Esprit se révèle encore lors de la Pentecôte.
Elle consiste à louer Dieu en publiant ses merveilles, publiquement. Cette prière jaillit de nos cœurs aussi bien en bon et intelligible français qu’en « langues », selon la promesse de Jésus en Mc 16,17 qui unit foi et prière en langues.
Louer le Seigneur en langues, accepter d’accueillir cette grâce, c’est se laisser aller à l’Esprit qui vient nous conduire sur un chemin plus grand de pauvreté. Nous avons besoin de la prière en langues. Elle s’épanouit dans un cœur d’enfant, de petit, de pauvre. À partir de l’amour du cœur, et non pas à partir des idées de la tête ; c’est l’une de nos difficultés de français cérébraux… Et c’est une prière de pauvreté que de prêter ses lèvres à l’Esprit afin qu’il y mette des paroles simples que l’on ne comprend pas.
3. L’eucharistie est par excellence la louange dans l’Esprit Saint.
* Une exclamation de louange commence la préface (« Vraiment, il est juste et bon de te rendre grâces… »), et la prière elle-même (« Tu es vraiment saint Dieu de l’univers… »)
* L’anamnèse suit, c’est-à-dire l’énumération des motifs de cette exclamation de louange. Les diverses prières eucharistiques (et surtout la 4°) racontent l’histoire du salut en y incluant la venue du Fils dans la chair, et les principaux moments de sa vie, ce qui entraîne le récit de l’institution de l’eucharistie…* La doxologie qui conclut la prière eucharistique exprime bien que l’offrande du Fils est la seule véritable louange qui rend tout honneur et toute gloire au Père : par lui, avec lui et en lui…
Puissance de la louange pour libérer la victoire de Dieu dans nos vies
* Le chapitre 20 du 2° livre des Chroniques est à lire, à méditer, à prier. On y lit comment le roi Josaphat, menacé par « une horde immense » de combattants, commença par proclamer un temps de jeûne et de prière pour tout le peuple. « Tous les Judéens se tenaient debout en présence de Yahvé… ». C’est alors que leur fut adressé, par la bouche d’un prophète, ce message : « Ce combat n’est pas le vôtre, mais celui de Dieu ». Le lendemain, Josaphat « plaça au départ, devant les guerriers, les chantres de Yahvé qui le louaient, vêtus d’ornements sacrés. ‘Louez Yahvé disaient-ils, car éternel est son amour…’ Au moment où ils entonnaient l’exaltation et la louange, Yahvé tendit une embuscade contre les Ammonites… qui se virent battus ». Cette confiance en Dieu manifestée par la louange obtient la victoire ; Dieu agit, il répond à son peuple… Ainsi, dans les circonstances difficiles, la prière, la supplication, deviennent le lieu d’une écoute de Dieu qui vient nous fortifier. La louange prolongée est un cri de confiance qui touche le cœur de Dieu et laisse le champ libre à son action…
* C’est cette même leçon que nous donne un passage des Actes des Apôtres. Paul et Silas sont en prison. Loin de se laisser accabler, ils continuent en pleine nuit de chanter les louanges de Dieu. C’est un tremblement de terre imprévu qui va les libérer… (Ac 16, 25 ss). La louange, lorsqu’elle habite notre cœur, manifeste une confiance inébranlable en Dieu. Il faut en demander la grâce…
« Si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux ». (Mt 18,19-20). Cette parole de Jésus s’applique aussi à la louange vécue en commun, pour demander une grâce particulière, dans des circonstances difficiles… Il y a là un chemin à explorer toujours plus avant, et à reprendre sans cesse.
D.Auzenet
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