Gn 2,7-3,7 ; Rm 5,12-19 ; Mt 4,1-11.
1. « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » La première tentation de Jésus est celle du matérialisme : se servir de sa puissance divine pour satisfaire ses besoins matériels. Sa réponse, puisée au livre du Deutéronome, souligne le choix de faire prévaloir l’accueil de la Parole de Dieu sur la satisfaction des besoins matériels, la primauté de l’être sur l’avoir. « Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Marie, tu es tout entière offerte à l’accueil de la Parole ; avec toi, nous demandons la grâce d’être habités par la Parole divine.
2. « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » La seconde tentation faite à Jésus est celle du paraître et de l’orgueil : se servir de sa puissance divine pour acquérir le prestige et la gloire auprès des hommes. Sa réponse est claire : l’humilité de l’obéissance ; préférer la confiance envers le Père plutôt que le merveilleux auprès des hommes. « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ». Marie, tu as vécu dans l’obéissance et le plus souvent une vie cachée ; avec toi, nous demandons la grâce de pouvoir suivre Jésus sur le chemin de la confiance et de l’abandon.
3. « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer ». La troisième tentation faite à Jésus est celle de la volonté de puissance : se servir de sa puissance divine pour obtenir la royauté mondiale. Sa réponse exprime son choix de l’humble service de Dieu à l’encontre de tout espoir de domination terrestre. Elle exclut aussi tout compromis, tout partage de puissance avec Satan : « Arrière Satan, car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu dois adorer. » Marie, abandonnée à la volonté du Père , avec toi, nous demandons la grâce de l’humilité et du service.
4. Marie résume ce triple combat fondamental dans sa réponse à l’ange Gabriel :
– « Je suis la servante du Seigneur » : le service, réponse à la 3° tentation ; Marie adore.
– « Qu’il me soit fait » : l’obéissance, réponse à la 2° tentation ; Marie s’humilie.
– « Selon ta Parole » : l’accueil de la Parole, réponse à la 1° tentation ; Marie écoute.
Écouter prioritairement la Parole de Dieu, l’appliquer en vivant l’humilité de l’obéissance, et par là, faire de sa vie une adoration de Dieu seul : voilà le chemin de sainteté qui nous est proposé pendant ce Carême.
5. Nous pouvons rapprocher ce programme de sainteté des trois vœux religieux : pauvreté, chasteté, obéissance. La pauvreté ouvre à la Parole ; l’obéissance fait entrer dans l’humilité ; la chasteté nous voue au service de Dieu et de l’homme. Ce sont les trois racines de la réponse d’amour à Dieu. Ceux qui vivent les trois vœux, comme les religieux ou certaines communautés de laïcs, manifestent ces racines de l’amour, et montrent à tous que l’amour pour Dieu, qu’on soit marié, célibataire ou consacré, se vit, d’une façon ou d’une autre, dans la pauvreté, l’obéissance, la chasteté. Marie en est le premier exemple.
ÉCOUTER L’HOMÉLIE DU DIMANCHE 9 MARS À LA PAROISSE SAINT AUBIN (72), premier dimanche de Carême.
Allocution du pape François
Chers frères et soeurs, bonjour !
L’Evangile du premier dimanche de carême présente chaque année l’épisode des tentations de Jésus, quand l’Esprit Saint, descendu sur lui après son baptême au Jourdain, le poussa à affronter Satan ouvertement, au désert, pendant quarante jours, avant de commencer sa mission publique.
Le tentateur chercher à détourner Jésus du dessein du Père, c’est-à-dire de la voie du sacrifice, de l’amour qui s’offre lui-même en expiation, pour lui faire prendre une route facile, de succès et de puissance. Le duel entre Jésus et Satan se déroule à coup de citations de l’Ecriture Sainte.
Le diable, en effet, pour détourner Jésus de la voie de la croix, lui présente de fausses espérances messianiques : le bien-être économique, indiqué par la possibilité de transformer les pierres ne pain ; le style spectaculaire et « miraculeux », avec l’idée de se jeter du plus haut point du Temple de Jérusalem, et de se faire sauver par les anges ; et enfin le raccourcis du pouvoir et de la domination, en échange d’un acte d’adoration à Satan. Ce sont les trois groupes de tentations : nous aussi nous les connaissons bien !
Jésus repousse avec décision toutes ces tentations et il redit sa ferme volonté de suivre la voie établie par le Père, sans aucune compromission avec le péché ni avec la logique du monde. Notez bien comme Jésus répond. Il ne dialogue pas avec Satan, comme Eve l’avait fait au paradis terrestre. Jésus sait bien qu’avec Satan on ne peut pas dialoguer, parce qu’il est tellement malin. C’est pourquoi, au lieu de dialoguer, comme Eve l’avait fait, il choisit de se réfugier dans la Parole de Dieu, et il répond avec la force de cette Parole. Souvenons-nous de cela : au moment de la tentation, de nos tentations, pas d’argumentation avec Satan, mais toujours se défendre avec la Parole de Dieu ! Et cela nous sauvera.
Dans ses réponses à Satan, le Seigneur, qui utilise la Parole de Dieu, nous rappelle avant tout que « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4; cf. Dt 8,3); et cela nous donne de la force, nous soutient dans la lutte contre la mentalité mondaine qui abaisse l’homme au niveau de ses besoins primaires et lui fait perdre la faim de ce qui est vrai, bon et beau, la faim de Dieu et de son amour.
Il rappelle « qu’il est aussi écrit : ‘Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu’ » (v.7), parce que la route de la foi passe aussi par l’obscurité, le doute, et elle se nourrit de patience et d’attente persévérante.
Enfin, Jésus rappelle « qu’il est écrit : ‘Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et à lui seul tu rendras un culte’ » (v.10); autrement dit, nous devons nous défaire des idoles, des choses vaines, et construire notre vie sur l’essentiel.
Ces paroles de Jésus trouveront un écho concret dans ses actions. Sa fidélité absolue au dessein d’amour du Père le conduira, après environ trois ans, à la lutte finale avec les « prince de ce monde » (Jn 16, 11), à l’heure de la passion et de la croix, et là, Jésus remportera sa victoire définitive, la victoire de l’amour !
Chers frères, le temps du carême est pour nous tous une occasion propice pour accomplir un chemin de conversion, en nous confrontant sincèrement à cette page de l’Evangile.
Renouvelons les promesses de notre baptême : renonçons à Satan et à toutes ses œuvres et à toutes ses séductions – parce que lui, c’est est un séducteur – pour marcher sur les chemins de Dieu et « parvenir à Pâques dans la joie de l’Esprit » (Oraison pour la collecte du Ier dimanche de Carême, Année A).