De l’honneur qui doit être rendu à la sainte et bienheureuse Vierge Marie
La sainte et bienheureuse Vierge doit être chérie et honorée de tous les chrétiens, et il n’y a que des âmes infernales qui la puissent avoir en haine ou en parler avec mépris.
Nous louons Dieu de tout notre coeur et de toutes les forces de notre âme pour les grâces et les faveurs qu’il nous a faites par son moyen. Car c’est par cette bienheureuse Vierge qu’il s’est allié avec nous. C’est de son corps sacré qu’il a pris la chair qu’il a élevée au-dessus des hommes et des anges.
En outre, nous proposons cette bienheureuse Vierge comme exemple de bien vivre, autant que de bien croire. Nous nous efforçons d’imiter sa piété, sa charité, son zèle, sa pureté, son humilité, sa patience, sa constance, et généralement toutes les vertus chrétiennes dont elle a été enrichie en un excellent degré.
Enfin, nous exaltons son bonheur et sa félicité, accomplissant les paroles de cette véritable prophétie: « Voici que dorénavant tous les âges me diront bienheureuse. » Jamais nous ne pensons à la dignité de notre Rédempteur et à sa divine sagesse que notre coeur ne tressaille de joie. Nous disons de bon coeur avec la femme dont il est parlé en l’Évangile: « Bienheureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés ! »
Car se peut-il imaginer un bonheur plus grand et plus admirable que de concevoir dans le temps celui qui a été engendré de Dieu le Père dès les temps éternels ? De porter en son corps celui « qui porte et soutient toutes choses par sa parole puissante »? D’engendrer celui « par lequel les siècles ont été faits, et par qui ont été créées toutes choses, visibles ou invisibles, les Trônes, les Dominations et les puissances »? D’être la mère de son Dieu et de son Rédempteur?
Charles Drelincourt (1595-1669), pasteur de l’église réformée de Paris.
Homélie à la paroisse Saint Aubin (72)
Paroles du pape François avant la prière de l’angelus
Chers frères et soeurs, bonjour !
Dans l’Évangile de ce jour, solennité de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, la Vierge sainte prie en disant : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur » (Lc 1,46-47). Regardons les verbes de cette prière : exalte et exulte. Deux verbes : « exalte » et « exulte ». On exulte quand il se passe quelque chose de si beau que la joie intérieure ne suffit pas, mais que l’on veut exprimer son bonheur de tout son corps : alors on exulte. Marie exulte pour Dieu. Qui sait si cela nous est déjà arrivé à nous aussi d’exulter pour le Seigneur ? Nous exultons pour un résultat obtenu, pour une belle nouvelle, mais aujourd’hui Marie nous apprend à exulter en Dieu. Pourquoi ? Parce que lui, Dieu, fait « des merveilles » (cf. v.49).
Les merveilles sont rappelées par l’autre verbe : exalte. « Mon âme exalte ». Exalter. En effet, exalter signifier magnifier une réalité pour sa grandeur, pour sa beauté… Marie exalte la grandeur du Seigneur, elle le loue en disant qu’il est vraiment grand. Dans la vie, il est important de chercher les grandes choses, sinon on se perd derrière beaucoup de petites choses. Marie nous montre que, si nous voulons que notre vie soit heureuse, il faut mettre Dieu à la première place, parce que lui seul est grand. Si souvent, au contraire, nous vivons en suivant des choses de peu d’importance : préjugés, rancoeurs, rivalités, envies, illusions, biens matériels superflus… Que de mesquinités dans la vie ! Nous le savons. Aujourd’hui, Marie invite à lever les yeux vers les « merveilles » que le Seigneur a accomplies en elle. En nous aussi, en chacun de nous, le Seigneur fait des merveilles. Il faut les reconnaître et exulter, exalter Dieu pour ces grandes choses.
Ce sont les « merveilles » que nous fêtons aujourd’hui. Marie est montée au ciel : petite et humble, elle reçoit la première la plus haute gloire. Elle, qui est une créature humaine, l’une d’entre nous, atteint l’éternité dans son âme et dans son corps. Et elle nous y attend, comme une mère attend que ses enfants rentrent à la maison. En effet, le peuple de Dieu l’invoque comme « porte du ciel ». Nous sommes en chemin, pèlerins vers notre maison d’en-haut. Aujourd’hui, nous regardons Marie et nous voyons le but. Nous voyons qu’une créature a été prise dans la gloire de Jésus-Christ ressuscité, et cette créature ne pouvait être qu’elle, la Mère du Rédempteur. Nous voyons qu’au paradis, avec le Christ, le nouvel Adam, il y a aussi Marie, la nouvelle Ève et cela nous réconforte et nous donne de l’espérance dans notre pèlerinage ici-bas.
La fête de l’Assomption de Marie est un rappel pour nous tous, surtout pour ceux qui sont affligés par des doutes et des tristesses et qui vivent en regardant par terre, qui ne réussissent pas à lever les yeux. Regardons vers le haut, le ciel est ouvert ; il n’inspire pas la crainte, il n’est plus distant parce que, sur le seuil du ciel, il y a une mère qui nous attend et qui est notre mère. Elle nous aime, elle nous sourit et nous secourt avec sollicitude. Comme toutes les mères, elle veut le meilleur pour ses enfants et elle nous dit : « Vous êtes précieux aux yeux de Dieu ; vous n’êtes pas faits pour les petites satisfactions du monde mais pour les grandes joies du ciel ». Oui, parce que Dieu est joie, il n’est pas ennui. Dieu est joie. Laissons la Vierge Marie nous prendre par la main. Chaque fois que nous prenons en main le chapelet et que nous la prions, nous faisons un pas en avant vers le grand but de notre vie.
Laissons-nous attirer par la vraie beauté, ne nous faisons pas engloutir par les mesquineries de la vie, mais choisissons la grandeur du ciel. Que la Vierge Sainte, Porte du ciel, nous aide à regarder chaque jour dans la confiance et dans la joie là où est notre vraie maison, là où se trouve celle qui nous attend comme une mère.
© Traduction de Zenit