L’Epiphanie est un mystère de lumière (tout autant que le Baptême du Seigneur ou que les Noces de Cana), cette lumière représentée de manière symbolique par l’étoile qui a guidé le voyage des Rois mages. Toutefois, la vraie source de lumière, l’« Astre d’en haut qui vient nous visiter » (cf. Lc 1,78), c’est le Christ. Dans le mystère de Noël, la lumière du Christ rayonne sur la terre, en se diffusant comme par cercles concentriques. Avant tout sur la sainte Famille de Nazareth. Puis ensuite sur les bergers de Bethléem qui accourent à la grotte et y trouvent le « signe ». Enfin sur les Rois mages, qui constituent les prémices des peuples païens. Laissons la lumière du Christ éclairer cette dernière scène, et nous enseigner… :
À marcher ensemble
Ces mages sont des chercheurs de sens, des chercheurs de Dieu comme il y en a tant de nos jours. C’est ensemble qu’ils se sont engagés dans cette quête sans GPS, sans savoir où ils devaient aller. Ce sont des hommes de foi qui savent se mettre en route et en mouvement. Au-delà des mages, la marche, c’est le code génétique du peuple appelé par Dieu. La vie sédentaire est ainsi associée à l’oubli, l’oubli de Dieu et au risque de la mort.
À prendre des chemins imprévisibles
Ces hommes venus d’Orient ont fait un long chemin pour arriver jusqu’à Jérusalem. Nous ne pouvons qu’essayer d’imaginer ce chemin : déserts, montagnes, rivières, brigands, hospitalité… Comme pour eux, nos chemins vers Dieu sont souvent imprévisibles. Je demande au Seigneur sa lumière et son énergie pour avancer en confiance sur la route où il me conduit.
À ne pas avoir peur des confrontations
Avec l’arrivée des mages, le vrai visage des personnages se révèle. Des divisions apparaissent, des menaces surgissent : la Passion de Jésus a déjà commencé dès le début de son histoire. Je prends le temps d’observer l’émoi, l’inquiétude et la violence décrits dans la scène. Dans ma vie, comment je réagis face à des expériences d’adversité ? Accueil, peur, colère, découragement… Je demande à l’Esprit Saint de me donner la juste attitude pour continuer ma route dans les moments plus difficiles.
À découvrir la royauté d’humilité et de service
Ce récit haut en couleurs ne manque pas de rois : les « rois » mages, Hérode le monarque de Jérusalem et le « roi des Juifs qui vient de naître ». Les rois ou ceux qui gouvernent notre monde et notre vie sont nombreux. Et souvent ils aiment faire sentir leur puissance aux autres, comme Hérode. Mais le roi trouvé par les mages semble d’une autre sorte, un roi d’humilité qui va nous guider sur des chemins de service. Dans mes responsabilités, je demande la grâce de rester au service de tous.
À adorer Dieu tel qu’il se donne
Les mages arrivent enfin devant Jésus et sa mère. Celui qu’ils cherchaient, ils l’ont trouvé à Bethléem, ville dont le nom signifie « maison du pain » ! Dans la joie, avec les mages, je contemple ce tableau : Jésus, Marie et aussi Joseph qui ne doit pas être loin. Cet enfant est Dieu fait homme, Dieu qui se fait proche, Dieu qui se fait pain. J’accueille la manière dont il de donne, et je rends grâce pour sa sagesse.
À offrir notre vie comme un cadeau
Chacun des mages offre à Jésus une chose différente : or, encens et myrrhe. Des cadeaux qui expriment que Jésus est Roi, qu’il est Dieu, et qu’il est mortel. Ce sont des cadeaux bien sérieux pour un enfant ! Au-delà de ces cadeaux, ils s’offrent eux-mêmes. Et moi, qu’ai-je à offrir à Dieu aujourd’hui ? Et si je n’ai rien à offrir, j’ai toujours ma pauvre vie qu’il m’a donnée et que je dois lui restituer en action de grâces. Pas plus tard que vendredi 6, le pape François dit :
« Adorons Dieu et non notre moi ; adorons Dieu et non les fausses idoles qui nous séduisent par le charme du prestige et du pouvoir ; avec le charme des informations erronées ; adorons Dieu pour ne pas nous incliner devant les choses qui passent et les logiques séduisantes mais vides du mal ».
À nous laisser dérouter avec abandon
Les mages vont devoir rentrer chez eux par un autre chemin. C’est une expérience que nous faisons régulièrement : nous sommes menés par des chemins que nous n’avions pas prévus, des chemins parfois éprouvants et agités comme ceux des temps qui viennent. C’est pourtant là que Dieu nous attend et nous accompagne. C’est là qu’il nous offre sa paix comme l’expriment les dernières paroles de la célébration : « allez dans la paix du Christ ». Le pape F. dit encore :
« La foi ne croît pas si elle reste statique ; nous ne pouvons pas l’enfermer dans une dévotion personnelle ni la confiner entre les murs des églises, mais il faut la porter dehors, la vivre dans un cheminement constant vers Dieu et vers les frères ».