Le baptême de feu

« Pour moi, je vous baptise dans l’eau en vue du repentir, mais celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne d’enlever ses chaussures. Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire. Il recueillera son blé dans le grenier, quant aux balles, il les consumera au feu qui ne s’éteint pas. » (Mt 3, 9)

« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé. C’est un baptême que j’ai à recevoir et comme cela me pèse jusqu’à ce que ce soit accompli. » (Lc 12, 49)

Baptême de feu annoncé par Jean, baptême d’Esprit que Jésus a reçu ou plutôt qui a été manifesté en Jésus. Il est évident que Jésus était en pleine union avec l’Esprit Saint dès avant son baptême au Jourdain. Mais l’Esprit a été manifesté par le baptême d’Esprit dans les eaux du Jourdain pour accomplir toute justice, c’est-à-dire pour passer du baptême d’eau, geste humain, symbole du retour de l’homme vers Dieu par la repentance, à la réalité profonde du don de l’Esprit Saint qui nous fait renaître, jusqu’au baptême de feu dans lequel Jésus sera lui-même plongé dans le mystère de la Pâque.

Paroles mystérieuses. À la Pentecôte, l’Esprit Saint va se manifester comme feu. Pour nous, quelquefois, les deux baptêmes coïncident. Je pense ici au texte du Mémorial de Pascal : « Dans la nuit, de dix heures du soir à deux heures du matin : Feu ! Joie, joie, pleurs de joie… Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, non pas Dieu des morts mais des vivants. »

Mais le plus souvent, le baptême de feu se passe dans un second temps, en dehors d’une illusion très fréquente qui est de croire que le baptême de feu va être un renouveau de ferveur, que notre cœur va devenir tout brûlant d’amour de Dieu et plein d’élan et de joie. David Duplessis, que l’on avait surnommé « Monsieur Pentecôte », raconte qu’il a un jour demandé au Seigneur : « Baptise-moi dans le feu », et qu’il a vécu ensuite une longue période de sécheresse. Il témoigne qu’il s’est passé ceci : se trouvant un jour dans la campagne, dans un endroit assez désolé, il s’est couché par terre et a demandé au Seigneur : « Seigneur, Seigneur, visite-moi, baptise-moi donc dans le feu ! Regarde, je ne suis qu’un pauvre type, je n’ai rien, je n’ai aucun ressort spirituel, je n’ai rien en moi, je suis fade, sec, pauvre. Je crie vers toi, Seigneur ! Quand donc vas-tu venir me baptiser dans le feu ? Me rendre cette ferveur première, cet élan vers toi, cet amour qui brûlait mon coeur au baptême d’Esprit ? » Le Seigneur lui a répondu : « C’est maintenant que tu es baptisé dans le feu ! C’est maintenant, à cet instant même où tu ne sens plus rien, où tu es complètement perdu et prosterné devant moi en disant : « Seigneur, prends pitié du pauvre que je suis », c’est maintenant que je te baptise dans le feu. »

Il s’agit donc, la plupart du temps, d’une expérience où notre cœur est tout brûlant – mais à un tout autre niveau d’une expérience dont l’essentiel va nous échapper au moment où nous la vivons ; nous serons peut-être comme anesthésiés par l’effet de la douce miséricorde de Dieu. Car Dieu, quand il se manifeste comme Feu, cache le pauvre dans la fente du rocher et l’abrite de sa main, comme il a abrité Moïse et Élie. Nous allons d’abord contempler Dieu qui est Feu et qui se manifeste comme un Feu puis nous regarderons quels en sont les fruits dans notre vie spirituelle, en particulier les points suivants : le don de la crainte, le jugement, un holocauste, une mission, une déification.

1. Dieu est FEU

Toutes les théophanies jusqu’à l’Apocalypse sont des théophanies de feu. Signes de la Gloire de Dieu mais surtout de sa Sainteté, source de sa Gloire. Dieu manifeste sa sainteté par le symbole du feu. Mystère à la fois attirant et redoutable de la sainteté de Dieu, de l’infini de la sainteté de Dieu s’accomplissant dans la miséricorde, dans l’infini de sa miséricorde. Ce sont les deux faces indissociables de Dieu : la miséricorde exprimant l’infini de la sainteté.

En Exode (3, 4-5), Moïse vit une sorte de feu qui ne consumait pas le buisson. Il voulut approcher, et il entendit une voix qui l’appelait : « Moïse, Moïse, ôte tes sandales. » On ne peut s’approcher du feu de Dieu qu’à son appel, non pas à notre initiative. Nous ne choisissons pas l’heure du baptême de feu. Nous ne choisissons pas l’heure de la visite de Dieu. C’est lui qui nous appelle. Il faut ôter nos sandales, il faut quitter la terre de nos esclavages qui colle à nos chaussures. Il faut quitter cela pour répondre à l’appel de Dieu, pour s’approcher de lui, pieds nus, dépouillés. Dans l’Ancienne Alliance, la plupart des théophanies manifestent par le feu la sainteté de Dieu : braise qui brûle les lèvres d’Isaïe, d’Ézéchiel, fournaise des trois jeunes gens qui chantent la gloire de Dieu…

Et Jésus est baptiseur dans le feu. Être baptisé dans le feu par Jésus, c’est être plongé par l’Esprit Saint dans l’infini de la sainteté de Dieu et y être plongé jusqu’au vertige, c’est-à-dire être plongé dans la folie de sa miséricorde, de son amour jaloux pour l’homme. Pour l’homme, pour chacun de nous, pour l’Église, pour l’humanité entière. Si nous sommes fils de Dieu, nous héritons de la sainteté de Dieu. Là se situe, je crois, au niveau de l’expérience, la différence avec le baptême d’Esprit.

Dans le baptême d’Esprit, j’ai découvert avec grande joie que Dieu est Père, qu’Il est Miséricorde, qu’Il est Tendresse et Pitié, qu’Il m’aime. Voilà la foi, non pas de croire que Dieu existe – les démons le croient – mais de croire que moi, j’existe pour Dieu. Le baptême d’Esprit nous a fait renaître, a ouvert nos cœurs à l’Esprit qui crie en nous « Abba, Père bien-aimé ». Nous avons découvert que nous pouvions avoir une confiance totale en Dieu, que nous pouvions nous abandonner dans sa main, qu’Il nous gardait, nous recréait, nous pardonnait. En même temps nous avons rencontré Jésus comme Sauveur et Seigneur dans une prise de conscience personnelle. « Oh oui ! J’ai été trop aimée, j’en ai conscience », pourra dire Élisabeth de la Trinité, prophète du baptême de feu, saisie et consumée dans une sorte de vertige, par l’« excessif amour » de Dieu, fruit de l’infini de sa sainteté.

Être plongé dans le feu, c’est être plongé jusqu’au vertige dans la contemplation du mystère de Dieu lui-même, et y entrer progressivement jusqu’à y être consumé : oui, je veux être saint parce que Lui est saint. Nous sommes des êtres « habitués », le baptême de feu va brusquement nous déshabituer, mais il n’y a pas de mots pour le dire. Dieu a poussé cet amour jusqu’à devenir enfant, agneau du sacrifice, l’innocent offert pour que je devienne saint. Nous sommes trop habitués à cela. Nous sommes trop habitués à l’amour dont nous sommes aimés. Et c’est un fruit du baptême dans l’Esprit que de trouver cela naturel. Mais à un certain moment, il faut se laisser de nouveau saisir, se laisser brûler par cet excès d’amour.

2. LES FRUITS DU BAPTÊME DE FEU

1. Le don de crainte

Le premier fruit du baptême de feu sera le « don de crainte » qui est un don de l’Esprit, indissociable du « don de piété ». Le don de piété nous fait goûter Dieu comme Père. Le don de crainte n’est pas la peur de Dieu, au contraire. La peur de Dieu vient du démon. La peur de Dieu nous fait nous reculer en disant, comme disent les démons : « Je sais qui Tu es, le Saint de Dieu. Es-Tu venu pour me perdre ? » (Lc 4, 34). La sainte crainte qui est don de l’Esprit, c’est le fruit de la révélation du feu de Dieu, de la sainteté de Dieu.

Et le corollaire, le fruit du don de crainte, c’est l’adoration, c’est le prosternement. Je pense à cette équipe de catéchisme qui était vraiment très bénie de Dieu. Je demandai un jour : « Qu’est-ce que c’est « adorer » ? » et un petit garçon m’a répondu : « C’est dire à Dieu qu’Il est très grand et que je suis tout petit. » Et je crois qu’on ne dira guère mieux. Élisabeth de la Trinité disait : « L’adoration, c’est l’amour écrasé par la beauté, la force, la grandeur de celui qu’on aime et c’est tomber dans une certaine défaillance. » Ce n’est pas la peur, c’est l’amour écrasé par la beauté, la force, la grandeur de celui qu’on aime.

C’est ainsi que l’Eucharistie nous manifeste la sainteté de Dieu : « Saint, saint, saint le Seigneur. » Au moment du Sanctus, toute l’Église visible et invisible est là. Nous ne sommes, nous, qu’une infime partie de l’Église. Avec toute l’Église invisible, les saints et les anges, nous chantons, nous glorifions la sainteté de Dieu, l’infini de sa sainteté. Je ne dis jamais la perfection, car la perfection, c’est clos, c’est fermé. Quand c’est parfait, on ne peut rien y ajouter, tandis que la sainteté de Dieu n’a pas de bornes, elle se renouvelle sans cesse, elle est jaillissement de miséricorde, invention de la miséricorde comme un feu qui brûle sans se consumer. L’Eucharistie nous livre cette sainteté de Dieu.

Comme conséquence concrète, que dire ? D’abord, que nous avons à respecter Dieu. Cela n’exclut pas du tout, au contraire, la familiarité avec Dieu. Mais cela exclut la désinvolture. Avec Dieu qui est Père, nous sommes comme des enfants et c’est bien ainsi, et nous allons à lui avec toute la simplicité de notre cœur : « Mon Père, Abba, Papa. » Oui, mais ce n’est pas la désinvolture, une façon de jouer à l’enfant gâté avec Dieu : « Dérange-toi de ton ciel, donne-moi une place de parking. » Il y a quelquefois dans nos prières une façon irrespectueuse d’utiliser Dieu. Dieu est le Tout-Autre.

Nous avons aussi à retrouver profondément le respect de la présence, de la sainteté de Dieu dans notre monde. Respect de sa présence dans nos frères en qui Dieu habite, ils sont tous fils du Roi. Respect de sa présence dans les prêtres et les consacrés qui sont sa part d’héritage à lui. Si bas qu’ils puissent descendre quelquefois, Dieu les a consacrés et ne reprend pas ses dons. Respect des enfants dont les Anges voient la face du Père et qui ont reçu par le baptême l’onction de fils de Dieu. Je pense à cette femme, une collègue de lycée qui était juive et athée et qui me disait : « Dans la façon dont vous enseignez le latin aux enfants, ça ne fait pas de différence que vous ayez la foi et que moi je ne l’aie pas. » Et j’ai osé lui dire quelque chose qui était pour moi un secret profond mais que je n’osais pas dire parce que j’avais peur qu’on se moque de moi. J’ai osé lui dire : « Si, il y a quelque chose qui est différent : quand je fais l’appel « Durand, Dupont, etc. », c’est pour moi un intense moment d’adoration. Je vois leurs anges devant la Face du Père et pour moi, c’est un grand moment d’adoration et de prière. » Et elle m’avait dit : « Ah ! Eh bien oui, voilà ! Vous les chrétiens, vous voyez l’envers du monde. Il y a des jours, je me demande quand même si ce n’est pas ça l’endroit. »

Respecter Dieu, c’est aussi accepter de ne pas tout expliquer de son mystère, de ne pas tout comprendre tout de suite de sa sagesse. C’est vrai que parfois, nous sommes dépassés ou déroutés. Ne nous hâtons pas de donner une interprétation trop rapide, une explication ou même une justification de Dieu trop rapide. Pourquoi mon fils se drogue-t-il ? Pourquoi ? Pourquoi ? Mon frère, ma sœur, je ne sais pas, je ne sais pas pourquoi, mais la sagesse de Dieu est plus grande que ce que j’en saisis dans l’immédiat, quand je ne comprends pas parce qu’il est le Dieu très grand et très saint, je l’adore sans comprendre. « Marie gardait toute chose en son cœur » (Lc 2, 51) même quand elle ne comprenait pas, et Job disait après sa grande épreuve : « Je parlais sans intelligence de merveilles qui me dépassent et que j’ignore. » (Jb 4, 2-3) Gardons-nous de parler sans intelligence de merveilles qui nous dépassent, gardons-nous du simplisme qui veut tout expliquer et refuse ce qu’il ne peut saisir. Marie ne comprenait pas mais « gardait tout dans son cœur ». Et Jésus lavant les pieds de Pierre dira : « Ce que je fais, Pierre, maintenant tu ne peux pas le comprendre, tu comprendras plus tard. » (Jn 13, 7)

Je pense aussi à cette petite fille qui passait quelquefois une demi-heure devant le Saint-Sacrement pendant que ses parents étaient en retraite, simplement répétant, comme une litanie : « Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas… » Je pense encore à cette femme orthodoxe qui témoignait dans « La Croix », il y a quelque temps. Ses enfants suivaient la catéchèse catholique et elle disait : « Oui, vous essayez de mettre Dieu à la portée des enfants. Nous, nous essayons de mettre les enfants à portée de Dieu. » Cette phrase m’avait beaucoup frappée. Et je pense encore à un petit garçon devant l’icône du Christ, après une leçon de catéchisme restant en silence et tout à coup me regardant : « Ah ! (avec un grand soupir de soulagement) maintenant, Madame, ça ressemble à Dieu. »

Le premier fruit du baptême de feu sera donc la crainte qui va me permettre d’approcher du Dieu vivant, dans l’adoration, qui va me mettre devant un Dieu qui me relèvera lui-même pour me prendre dans ses bras, pour goûter la douceur de sa miséricorde. Regardez l’enfant prodigue ! Il se jette aux genoux du Père et c’est le Père qui le relève et qui le serre dans ses bras. Nous avons là l’attitude la plus juste qui soit.

2. Un jugement

Oser parler du jugement, c’est-à-dire d’abord parler de purification. On ne peut voir Dieu sans mourir et d’une certaine manière, nous avons tous à mourir pour oser lever les yeux vers Dieu. Devant l’infini de la sainteté de Dieu, devant ce feu, saint Jean de la Croix a une très belle image, l’image de la bûche : une bûche mouillée mise dans le feu ne commence pas par flamber, elle commence par exsuder un liquide noirâtre, une sorte de mousse, de fumée noire et malodorante. Toutes les impuretés qui étaient dans le bois de la bûche vont remonter à la surface et s’évaporer avant que la bûche puisse devenir claire flamme. « Dieu est feu, nous dit saint Jean de la Croix, et parce qu’Il est feu, Il transforme toute chose en feu. »

II veut nous transformer en feu. Et devant cette infinie sainteté de Dieu, quand je suis baptisée dans le feu, mon péché radical va être mis en lumière. Je ne dis pas « mes péchés ». Mes péchés, je les connais. Mais est-ce que je me reconnais pécheur ? Et c’est là qu’il y a une sorte de transformation radicale de mon être. Même si je n’ai pas fait « des péchés », je suis radicalement pécheur quand je m’expose à la lumière du feu de Dieu. Parce que je ne suis pas Dieu, parce que je suis radicalement pauvre et nu, parce que je suis incapable d’aimer, et que je ne suis rien devant cet infini de l’amour et de la sainteté : « Retire-toi de moi, ô mon Dieu, mon péché est sans cesse devant moi. » (cf. Ps 51) Me voici devant Toi dans ma pauvreté, offrant ma pauvreté à Ta miséricorde. Mais d’abord, il me faut reconnaître ma pauvreté radicale, mon péché radical, « pécheur je suis, pécheur ma mère m’a conçu ». Cette prise de conscience est la pierre de touche du baptême dans le feu. Le jugement, c’est d’être mis devant la lumière de Dieu, devant sa gloire, sa sainteté, sa miséricorde et l’infini de l’Amour. Alors, c’est moi qui me juge, je suis là et je dis : « Seigneur, Seigneur, tout cela je le mets entre tes mains, je n’ai plus de recours que Ta miséricorde. Regarde ce que je suis. »

À cette lumière, mes œuvres apparaissent dans une ambiguïté profonde que je ne percevais pas avant. « Le jugement, le voici, dira Jésus à Nicodème, les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. » (Jn 3, 19) Ils se sont dérobés à la lumière. Mon péché radical, c’est de me dérober à la lumière. Le jugement, c’est d’abord l’appel à la foi. « Si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans vos péchés. » (Jn 8, 24) C’est pour un jugement que je suis venu en ce monde, pour que voient ceux qui ne voient pas et que ceux qui voient deviennent aveugles. « Si vous étiez des aveugles, vous seriez sans péché, mais vous dites : « nous voyons », alors votre péché demeure. » (Jn 9, 39) Le jugement, c’est la mise en vérité de notre être devant Dieu.

Au Dieu très saint, il faut se livrer comme le bois au feu. Quand l’Esprit Saint nous fait prendre conscience de notre misère radicale, à ce moment-là, nous sommes baptisés dans le Feu. Devant cet excès de lumière et de grâce, que faut-il faire ? Se livrer à l’amour jaloux de Dieu, à un Dieu qui ne va pas tolérer nos idoles, un Dieu qui prend ce que nous lui donnons parce qu’il est miséricordieux, mais qui ne cesse de tout nous demander, parce qu’Il est le Saint. Dans le baptême d’Esprit, nous avions découvert l’amour de Dieu, l’amour du Père, l’amour du Christ Sauveur. Maintenant, il ne s’agit plus d’aimer, il s’agit de préférer. Dans le baptême de feu, il s’agit de passer de l’amitié à un amour de préférence. Dieu veut être aimé, c’est-à-dire préféré. C’est-à-dire qu’il va venir nous purifier non seulement de nos péchés, mais de nos idoles et même de nos richesses et peut-être d’abord de nos richesses.

« L’œuvre de chacun deviendra manifeste le jour où Dieu la fera connaître, car Il doit se révéler dans le feu et c’est ce feu qui éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie sur le fondement résiste, son auteur recevra une récompense. Si son œuvre est consumée, il en subira la perte. Lui, il sera sauvé mais comme à travers le feu. » (1 Co 3, 13-15) Parole dure, allez-vous dire ! Mais je ne parle pas des exigences de la Loi, je parle des exigences de l’amour. Les exigences de la Loi nous condamnent, les exigences de l’Amour nous sauvent. Et tous, même si cette parole est dure, tous nous sommes appelés à la vivre un jour ou l’autre, à l’heure de Dieu, pas avant, mais à l’heure de Dieu, et pour beaucoup à l’heure de la mort, où plus rien ne nous protégera de l’inflexible amour de Dieu.

C’est pourquoi il faut aussi oser parler de la colère de Dieu. La Bible en est pleine. Nous l’éliminons un peu rapidement. Dans l’infinie de sa miséricorde, de sa patience, de sa tendresse, Dieu me pardonnera soixante-dix-sept fois sept fois mes péchés de faiblesse. L’enfant qui est tombé parce qu’il est trop petit et qu’il ne sait pas encore marcher, Dieu le prend dans ses bras. Il le porte lui-même. Dieu est infiniment tendre au pécheur, mais parce que Dieu est le Saint, il a horreur du péché, une horreur, je pourrais dire, ontologique et viscérale, horreur de ce péché qui lui prend ses enfants bien-aimés. Dieu ne peut pas supporter le mal, il en a horreur à en suer le sang. En Jésus, il est allé jusque-là, « s’être fait péché pour nous ». Le vertige nous prend quand nous contemplons Gethsémani, ce Dieu infiniment saint qui s’est fait péché pour nous, qui va boire jusqu’à la lie la coupe du péché. On comprend que le cœur du Christ ait comme éclaté à proprement parler.

Dans l’infini de sa sainteté, Dieu ne peut pas supporter nos flirts avec le péché, nos complicités avec le mal, nos mensonges pour refuser de voir la lumière et de la mettre dans nos vies, nos refus de foi en particulier devant les signes qu’Il multiplie de sa tendresse. Dieu ne peut pas supporter notre orgueil et nos suffisances. « Seigneur, je ne suis pas un grand pécheur. » Nous sommes tous des grands pécheurs parce que nous ne savons pas aimer. Dieu ne peut pas supporter nos refus délibérés de nous convertir. Il y a une manière de dire : « Dieu m’aime comme je suis » qui touche au blasphème. Bien sûr, Dieu nous aime comme nous sommes parce qu’Il est le Miséricordieux, mais Il nous veut saints, Il ne veut pas que nous restions dans notre péché. Il nous prend où nous en sommes, mais Il nous veut saints de sa sainteté à lui. Nous avons sans cesse à nous garder de mettre la main sur sa miséricorde pour nous dédouaner en quelque sorte de ne pas nous convertir. Laissons cette parole retomber dans nos coeurs.

La colère de Dieu, elle est l’ultime signe donné à ceux qui refusent de comprendre les signes de l’Amour. Dieu protège les pauvres de cette colère. Nous n’avons rien à craindre de la colère de Dieu à la mesure de notre pauvreté. C’est dans les larmes de Jésus que s’enracine sa colère pour chasser les vendeurs du Temple. Et il y a cette parole terrible : « Et les pharisiens étaient indignés de ce qu’Il faisait. » (Mt 21, 15) Ils sont indignés de voir les portes du Temple ouvertes aux pauvres, ils sont indignés de voir les signes de la Miséricorde dans la guérison. Mais cela existe toujours aujourd’hui : « Mais qu’est-ce que vous faites avec vos histoires de charismes ? De quel droit guérissez-vous les malades sans passer par tous les bureaux qui vous donneraient l’autorisation de guérir ? » La colère de Dieu, c’est le signe de l’amour blessé devant le refus des signes de l’amour.

Alors, nous commençons à percevoir ce que peut être le mystère de l’enfer lors de la manifestation de la sainteté de Dieu qui devient feu brûlant dans la mesure où on refuse qu’il soit en même temps onction de miséricorde. On ne peut pas empêcher Dieu de brûler, on ne peut pas empêcher Dieu d’être feu, on ne peut pas empêcher Dieu d’être Saint. On ne peut dire oui à la place de personne. Dieu lui-même ne peut pas obliger un être à lui dire oui. Il n’a pas pu obliger Jérusalem à l’accueillir. Concrètement donc, me regarder non pas pour me juger moi-même, non pas pour m’enfermer dans ma culpabilité, mais pour entrer dans la repentance : « ô mon Dieu, voilà mon péché, voilà ma tiédeur, voilà mon manque de respect, voilà mon manque de repentir profond, je te donne tout ça, je l’abandonne à ta miséricorde, mais je le regarde à ta lumière pour pouvoir l’abandonner en vérité. »

Il faut ensuite consentir à la sainteté en nous. Comme disait Bernanos : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de ne pas être des saints. » Il nous faut souffrir de ne pas être des saints, parce que Dieu est saint, et Il veut que nous soyons ses enfants. Il nous faut souffrir de notre médiocrité dans l’amour et donc, il nous faut demander, demander de toutes nos forces d’entrer dans l’horreur du péché et en même temps, comme Dieu, d’entrer dans la miséricorde à l’égard de nous-mêmes et à l’égard de nos frères. Si l’un de vos enfants se détruit devant vous par la drogue, par exemple, est-ce que vous ne serez pas habités par l’horreur de cette drogue qui démolit votre fils ? Eh bien ! C’est cela, la souffrance du cœur de Dieu et nous avons à demander humblement à la partager, à notre mesure. Nous avons à la demander comme un fruit du baptême de Feu en sachant qu’il n’est de pécheur que Dieu ne poursuive jusqu’au fond de son enfer pour lui proposer l’amour. Le jugement d’autrui ne nous appartient pas, mais prions et intercédons à l’image du serviteur souffrant (Is 53) : « Nous l’estimions frappé de Dieu et humilié alors qu’Il intercédait pour les pécheurs. »

Nous avons tort d’avoir peur des purifications par lesquelles Dieu peut nous faire passer. Dieu est Père, Il n’est pas sadique. Il ne cherche pas à nous faire souffrir. Il cherche à nous apprendre à aimer, ce n’est pas du tout la même chose. Et apprendre à aimer passe, par moments, par l’épreuve. Mais Dieu nous accompagne à ce moment-là, Il nous porte. Un jour où j’avais dû être particulièrement insupportable, mon père m’avait privée de dessert (je devais avoir trois ou quatre ans). Mais il a été tellement malheureux qu’il n’a pas pu manger le sien et qu’il s’en est privé lui aussi. Quelque chose de la paternité de Dieu passe au travers de cela. Dieu ne nous punit jamais, Il nous corrige, ce n’est pas pareil. Comme il nous est dit dans l’Épître aux Hébreux (12, 5 et suivants) : « Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, ne te décourage pas […] car celui qu’aime le Seigneur, Il le corrige […]. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est le fils que ne corrige son père ? (…) Toute correction ne paraît pas sur le moment un sujet de joie, mais de tristesse. Plus tard, elle rapporte ce qu’elle a exercé : un fruit de paix et de justice. »

Car c’est dans le cœur de Dieu, de la Trinité Sainte que s’origine le salut, le désir d’aller chercher jusqu’au plus loin l’homme perdu ; le Fils a accompli le dessein de miséricorde du Père. Et l’Esprit Saint nous y fait entrer. Mais nous sommes si pesants pour apprendre à aimer ! Alors le bon Vigneron qu’est Dieu émonde, Il taille les rameaux morts, mais Il taille aussi les gourmands, c’est-à-dire les pousses pleines de vie qui pompent la sève et empêchent la vigne de porter du fruit : une sensibilité excessive, par exemple, ou bien une générosité trop « sauvage » qui nous fait nous accaparer nos œuvres. Alors nous disons : « Mais enfin, Seigneur, j’avais fait cela pour toi et puis tout est par terre ; pourquoi ne m’as-tu pas aidé ? » Mais sans doute, parce que nous en avions fait notre affaire et que le Seigneur, comme Il s’appelle « Jaloux », nous l’a enlevé. À ce niveau-là, nous avons tout à découvrir, jour après jour, de la tendresse paternelle de Dieu, tendresse à la fois douce et inflexible, tendresse qui jamais ne supportera que nous restions en deçà de l’amour qu’Il nous propose.

3. L’holocauste

Dans l’ancienne Alliance, il y avait plusieurs sortes de sacrifices : l’holocauste, l’oblation, le sacrifice pour le péché, le sacrifice de réparation, le sacrifice de communion, le sacrifice de louange, etc. (Lv 1-6). La « Loi » donne plusieurs façons d’exprimer la relation de l’homme à Dieu par le sacrifice. L’holocauste est un de ces modes de sacrifice. Qu’est-ce que cela signifie ? À la différence des autres sacrifices (sacrifice d’oblation, sacrifice de communion en particulier où la chair des victimes est en partie offerte sur l’autel et ensuite partagée entre les prêtres ou partagée entre les prêtres et les fidèles), dans l’holocauste, tout est consumé. « C’est l’holocauste qui se trouve sur le brasier de l’autel toute la nuit jusqu‘au matin et que le feu de l’autel consume. » (Lv 6,2)

Puis le prêtre revêtu des ornements liturgiques prépare rituellement le sacrifice. « Le feu qui sur l’autel consume l’holocauste ne s’éteindra pas. Chaque matin, le prêtre l’alimentera en bois. Il y disposera l’holocauste et y fera fumer les graisses des sacrifices de communion. Un feu perpétuel brûlera sur l’autel sans s’éteindre. » (Lv 6, 5) Ce feu représente l’absolu de Dieu, l’absolu de la sainteté de Dieu qui vient lui-même brûler les victimes. « La gloire du Seigneur apparut à tout le peuple, une flamme jaillit de devant le Seigneur, qui dévora sur l’autel l’holocauste et les graisses. » (Lv 9, 23)

« Dieu est feu, Il ressemble au feu qui convertit toutes choses en feu », dit saint Jean de la Croix. L’holocauste est le signe d’une consécration totale agréée par Dieu. Si le feu de l’autel le consume tout entier, c’est le signe que Dieu agrée le sacrifice. Dieu, le cas échéant, suscitera lui-même un feu qui viendra brûler les victimes offertes (par exemple par Gédéon ou par Élie). Dieu lui-même se manifeste comme feu pour convertir en feu l’offrande des hommes. Ainsi les martyrs, au long des siècles, des jardins de Néron au bûcher de l’Ouganda.

Pour nous, qu’est-ce que cela veut dire ? Je reprends encore saint Jean de la Croix : « Ce que Dieu veut, c’est nous transformer en Dieu. Il nous donne par participation ce qu’il est lui-même par nature. Dieu ressemble au feu qui convertit toute chose en feu. » Nous sommes, par la consécration baptismale, consacrés prêtres, pour faire de nos vies une offrande à la louange de sa gloire. Dans l’Épître aux Romains, nous avons déjà ce premier appel : « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. C’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. » (Rm 12, 1)

Nous avons à nous offrir à Dieu. On parle souvent de l’abandon, nous avons à nous abandonner dans les mains de Dieu car Il est notre Père et nous avons à nous offrir à Dieu car Il est notre Seigneur et notre Dieu. C’est la même offrande sous deux aspects différents : « Je m’abandonne à toi, je remets mon âme entre tes mains… » Parce que Tu es mon Père, ma miséricorde, je m’abandonne totalement à ton amour. « Dieu, tu es mon Dieu », comme dit le roi David. Dieu, tu es mon Dieu, je m’offre à toi en sacrifice, je m’offre à toi en offrande à la louange de ta gloire.

Cette offrande sera quotidienne, toute simple. La sainteté, ce n’est pas de faire de grandes choses, c’est de faire toutes choses et les plus petites, dans l’amour, dans l’adoration et dans l’offrande, jour après jour. Beaucoup de gens de ma génération ont été formés aux petits sacrifices qu’on comptabilisait quand on était gosse. Puis, une grande vague a balayé tout cela et ce n’est pas un mal, car on pouvait avoir l’impression qu’à coup de sacrifices, on pouvait acheter le salut. Surtout, on n’offrait en sacrifices que des choses embêtantes, comme si Dieu n’était heureux que quand Il nous voyait en train de souffrir. Je crois qu’au contraire, l’offrande de nos vies englobe tout : les joies (la prière d’action de grâces est une prière d’offrande qui fait retour à Dieu de ce qu’Il nous a donné), les merveilles de Dieu, les souffrances, les sacrifices, tout pêle-mêle. C’est toute notre vie qui doit devenir offrande à la louange de sa gloire.

Ce qui nous fait peur, c’est que nous imaginons ce que Dieu va nous demander et nous nous raidissons, alors qu’Il ne nous demandera peut-être justement pas cela. Et nous nous angoissons à la pensée de ce que Dieu ne nous demande pas, mais que nous avons peur qu’Il ne nous demande. Vous voyez le ridicule de la situation ? Et pourtant, tous nous faisons cela. Quelle image de Dieu nous habite, que nous nous fassions tant de soucis à l’avance pour ce qui risque d’arriver ! En nous abandonnant entre les mains de Dieu, jour après jour, nous faisons l’apprentissage de l’offrande parfaite, celle de Marie et celle de Jésus.

Oui, Dieu va nous demander d’abord de lui donner notre vie au ras des pâquerettes, goutte à goutte. Il ne nous demandera que ce que nous pouvons donner avec sa grâce. Après, Il nous demandera un petit peu plus que notre vie, que l’offrande de nos actes, Il nous demandera notre cœur. Il nous demandera de le préférer à toutes choses créées, de le préférer à nos idoles, de le préférer à nos richesses, de l’aimer d’un amour de préférence. Après, Il nous demandera notre substance. Il nous demandera tout notre être pour que nous le lui offrions. C’est la prière d’Élisabeth de la Trinité : « Ô Feu consumant, Esprit d’Amour, survenez en moi afin qu’il se fasse en moi comme une incarnation du Verbe. Que je lui sois une humanité de surcroît dans laquelle Il renouvelle tout son mystère. » Devenir ainsi « consubstantialisé » à Dieu, c’est ce que dit l’apôtre Paul dans l’Épître aux Romains : « Si vous êtes devenus un même être avec le Christ… » (Rm 6, 5).

La sainteté, ce n’est pas de ne pas tomber, c’est de se relever chaque fois et de repartir sans se vexer : vous savez comment font quelquefois les enfants quand ils tombent, ils sont vexés et ils pleurent non pas parce qu’ils se sont fait mal, mais parce qu’ils sont humiliés. Nous aussi, cela nous arrive souvent, et nous allons confesser tel péché non pas dans le repentir et l’humilité, mais dans l’humiliation et la vexation de l’avoir commis. Je crois que, dans la mesure même où nous nous livrons au feu de l’Esprit, c’est-à-dire où nous nous laissons brûler et consacrer totalement par lui, où nous nous laissons transformer nous-mêmes en feu, en acceptant qu’au début ce ne soit pas un feu bien clair, alors nous accomplissons ce pour quoi, d’abord, nous sommes créés. Devenir, comme disait sainte Élisabeth de la Trinité, « louange de gloire » pour Dieu. Pour cela, Dieu ne nous demande qu’une seule chose : c’est notre désir. Il faut que nous désirions, que nous demandions à l’Esprit Saint de nous recréer, que ce désir d’amour nous fasse nous livrer entre les mains de Dieu sans peur, dans la confiance, que ce désir d’amour soit sans cesse et toujours renouvelé en nous, que nous puissions répondre à l’amour par l’amour.

Nous n’avons pas toujours besoin d’un « nouveau don de Dieu ». Le don de Dieu nous est donné, c’est nous qui ne le prenons pas. Et je dirais entre parenthèses que c’est la même chose pour la guérison. Nous prions quelquefois pour la guérison de nos corps ou de nos coeurs. Nous avons prié pour la guérison de la mémoire et Dieu a donné quelque chose ; mais parce que ce n’était pas très sensible et que nous ne l’avons pas pris dans la foi, nous continuons à demander la même chose. Nous continuons à dire : « Guéris-moi, Seigneur, de telle blessure, de telle rancune, de telle chose qui m’a fait tant souffrir. » « Mais Je t’ai donné la guérison et tu ne l’as pas prise. La prendre, c’est se l’approprier par la foi. C’est dire : « Mon Dieu, je crois que Tu m’as guéri (ce n’est pas la méthode Coué, c’est tout à fait autre chose), mon Dieu, je crois que Tu as eu pitié de moi, que Tu m’accordes ce que je te demande, peut-être pas par le chemin où je l’attends et c’est pourquoi je ne sais pas le reconnaître. Mais mon Dieu, je le crois et je marche en ta présence et je te bénis pour ce que tu m’as donné. » Et à ce moment-là, nos yeux s’ouvrent et nous nous apercevons de tout ce que Dieu nous a donné comme grâces souvent inattendues, mais toujours au-delà de ce que nous attendions.

C’est l’Esprit Saint, c’est la vie dans l’Esprit qui va faire que, quotidiennement, nos petites joies, nos petits sacrifices, nos petits chagrins, nos petites vexations, quelquefois nos grandes épreuves, deviennent holocauste offert pour le salut du monde. Car c’est cela le fruit du baptême. Le baptême nous consacre dans le corps sauveur du Christ. Il n’est pas d’autre Sauveur que Jésus. Mais par le baptême, nous devenons un même être avec le Christ Sauveur. Sauvés, je l’espère, je le crois de toutes mes forces, seront sauvés, bien au-delà des limites du baptême, tous les hommes à qui Dieu se sera révélé et qui l’auront reçu dans la droiture de leur cœur. Mais le baptême nous consacre comme sauveurs avec Jésus par l’offrande de nos vies.

4. L’adoration Eucharistique

Jésus que je contemple à présent voilé, je t’en prie, qu’advienne ce dont j’ai tellement soif ; qu’en voyant ton visage découvert Je sois comblé de joie dans la contemplation de ta gloire. Le Renouveau a, dès le commencement, pratiqué cette forme de prière en la remettant même parfois en vigueur. Nous la recevons de la tradition de piété de l’Église catholique, comme nous recevons d’elle le Corps et le Sang du Seigneur. Nous entrons dans une expérience de prière prolongée et en général silencieuse, seul ou avec d’autres, devant le Saint-Sacrement, exposé ou non. Bien que vécue en dehors de la messe, elle ne peut en être séparée, du moins en esprit, car elle reçoit de la messe tout son sens, et pourtant elle la déborde. Elle est une sorte d’arrêt dans le temps de l’action liturgique, comme lorsqu’on arrête un film sur une image pour en contempler la beauté. Pour beaucoup, elle est un chemin privilégié de prière, une sorte de raccourci pour entrer dans le mystère du Christ. Sur ce chemin, je voudrais marquer quelques jalons.

Jésus est présent et Il m’attend. Jésus est réellement présent d’une présence qui provoque ma foi à travers la déconcertante pauvreté du signe. Gandhi disait : « Dans un monde où tant de gens meurent de faim, Dieu ne peut se révéler que par le pain. » Il est là, toutes les autres médiations s’effacent, le Christ est lui-même le chemin du Christ. Jésus est présent et Il demeure par ce pain consacré signe de la promesse tenue, et de l’alliance jamais reprise. Car Dieu est fidèle et ses dons sont sans repentance. Amour pas toujours reçu, mais qui demeure toujours offert. Amour qui ne se dérobe pas, qui ne se protège pas. Jésus est présent, signe de la disponibilité d’un Dieu livré, à tout moment, à qui que ce soit, disponible comme un pain sur la table livré à toute faim et même aux chiens qui en recueilleront les miettes. Jésus est là et Il m’attend. Qui dira l’insondable patience de Dieu !

Jésus est présent et Il m’appelle. « Lève-toi mon amie, ma belle, et viens ! » (Ct 2, 13). Rompre le rythme de ma vie, quitter mes routines et mes sécurités, me quitter moi-même pour aller adorer Jésus-Eucharistie, c’est souvent la façon la plus simple que j’ai de dire « oui » à cet amour inlassablement présent. Car c’est la force du désir que Dieu a de moi qui me donne la force de me lever et de venir vers mon Dieu. C’est l’attente du Père qui scrutait l’horizon qui a allumé dans le cœur du fils perdu le désir de revenir à la maison. Il me dit : « Mon enfant, ne crains pas […]. Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi […]. Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. » (Is 43, 1-4) Il me dit encore : « Toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » (Lc 15, 31) Et encore : « Mon enfant, laisse-toi guérir, laisse-toi consoler, laisse-toi aimer. » Et voilà que mes résistances tombent, et aussi mes péchés, comme un vieux vêtement. « Alors se lèvera le soleil de justice avec la guérison en ses rayons. » (Ml 3, 20)

Jésus est présent dans son sacrifice pour le salut du monde. Jésus veille comme à Gethsémani. « Non il ne dort ni ne sommeille le gardien d Israël. » (Ps 121, 4) Au cœur du monde, au cœur de la nuit, Il est là et Il me demande de veiller avec Lui au nom du peuple entier, de m’enraciner dans l’espérance serait-ce contre tout espoir, dans la nudité de la foi et l’entêtement de l’amour. Il me fait entrer dans sa prière pour que j’apprenne à entrer dans son obéissance. « Demeurez ici et veillez avec moi. » (Mt 26, 38) Ici, je contemple l’Agneau de Dieu, Celui qui porte le péché du monde, Celui en qui s’accomplit le salut du monde. Jésus est là, exposé, dans l’humilité du signe comme il le fut dans la suprême humiliation de la croix. Ici notre vie prend sa vraie dimension et sa vraie efficacité : avec Jésus, par Lui et en Lui, notre vie est offerte et engloutie dans l’offrande de salut.

Et pas seulement la nôtre, mais toute la vie des hommes qu’avec Jésus ici nous apportons au Père, le seul lieu où je puisse dire : « Père je remets entre tes mains toute vie, la mienne et celle de mes frères blessés. » Parce qu’ici « tout est accompli », tout retourne au Père, tout passe dans le Royaume. Ici est la source de toute mission. Devant l’Agneau offert, comment ne pas entendre l’appel de Jésus Sauveur à « faire du salut des hommes l’ouvre de notre vie » (Charles de Foucauld) ? « J’aperçus un agneau comme égorgé. » (Ap 5, 6)

Ici m’est signifié le cœur du mystère : Agneau livré mais Agneau vainqueur, Agneau égorgé mais Agneau glorifié… « J’entendis la clameur d’une multitude (…) criant à pleine voix : Digne est l’Agneau égorgé de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur ; gloire et louange ! » (Ap 6, 11-12). Avec tous les pauvres invités aux noces du fils du Roi, je peux m’approcher et entrer moi aussi dans la fête qui n’aura pas de fin. Un rayon de lumière filtre sous la porte et vient illuminer ma nuit, un souffle d’éternité vient rafraîchir mon désert. Ici, avec toute l’Église, j’attends dans l’espérance : « Viens, oh oui ! Viens Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20).

5. La mission

Trop souvent, nous nous représentons la mission comme une affaire de spécialistes, des prêtres ou des religieuses un peu baroudeurs sur les bords qui ont choisi de partir dans des pays lointains, qu’on appelle parfois encore des « terres de mission ». Ou bien la mission nous apparaît comme un devoir de participer, au moins financièrement, à l’annonce de l’Évangile., et à la quête annuelle « Pour les Missions ». C’est méconnaître profondément la réalité de la mission. La mission, ce n’est pas un devoir, c’est un feu, un feu qui se propage. Tant que nous ne percevons pas la mission comme cela, nous n’avons rien compris à l’évangélisation et elle reste inefficace. La mission est un feu appelé à se propager comme le feu dans les broussailles de la Sainte-Baume, un jour de grand mistral… Jésus, que Jean Baptiste a désigné comme le « baptiseur de feu » (Lc 3, 16), nous prévient : « Je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il fût déjà allumé ! » (Lc 12, 49). Et c’est un Esprit de Feu qui fait irruption dans la Chambre Haute le matin de Pentecôte.

Je me souviens en 1977 à la Pentecôte à Lyon, une très belle messe avait été célébrée au théâtre romain. Un frère était parti se confesser. Les prêtres confessaient derrière l’autel pendant le temps de la messe. Il y avait en particulier Mike, un Américain. Notre frère s’est avancé vers lui. C’était un homme droit, mais pas un sentimental. Après, on ne l’a plus vu. Alors, sa femme a commencé à s’inquiéter en disant : « Mais où est-il donc passé ? » A la sortie, nous l’avons vu arriver (c’était un homme très strict), il avait tiré sa chemise et il s’en essuyait les yeux. Il dit à sa femme : « Tu n’as pas un mouchoir ? » car il pleurait sans pouvoir s’arrêter. Nous n’avons pas posé de questions. Nous avons dit : « Seigneur, Tu es un Dieu puissant. » Le soir, il nous a dit : « Il faut que je vous dise… Voilà, quand je me suis confessé, que j’ai eu fini, je voulais revenir. Je me suis retourné et puis j’ai vu, j’ai vu, sur chaque personne qui était dans cet amphithéâtre, une flamme et puis toutes ces flammes se réunissaient et ça faisait une espèce de gigantesque incendie, et il n’y avait plus que l’amour. » Et il a recommencé à pleurer.

« Je suis venu allumer un feu sur la terre et quel n‘est pas mon désir qu’il flambe. » La mission s’origine dans le désir du cœur du Père : « Le plan du Seigneur subsiste à jamais, les desseins de son cœur d’âge en âge […] arracher les âmes à la mort, les nourrir quand elles ont faim. » (Ps 33, 11, 18-19) Si le fils aîné, dans la parabole de Luc 15, avait compris l’amour du Père, s’il avait aimé le Père, s’il avait partagé la souffrance du cœur inconsolable du Père, il aurait dit : « Le petit, Père, je vais le chercher », et il aurait laissé là le travail des champs et il serait parti à la recherche de son frère. C’est ce qu’a fait Jésus, le fils aîné, le vrai fils aîné : « Père, ce petit qui est parti, l’Adam qui est parti, je vais aller, moi, « te » le chercher… » « Tu n’as voulu ni sacrifice ni holocauste » (cf. Ps 40, 7), rien ne pouvait te consoler du départ du petit, « Alors, j’ai dit : me voici, je viens. En tête du Livre, il est écrit : Que je fasse ta volonté. » (Ps 40, 7-9) « Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Lc 19, 10)

Voilà où s’origine la mission. La mission, ce n’est pas nous qui l’inventons, c’est l’Esprit Saint qui, jour après jour, siècle après siècle, réactualise l’unique mission du Christ et nous avons à y entrer, la rendre pour nous présente et actuelle. Nous n’inventons pas la mission. Nous pouvons découvrir des chemins, mais nous ne pouvons pas inventer la dynamique de la mission, c’est l’Esprit qui en est le cœur, qui est à l’œuvre. Et la mission en chacun de nos cœurs est une brûlure, un feu. Elle s’accomplit dans le cœur de saint François d’Assise qui pleurait en criant sur les routes et sur les places : « L’amour n’est pas aimé ! » J’ai contemplé le visage de mon Dieu. J’ai contemplé le visage de l’Agneau offert. J’ai contemplé le visage de l’innocent qui est allé jusqu’au bout chercher le petit, qui a pris sur lui tout l’esclavage qui pesait sur le dos du petit pour pouvoir le ramener au Père. Dans le visage du serviteur souffrant, je reconnais l’amour sans repentir de mon Dieu. Il est allé jusque-là et Il n’est pas aimé. Il est venu chez les siens, Il n’a pas été reçu, mais Il demeure offert jusqu’à la fin des temps. Si j’aime mon Seigneur, si je contemple son visage, une blessure me perce le cœur : oui, « L’amour n’est pas aimé ».

Toute la tradition chrétienne témoigne de l’expérience faite par ceux qu’on appelle les « mystiques » dont le cœur fut transpercé par un dard de feu et qui en ont gardé une bienheureuse blessure. Ce fut aussi l’expérience des auditeurs de Pierre le matin de Pentecôte : « D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? » (Ac 2,37.) L’engagement dans la mission a sa source dans le transpercement du cœur et nulle part ailleurs. Ses frères ont témoigné que saint Dominique lui aussi pleurait au long des nuits : « Mon Dieu, ma miséricorde, disait-il, que vont devenir les pécheurs ? » C’est l’Esprit Saint qui nous fait poser sur le péché du monde un regard de compassion. Je dis bien « de compassion », qui est le regard même de Dieu. « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple » dit Dieu à Moïse (Ex 3, 7). « À la vue de ces foules, Jésus en eut pitié car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis sans pasteur. » (Mt 9, 35)

Dans ce double cri, celui de François et celui de Dominique, s’origine la force et l’audace de la mission, jusqu’au don total de notre vie. La mission n’est pas une propagande, ni une idéologie, ni un rassemblement de partisans, qu’ils soient de droite ou de gauche, ni du prosélytisme. C’est une blessure au cœur, c’est un feu dévorant. Je ne peux pas ne pas parler, je ne peux pas contenir la Parole. C’est une passion, dans tous les sens du terme, une entrée en compassion (souffrir avec) devant la souffrance de mes frères et la souffrance du cœur du Christ : « A ceci, nous avons connu l’Amour : Il a donné sa vie pour nous et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. » (1 Jn 3, 16) Mais saint Jean ne rêve pas, il continue sa phrase : « Si quelqu’un jouissant des richesses de ce monde voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? »

La mission est le fruit d’un amour, et d’un amour fou et dévorant, sinon c’est de l’idéologie et de la propagande. C’est ce que nous dit l’apôtre Paul : « Quand j’aurais une foi à transporter les montagnes (moi, je n’ai pas une foi à transporter les montagnes…) quand je distribuerais tous mes biens aux pauvres (pas seulement la dîme…), quand je livrerais mon corps aux flammes (il s’agit de mourir martyr), si je n’ai pas l’amour, ça ne sert de rien. » (1 Co 13, 1 s.) C’est clair ?… C’est pourquoi il est absurde d’opposer prière et mission, contemplation et mission. C’est la même eau de source. C’est le même amour qui vient blesser nos cœurs.

Et j’en tirerai deux conclusions. La première, c’est qu’il ne faut pas que nous ayons peur d’annoncer l’intégralité de la Parole de Dieu, elle est un feu dévorant. Elle accomplit ce qu’elle annonce elle-même. Attention aux messagers qui cherchent à plaire et ce peut être une tentation quelquefois dans l’Église et dans le Renouveau en particulier de chercher, pour se faire accepter, à manipuler les dons de Dieu ou à occulter certaines choses trop « dures à entendre ». N’ayons pas peur de prêcher l’intégralité de la Parole, n’ayons pas peur de prêcher la folie du message : « Nous sommes fous à cause du Christ, vous, vous êtes sages dans le Christ » (1 Co 4, 10) Nous sommes les serviteurs d’une Parole et tout ce qui est demandé aux serviteurs, c’est d’être trouvés fidèles. N’ayons pas peur de trop aimer. Il ne s’agit pas « d’en rajouter », d’inventer des choses qui ne sont pas demandées. Mais quand Dieu demande quelque chose, il faut accepter d’aller trop loin, si c’est lui qui le demande et qui en a l’initiative, en sachant qu’on se trompera, mais qu’Il nous aidera. Je sais que le chemin est étroit entre la prudence et l’audace. Nous valorisons beaucoup la prudence, il faudrait valoriser tout autant l’audace de Pentecôte, cette parrésia des apôtres.

Seconde conséquence : le lieu de la mission, c’est aussi la louange et l’intercession, c’est aussi la prière. C’est le lieu de l’Église invisible où se renouvelle sans cesse l’amour. Relisons le chapitre 8 de l’Apocalypse : « Devant l’assemblée des saints, lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un grand silence dans le ciel. Je vis ensuite sept anges qui se tiennent devant Dieu. On leur remit sept trompettes. Un autre ange vint alors se placer sur l’autel muni d’une pelle en or. On lui donna beaucoup de parfums (c’est notre louange) pour qu’il les offrît avec la prière des saints (l’intercession) sur l’autel d’or placé devant le trône. (Louange et intercession devant le trône de Dieu). Et de la main de l’ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu avec la prière des saints. Alors, l’ange saisit la pelle et l’emplit du feu de l’autel qu’il jeta sur la terre. » (Ap 8, 1-5) Ce qui va « lâcher » l’Esprit de feu sur la terre pour la mission, c’est la louange et les prières des saints. Toute la louange de l’Église visible et invisible, c’est cela qui va faire prendre ce feu que Jésus est venu allumer. Laissons-nous purifier par le feu vivant de l’Esprit. Laissons-nous conduire au cœur de l’Église visible et invisible, là où pour toujours l’Amour enfin sera aimé et tous les hommes sauvés.

6. La déification

Le baptême de feu nous introduit dans tout ce mystère et s’accomplit par ce que nos frères orthodoxes appellent notre « déification », notre résurrection, notre transfiguration (2 Co 3, 18). Et comme dit encore l’apôtre Jean parlant de notre relation à Dieu dans le Royaume : « Alors, nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est. » (l Jn 3,2) On ne devient pas semblable à Dieu, on ne devient pas saints à la force du poignet, nous devenons semblables à Dieu à force de le regarder. C’est à cela que nous sommes promis.

Retrouvons cette annonce du salut dont nos contemporains sont privés trop souvent. La gloire de Dieu, c’est notre avenir. La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, c’est-à-dire un homme ressuscité. Ce qui nous attend, dans le jour de Dieu brûlant comme feu, c’est ce feu de la résurrection qui brûlera en nous toutes les scories de nos péchés et nous fera resplendir de la gloire même de Dieu (Ph 3, 20-21). Voilà ce que Marie a anticipé dans l’Assomption, elle toute entière livrée à l’Esprit, brûlée du feu de Pentecôte jusqu’au bout de ses doigts, ressuscitée ou, plus exactement, prise dans la gloire de Dieu, de son Fils, par la grâce de son Fils, sans aucun mérite de sa part. « Vous serez sauvés nus, comme à travers le feu. » (1 Co 3, 15) Nous n’emporterons au Paradis ni nos rancunes, ni notre argent, ni nos richesses, ni nos péchés. Le feu de Dieu brûlera tout cela comme la balle qui était bonne pendant un temps pour le blé, mais qui maintenant devient inutile pour la farine.

Voilà la bonne nouvelle du Christ. Le baptême de feu nous plonge dans la contemplation anticipée de la gloire de Dieu, du triomphe de l’Agneau et de la gloire des compagnons de l’Agneau que nous sommes appelés à devenir. Alors les cieux resplendiront de la gloire de Dieu, alors l’Amour sera aimé, alors il n’y aura plus ni cris, ni peines parce que l’ancien monde sera parti et qu’un monde nouveau sera là. Est-ce que nous y croyons ? Est-ce que nous l’attendons, ce monde nouveau ? Est-ce que nous nous dépêchons de le faire venir par la prière ? L’Esprit et l’épouse disent : « Ô viens, Seigneur Jésus, viens ! » (Ap 22, 17).

Et cela ne nous dispense pas d’agir, au contraire, cela nous motive pour agir, pour faire venir vite, plus vite, le jour de Dieu qui resplendira comme un feu. Voilà peut-être ce que nous pouvons balbutier du baptême de feu. C’est une expérience forte qui accomplit le baptême d’Esprit. Il l’accomplit, de même que la miséricorde de Dieu accomplit la sainteté de Dieu et que la sainteté de Dieu produit, engendre la miséricorde. Baptême d’Esprit, Baptême de feu, nous n’avons pas le choix. Nous avons été consacrés par le baptême, nous appartenons au Christ pour qu’il fasse de nous une lumière à la louange de sa gloire. Nous n’avons plus le choix. Cependant, nous avons cette terrible possibilité de faire échec à l’amour brûlant de Dieu. Quelquefois le combat est rude, mais lâchons nos peurs, lâchons nos sécurités. C’est au cœur de nos vies quotidiennes que ces choses-là se jouent. N’ayons pas peur de Dieu ! Même si nous traversons des nuits, le soleil se lèvera. Plus fidèle que le soleil de l’aube est l’amour du Seigneur pour qui le craint. Le soleil se lèvera, le monde sera sauvé. AMEN.

Georgette Blaquière
« Une culture de Pentecôte, libres propos sur le Renouveau Charismatique », EDB 2007, pp. 83-121

2 réflexions sur « Le baptême de feu »

  1. Bonjour g,

    On n’appelle jamais assez l’Esprit Saint.
    Ces soirées sont bonnes, à condition que tous se livrent vraiment avec humilité et foi à l’Esprit Saint.
    Il doit y avoir un très grand respect les uns des autres, des différentes dénominations chrétiennes.
    On doit veiller à ce qu’il n’y ait aucune manipulation (volume sonore favorisant un climat hypnotique ou incantatoire, repos dans l’Esprit obligatoire grâce à d’amicales pressions !)

    On doit laisser assez de liberté à l’Esprit Saint pour ne pas l’enfermer dans une boîte, fut-elle celle du « prier en langues ».
    Ne pas forcer le critère dit « biblique » de la réception de l’Esprit… qui serait le parler en langues…
    C’est vrai que dans les Actes des Apôtres, chaque fois que les chrétiens reçoivent le Saint Esprit ils prient en langues…
    Mais nos frères évangéliques ont tendance à reporter sur ce critère ce que nous catholiques plaçons dans notre compréhension des sacrements.
    Les uns et les autres ont probablement raison : à quoi sert-il d’être confirmé si l’on ne fait aucune expérience personnelle de l’Esprit ?

    Mais le critère ultime qu’une personne est mue par l’Esprit est qu’elle agit dans la CHARITÉ… et non pas qu’elle prie en langues…

    On peut avoir reçu l’Esprit Saint et ne pas prier en langues. On peut prier en langues et résister à l’Esprit Saint…
    Le don de prière en langues peut être donné à tous sans exception.
    Mais ce serait étriqué que de dire à quelqu’un : tu n’as pas reçu l’Esprit Saint parce que tu ne pries pas en langues…

    L’Esprit Saint a plus d’un tour dans son sac, tel que celui de se communiquer avec puissance à quelqu’un sans que cette personne ne prie en langues !
    Donc, souplesse, souplesse… le critère ultime restant avant tout la CHARITÉ.

    Amicalement

  2. bonjour, que penser des soirées « onction esprit Saint » comme il s’en déroule dans les églises pentecotistes et.ou évangéliques? au cours de ces soirées, les prières et les chants en appellent à l’Esprit Saint et on prie sur chaque personne qui le souhaite pour qu’elle soit touchée par l’Esprit Saint…. le signe qu’on est touché: on commence à parler en langues.

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