(1° D. AV. B — 1 Co 1, 3-9) Voici à nouveau le temps de l’Avent. Il porte en lui l’alpha et l’omega de la foi de l’Église universelle, le début et la fin de l’ « histoire sainte » où Dieu ne cesse de se révéler aux hommes. C’est comme si le temps — passé, présent, avenir — s’étirait pour nous plonger dans l’éternité de Dieu : son projet, ses promesses et ses prophéties, sa réalisation « à débit différé »... jusqu’à l’accomplissement dernier qui va enfin venir.
Vous attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ
Pour Paul, un chrétien est comme une boussole : il est tourné vers l’avenir… et il faut écrire à-venir en deux mots. Si Paul prend la plume pour écrire aux Corinthiens, c’est parce qu’ils avaient un peu perdu le nord sur certains points justement. Alors il leur rappelle ce qui fait à ses yeux la première caractéristique des chrétiens, l’attente : « Vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ ». Les chrétiens ne sont pas tournés vers le passé mais vers l’avenir. Si cette lecture nous est proposée pour le premier dimanche de l’avent, c’est parce que, précisément, l’avent est le temps où nous redécouvrons toutes les dimensions de l’attente chrétienne, où nous nous remettons dans la perspective de l’à-venir que Dieu nous promet.
L’attente nous ouvre à l’éternité
L’anamnèse. Juste après la consécration, l’assemblée s’adresse au Christ présent et rassemble dans sa mémoire (1) sa connaissance du passé, la mort de Jésus ; (2) celle du présent, la foi en sa résurrection ; (3) et celle de l’avenir, l’espérance sa venue dans la gloire. La célébration de l’eucharistie, en même temps qu’elle nous rend contemporains du passé, hâte la fin des temps.
L’embolisme après le Notre Père. « Nous qui attendons que se réalise cette bien heureuse espérance, l’avènement de Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Cette prière nous oriente vigoureusement vers les derniers temps, la Parousie, la venue glorieuse du Christ.
La porosité du temps avec l’éternité
(1) Nous nous imprégnons de l’attente du Messie dans le peuple juif, depuis David, jusqu’à la naissance de Jésus à Bethléem. Nous relisons dans la Bible les annonces des prophètes, les promesses de Dieu.
(2) Nous proclamons le salut déjà accompli en Jésus-Christ : il l’a inauguré par sa venue dans la chair, sa mort et sa résurrection ; « de la crèche au crucifiement » ; en lui, l’humanité est enfin capable d’être pleinement accordée à l’Amour et à la volonté du Père.
(3) Nous attendons le Jour de Dieu, le déploiement définitif et universel de la victoire de Christ, sa Venue glorieuse. Mais c’est dans l’attention aux petites choses que nous vivons cette attente.
« Il a demandé au portier de veiller »
Que signifie cette injonction de Jésus au présent : « Veillez » ? Il nous demande d’écouter, de regarder, d’être attentif… mais à quoi ? Et si c’était aux petites choses ? Ce que l’on entend dans la veille de nuit, par exemple, ce sont les toutes petites choses, des insectes, un ruisseau qui coule. Veiller la nuit, c’est être attentif d’abord aux petites choses. Tout l’enjeu est de savoir saisir et repérer les petits signes, les intuitions que me donne l’Esprit et qui me font deviner, même trouver, le Christ dans ma vie, dans les événements, ou dans les rencontres, ou dans le contact que j’ai avec les autres, ou dans la prière.
Veiller aussi dans la prière
L’Avent est un temps dynamique ! C’est le moment par excellence où nous nous rappelons sans cesse la fidélité de Dieu à son projet. Pour y puiser la force de le faire avancer chacun à notre mesure. Et nous exprimons vivement notre attente qu’il le porte à son accomplissement, car il n’y a que lui qui puisse le faire.
On n’attend pas l’avènement du Royaume de Dieu comme on attend le train sur le quai de la gare, en rêvassant ou en faisant autre chose avant l’horaire fixé. Précisément, Jésus nous dit qu’il n’y a pas d’horaire : « le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ». L’arrivée à l’improviste suppose une adaptabilité active !
Une porte ouverte, une attente active, c’est-à-dire vitale, qui nous ouvre à la Vie. Prier, c’est s’ouvrir à la Vie qui vient…
« Tant que je suis avec toi, je suis aussi avec moi ;
par contre, je ne suis pas avec moi tant que je ne suis pas avec toi,
sans qui jamais je ne peux exister ».
Guillaume de Saint Thierry, moine cistercien, abbé (+ 1148. Oraisons méditatives, SC n° 324)