Le mensonge

L’aventure spirituelle commençait. Elle allait : connaître des étapes fondamentales. Dès le début, j’allais être confronté à une épreuve inattendue : j’avais énormément de mal à ne plus mentir. Le pli était tellement marqué dans mon intelligence que malgré l’horreur que m’inspirait le moindre mensonge, je m’entendais mentir tandis que je parlais.

Je demandais pardon immédiatement à mon interlocuteur et rétablissais aussitôt l’authenticité des faits. Peu à peu la force de la vérité prit le dessus, mais je reconnais que deux ans me furent nécessaires pour ne plus me surprendre en train de mentir. Combien j’ai insisté, par la suite, auprès de tous ceux que j’ai rencontrés pour leur faire connaître les dégâts que le mensonge provoque dans notre personnalité, en plus de. l’offense qu’il fait à Dieu.

Voilà ce qu’il faudrait dire, je pense, à une personne qui ment habituellement, même pour des choses bénignes : « Vous pensez une chose et vous en dites une autre, vous créez une division dans votre intelligence même ! Vous devenez semblable à Satan qui est père du mensonge (cf. Jn 8, 44). Vous devenez son complice, son disciple. Vous perdez votre unité intérieure.

Vous ne pouvez plus aimer car l’amour est vérité. Vous devenez principe de désunion. La vérité tout entière va plus loin que la seule véracité, car il faut également cesser de nous mentir à nous-mêmes dans les actes que nous faisons chaque jour, et de mentir aux autres par nos comportements contradictoires ».

C’est là l’œuvre de toute une vie. C’est la sainteté telle que la définit parfaitement sainte Thérèse d’Avila en disant : « La sainteté, c’est de se connaître soi-même ».

Bernard Gilardino, Ce que j’ai vu de Dieu, Éd. P. Téqui.