Un amour conjugal en complémentarité

Une amie me fait part de son cheminement spirituel dans le mariage et me permet de vous partager ses réflexions.

Je n’ai jamais envisagé la relation homme/femme autrement que comme une complémentarité. L’idée même que l’on puisse être en compétition y compris au sein de son propre couple me paraît complètement étrangère. La plupart des femmes que je fréquente « dans le monde » sont en compétition avec leur mari/conjoint. Il faut s’affirmer me disent-elles, revendiquer ton indépendance, ta liberté, dominer au travail, gagner plus que ton mari…. Dans le couple c’est toujours les disputes pour savoir qui aura le dernier mot, savoir qui « rapporte plus d’argent et porte la culotte »…

Mon mari et moi, nous n’avons jamais fonctionné comme cela. J’ai toujours cherché à avoir un mari avec lequel je puisse être complémentaire. C’est dans la relation avec lui que j’ai pu devenir pleinement une femme, une épouse et une mère. Se laisser ainsi révéler, exister dans la relation d’amour et d’abandon à l’autre a toujours été mon chemin. Je recherchais l’altérité et non pas la fusion. Celle qui permet la relation et donc l’amour. J’ai besoin d’admirer mon mari pour son intelligence, sa carrière, ses qualités morales. À l’inverse il a besoin d’une femme aimante, disponible, capable de l’encourager, de le comprendre et de l’aimer par-delà ses échecs ou plutôt par-delà ce qu’il peut vivre comme des échecs.

La relation de couple a « canalisé » ma capacité à aimer. J’ai toujours aimé tout et beaucoup : les autres, les animaux, la nature, la vie… Tentant en vain de canaliser ce débordement dans l’écriture de poèmes, les arts plastiques ou autres créations…

Mais la relation homme/femme dans le couple donne à cette capacité d’aimer un cadre structurant et une certaine fécondité. J’ai appris à aimer l’autre différent de moi dans une relation complémentaire, sans compétition. Une relation qui fait grandir les deux partenaires et les nourrit mutuellement. Une relation où chacun peut donner à l’autre et se recevoir de l’autre.

Dieu nous aime tant qu’il nous a donné Jésus, son unique fils. Le Seigneur s’est abaissé jusqu’à nous et c’est en nous rejoignant ainsi qu’il peut, s’il a notre « oui », nous élever jusqu’au ciel, jusqu’à son cœur. J’aime concevoir le couple complémentaire homme/femme ainsi. Comme il est bon de rejoindre l’autre là où il est, y compris dans ses faiblesses et ses imperfections, pour s’élever ensemble, par la grâce de Dieu, vers plus haut que nous deux réunis. Regarder ensemble vers un avenir qui fait grandir et croître chacun dans sa singularité et en même temps qui fait grandir ensemble dans une union d’amour sincère et respectueux.

Qu’il est bon en retour de se laisser aimer de l’autre dans ce qu’on a de plus faible et de plus fragile. Quelle plus belle preuve de confiance peut-on faire à celui/celle que l’on aime que de lui offrir ainsi son cœur comme il est, avec ses limites, ses faiblesses, ses blessures, ses joies ses peines…

À l’image de Jésus tout donné pour nous et de la réponse d’amour qu’on peut lui faire en s’offrant à notre tour, j’aime concevoir l’amour humain dans un couple de la même manière. Ainsi il trouve à se déployer dans une envergure qui le dépasse. C’est peut-être une manière de diviniser l’amour humain en laissant le Seigneur être le modèle de cette relation d’amour. Dans ton couple, le ciel et la terre peuvent se rejoindre. Cela m’émerveille !

La complémentarité entre l’homme et la femme permet qu’ils se révèlent l’un à l’autre dans leur altérité et dans ce qu’ils ont de singulier. Mais elle donne aussi à leur union, ainsi préservée de la compétition et de toute fusion, une force extraordinaire : celle d’avancer ensemble dans un mouvement permanent de « donner et recevoir ». Ce mouvement est pour moi la force de vie du Seigneur, cet amour qui unit le Père à son Fils et le Fils à son Père. Ainsi l’amour circule entre les deux cœurs et entre les cœurs humains et le cœur de Dieu.

Je ne pouvais pas concevoir la venue d’un enfant autrement que comme   « l’incarnation » de ce mouvement d’amour entre mon mari et moi. Je deviens alors mère. Celle qui porte la vie en son ventre et en son cœur (et dans l’adoption on porte la vie de l’enfant en son cœur mais c’est ce même amour qui l’a fécondé). Ainsi après avoir été révélée comme femme et épouse dans l’amour avec mon mari, j’ai été révélée mère. Quelle merveille permet le Seigneur  ! S’aimer en l’ayant comme modèle  ! Les yeux fixés sur Lui, toujours il donnera la bonne direction pour les cœurs des hommes.

Pour moi l’homme et la femme sont complémentaires et c’est ce qui fait leur grandeur et leur beauté. C’est ainsi que nous avons toujours vécu notre couple. Depuis mon retour à l’Église, cet amour a donc pris une envergure supplémentaire.