Trois prières de Jésus

Dans le troisième mouvement de cette prière où Jésus se confie au Père et lui confie son Église (Jn 17), il prie maintenant pour l’unité de tous les futurs croyants. Retenons trois demandes importantes : l’unité, la glorification, par la venue de l’Esprit Saint.

Que tous soient un

Jésus demande pour tous les croyants le don fondamental de l’unité : « que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (v. 21). Jésus implore son Père pour tous ceux qui croiront, il demande l’unité dans la foi et dans l’amour. Une telle unité est qualifiée par « comme » (kathôs), c’est-à-dire qu’elle trouve son origine dans la « coprésence » du Père et du Fils, dans leur vie d’union profonde, qui modèle la communauté des croyants, fondée sur elle.

Dans ce milieu vital « tous » deviennent « un » dans la mesure où ils accueillent Jésus et croient à sa parole. Jésus est le « lieu » où l’on peut rencontrer le Père. En Jésus, tous peuvent être unis, car le Père lui a révélé son nom et lui a donné sa gloire. À leur tour, les croyants découvriront peu à peu que c’est en se donnant à Jésus et aux autres, en restant unis dans l’amour qu’ils vivront pleinement.

Une remarque cependant. Cette unité n’est ni une uniformité, ni une difformité. Les disciples de Jésus, et les chrétiens à leur suite, ne sont pas des clones. Ils ne sont pas non plus dépersonnalisés, assimilés dans un grand tout, « une fusion de tous dans l’Un (Dieu), une identification, qui ne respecte pas l’altérité des personnes ».

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Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi

Jésus commence par exprimer au Père non pas une demande, mais « sa volonté » en communion avec celle du Père : la volonté de salut pour les siens, qui lui ont été donnés et constituent sa propriété personnelle. La prière a pour objet la condition future de tous les croyants. Et Jésus l’exprime par un « je veux » fondé sur l’éternelle unité d’amour du Père et du Fils et sur l’engagement de fidélité à la promesse de lier au sien le destin de ses fidèles.

Il veut que chaque croyant qui le suit dans la foi et l’amour soit sauvé et participe à la splendeur de sa gloire divine selon ce qu’il avait dit : « Lorsque je serai allé et vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi » (14, 3). C’est cela, la vie éternelle à laquelle sont appelés les croyants : contempler, en tant que don du Père, la gloire que le Fils avait auprès de lui « avant la création du monde » (Ep 1, 4 ; 1 P 1, 20). Cette gloire diffère, certes, de celle que les disciples avaient vue sur terre et que le Maître, par ses signes et ses œuvres, leur avait laissée entrevoir (cf. 2, 11 ss.). Tous les croyants sont ainsi appelés à participer à l’unité d’amour entre le Père et le Fils, Jésus leur ayant ouvert le chemin vers le Père jusqu’à sa pleine manifestation (cf. 1 Jn 4, 16).

Je leur ai fait connaître ton Nom et je le ferai connaître

Ce futur, au moment où déjà le Christ s’en vient au Père (v. 11 et 13), semble désigner l’Esprit Saint, annoncé comme le Révélateur intégral, qui sera envoyé pour qu’ « il reste avec vous éternellement » (14, 16-17 et 26). Quel est en effet cet Amour mutuel, personnalisé, qui est la Vie trinitaire du Père et du Fils, sinon l’Esprit Saint, sceau de leur Unité ?

Il semble bien que le Saint Esprit soit impliqué, à la fois dans son action illuminatrice par l’expression « sanctifiés dans la Vérité » (par comparaison avec Jn 4, 23-24 : « en Esprit et en Vérité »), et dans « l’effusion de la Charité de Dieu en nos cœurs » (Rm 5, 5). Le rôle du Paraclet, sur lequel ont insisté les ch. 14 à 16 et que l’on s’étonne de ne pas voir rappelé en cette synthèse du ch. 17 y est donc en réalité mieux que mentionné : c’est à lui qu’en définitive le Testament du Christ confie son œuvre révélatrice, sanctificatrice, divinisante…

Appelons donc l’Esprit Saint

Jésus a prié pour la foi, pour l’amour, pour l’unité et le salut de tous. Après cette prière au Père, le drame de l’ « Heure » de Jésus commence par le récit de la passion : « Ayant ainsi parlé, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron. Il y avait là un jardin… » (18, 1). Mais cette prière est aussi celle que le Ressuscité, avec l’Esprit Saint, ne cesse de formuler pour l’Église d’aujourd’hui et de tous les temps.

Aussi, en ces jours qui précèdent la Pentecôte, appelons l’Esprit Saint avec les mots de la fin du livre de l’Apocalypse : « L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement ».

« – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! ».