Les arrivistes ambitieux

Écouter l’homélie du dimanche 21 octobre 2018, 29° dans l’année B, à la paroisse Saint Aubin (72).

Les grenouillages, jusque dans le groupe des Douze. Pas des grenouilles de bénitier. Plutôt des grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf : les arrivistes ambitieux !

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et soeurs, bonjour!

La page de l’Evangile d’aujourd’hui (cf. Mc 10, 35-45) décrit Jésus qui, encore une fois et avec une grande patience, essaie de corriger ses disciples en les convertissant de la mentalité du monde à celle de Dieu. L’occasion lui en est donnée par les deux frères Jacques et Jean, qui sont parmi les tout premiers que Jésus a rencontrés et appelés à le suivre.

À présent, ils ont parcouru pas mal de chemin avec lui et ils appartiennent précisément au groupe des douze apôtres. C’est pourquoi, alors qu’ils se dirigent vers Jérusalem, où les disciples espèrent fortement que Jésus établira finalement le Royaume de Dieu à l’occasion de Pâques, les deux frères prennent courage, s’approchent et adressent leur demande au Maître: « Accorde-nous de siéger, dans ta gloire, un à ta droite et un à ta gauche » (v. 37).

Jésus sait que Jacques et Jean sont animés d’un grand enthousiasme pour lui et pour la cause du Royaume, mais il sait également que leurs attentes et leur zèle sont pollués par l’esprit du monde. C’est pourquoi il répond: « Vous ne savez pas ce que vous demandez » (v. 38).

Et tandis qu’ils parlaient de «trônes de gloire» sur lesquels s’asseoir à côté du Christ Roi, il parlait d’une «coupe» à boire, d’un «baptême» à recevoir, c’est-à-dire de sa passion et de sa mort.

Jacques et Jean, visant toujours le privilège espéré, disent impulsivement: oui, « nous pouvons »! Mais même ici, ils ne réalisent pas vraiment ce qu’ils disent. Jésus annonce qu’ils boiront sa coupe et qu’ils recevront son baptême, c’est-à-dire qu’eux aussi, comme les autres apôtres, participeront à sa croix, leur heure viendra.

Cependant – conclut Jésus – « siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder; c’est pour ceux pour qui cela a été préparé « (v.40). Cela revient à dire: maintenant suivez-moi et apprenez le chemin de l’amour « à perte », et le Père céleste pensera à la récompense.

La voie de l’amour est toujours « à perte », car aimer signifie laisser de côté l’égoïsme, l’auto-référence, pour servir des autres.

Jésus réalise alors que les dix autres apôtres sont en colère contre Jacques et Jean, prouvant ainsi qu’ils ont la même mentalité mondaine. Et cela lui offre l’occasion d’une leçon qui vaut pour chrétiens de tous les temps, même pour nous.

Il dit: « Vous savez que ceux qui sont considérés comme les gouvernants des nations les dominent et que leurs chefs les oppriment. Mais il n’en est pas ainsi pour vous; quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur, et quiconque voudra être le premier parmi vous sera l’esclave de tous » (v. 42-44).

C’est la règle du chrétien. Le message du Maître est clair: alors que les grands de la Terre se construisent des « trônes » pour leur pouvoir, Dieu choisit un trône inconfortable, la croix, de laquelle il règne en donnant la vie: « Le Fils de l’homme – dit Jésus – n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (v. 45).

La voie du service est l’antidote le plus efficace contre la maladie de la recherche des premières places; c’est le remède pour les carriéristes, à cette recherche des premières places, qui contamine tant de contextes humains et n’épargne pas même les chrétiens, le peuple de Dieu, ni même la hiérarchie ecclésiastique.

C’est pourquoi, en tant que disciples du Christ, accueillons cet évangile comme un appel à la conversion, afin de témoigner avec courage et générosité d’une Église qui se penche aux pieds des laissés-pour-compte, pour les servir avec amour et simplicité.

Que la Vierge Marie, qui a pleinement et humblement adhéré à la volonté de Dieu, nous aide à suivre Jésus avec joie sur le chemin du service, la voie royale qui mène au ciel.

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin