par James V. Shall, S. J.
Traduit par Bernadette Cosyn
Sur le site de France Catholique
Que pense l’opinion des avortés ? Bien que minuscules, ils ne sont pas des abstractions. Ils constituent une proportion significative de l’ensemble des êtres humains appelés à l’existence. Nous n’avons pas de monuments ou de tombes pour commémorer leur passage. Leurs corps sont réputés « d’usage commercial » ou peuvent être utilisés pour « aider » d’autres humains à avoir une vie meilleure. Donc, ils ne se réduisent pas à « rien ». Leur élimination doit être « justifiée ».
Chaque être humain débute lors de sa conception. Il perdure jusqu’à ce que la force de vie s’éteigne en lui, disons, au bout de huit ou neuf décennies, voire plus tôt – pour les avortés c’est beaucoup plus tôt. De nombreuses vies humaines n’atteignent jamais le stade de la naissance pour de multiples raisons : maladies, accidents, malformations. La cause immédiate de leur mort n’est pas alors une action humaine délibérée.
Karl Rahner a dit un jour : « Etre né, c’est être venu au monde sans en avoir été prié. » Un avortement met fin, par une intervention humaine, à une existence humaine commencée. On ne demande pas l’avis de l’avorté. Un meurtre, c’est l’injuste anéantissement par un autre être humain d’un humain déjà né. Là aussi sans qu’on ait rien demandé à la victime. Les avortés subissent l’acte qui les prive de la vie.
Nous ne sommes pas consultés pour savoir si nous voulons naître ou pas. C’est énorme, quand on y pense. L’existence et même le désir d’existence ne viennent pas de nous. Ce sont des cadeaux. Ce qui vient de nous, c’est l’être engendré par des parents humains, mâle et femelle.
Alors quel est le statut des ces membres non-nés de la communauté humaine, tués par d’autres humains qui avaient apparemment pour responsabilité de les protéger, de leur permettre de naître, de les aider à grandir ?
Les estimations varient, mais on nous dit qu’il y aurait chaque année dans le monde environ 42 millions d’avortements. Ce chiffre est probablement l’estimation basse. Et cela se répète chaque année depuis des décennies. On sait très bien que les filles sont plus volontiers avortées que les garçons, et qu’ainsi l’avortement fausse le ratio normal des sexes.
Beaucoup, si pas le plus grand nombre, se sentent tout à fait à l’aise avec de tels chiffres. Ceux qui se sentent plus concernés par la mort d’animaux de compagnie que par la mort d’enfants avortés ne sont pas une minorité. Pourquoi ? Dans un sens, c’est vrai que chaque enfant avorté est non désiré, non voulu, à un degré tel que sa vie naissante n’interdit pas à un parent, médecin ou fonctionnaire de le tuer, si la personne responsable ne désire pas s’occuper de cet enfant déjà là.
Pendant longtemps, nous avons fait tout ce que nous pouvions dans ce domaine pour nous mentir, nous cacher ce qui était avorté. Nous avons eu de longues explications pseudo-scientifiques comme quoi la vie humaine n’était pas encore commencée. Cette époque est révolue. Personne ne peut dire avec une apparence de vérité que le produit de l’avortement n’est pas un être humain aux premiers stades de son développement. Nous avons des vidéos qui montrent sans contestation possible l’enchaînement depuis la conception.
Tout être humain ayant jamais vécu est passé par là. La controverse, si c’en est une, reconnaît maintenant que ce qui est tué est un humain. Le « discours sur les droits » rend possible de parler de vies qui « ne devraient pas » exister. La communauté humaine revendique maintenant le pouvoir de décider qui vit et qui meurt. De véritables êtres humains ne sont pas assez « humains » pour vivre. S’en débarrasser passe pour un acte « noble » de préservation de la race.
Maintenant, laissez-moi proposer un autre point de vue. Nous disons parfois des martyrs qu’ils sont morts pour une noble cause. Nous ne reconnaissons pas que les avortés sont une part significative de la communauté humaine, une part qui est tuée par notre choix de leur refuser une place parmi nous. Mais qui sont-ils ? Ceux qui sont avorté comme ceux qui viennent au monde ont fondamentalement la même origine.
Chaque vie humaine débute lors de sa conception. L’âme humaine n’est pas la cause de sa propre existence. En fin de compte, chaque vie humaine a Dieu pour origine. Chacune est à l’image de Dieu, destinée à la vie éternelle. Cela inclut tout enfant avorté, quel que soit le moment où quelqu’un lui a dénié le droit de continuer à vivre en ce monde.
Mais c’est trop tard. Il existe vraiment. Le nombre total des humains ayant existé — peut-être des centaines de milliards sur cette planète — inclut les avortés. Il inclut aussi ceux qui les ont directement ou indirectement avortés. Ceux qui tuent par avortement ne sont généralement pas appelés en jugement dans les tribunaux de ce monde. Mais le monde est soumis à la justice suprême. Les avortés vivront pour l’éternité mais aussi pour identifier qui les a tués. Les avortés demeurent membres de la communauté humaine, comme tous les autres morts. Leurs vies ne sont pas réduites à « rien ».
James V. Shall, S.J., professeur à l’université de Georgetown, est l’un des auteurs catholiques américains les plus prolifiques. Ces derniers livres sont : The Mind That Is Catholic (L’esprit catholique) et The Modern Age (L’époque moderne).
Source : http://www.thecatholicthing.org/col…
L’Abbé Pierre dans son livre , LES quatre vérités de L’Abbé Pierre (1995), nous disait ceci : Il y a des cas où un chrétien peut considérer qu’hélas l’avortement est le moindre mal.
En lisant ce texte , une question me vient à l’esprit :
Peut-on se permettre de juger ?
Les personnes qui se font avorter , sont bien souvent en très grande souffrance et ne voient aucune autre issue . N’est-ce donc pas à ce niveau là , que les éclésiastes et les politiques devraient oeuvrer ? Bien que certaines choses soient faites , ce n’est pas suffisant .
L’être humain dans sa souffrance a ses raisons .
Dieu a lui aussi ses raisons .
Mais Dieu ne fait rien sans l’homme .