Zachée, descends !

Un homme de grand désir

Zachée est un personnage haut en couleur : petit de taille, assez malin et agile pour monter dans un arbre, court vite, veut voir Jésus et sait bien recevoir chez lui. Il est également l’un des hommes les plus riches et détestés de la ville : collecteur d’impôts, chef des collecteurs, et voleur notoire !

Et parmi cette foule qui se précipite autour de Jésus, Zachée veut vraiment le voir. La foule l’en empêche ? Loin de se décourager, il voit un arbre et décide d’y monter, au risque que l’on se moque de lui. Sans doute espère-t-il aussi voir sans être vu ! Mais Jésus s’arrête sous son arbre, l’appelle par son nom et s’invite chez lui. « Tel est pris qui croyait prendre » dit le dicton. Cependant, il ne s’agit pas d’un piège mais d’une expérience qui provoque chez lui de la joie.

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Un homme invité à descendre

Zachée est « monté » dans son sycomore ; mais Jésus lui demande de « descendre ». À vrai dire, c’est Jésus qui veut descendre chez Zachée ! Spécialement dans cette ville la plus basse du monde, avec une altitude de – 240 m (et pourtant habitée depuis longtemps : les archéologues ont mis au jour des vestiges qui remontent à 9 000 ans av. J.-C.). La Miséricorde se penche sur l’homme pécheur. Même si la foule, jalouse et fâchée, récrimine contre le Seigneur : que va-t-il faire chez un homme pécheur ? Le verbe « récriminer » est le même verbe qui revient durant la marche du peuple dans le désert qui se plaint de ne pas savoir où il est conduit et qui doute de Moïse et de Dieu. Mais Jésus sait très bien ce qu’il fait et ce qu’il veut : aller à la recherche des brebis perdues du troupeau.

Un homme remis debout

« Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Jésus s’était certes invité chez Zachée mais il ne lui avait fait aucune demande. C’est de son cœur tout joyeux et libéré que Zachée prend seul ces grandes décisions. Au moment de sa déclaration, le texte précise que Zachée est debout. Toute véritable rencontre avec Jésus débouche sur une conversion intérieure qui mène à la joie et sur un changement extérieur du côté du soin des plus pauvres.

Une expérience pour aujourd’hui

Par deux fois, Jésus précise que c’est aujourd’hui que l’œuvre de Dieu se réalise : « aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » et « aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison ». Chez saint Luc, ce mot revient souvent : « aujourd’hui vous est né un sauveur » ; « aujourd’hui, je t’ai engendré » ; à Nazareth, « aujourd’hui, ces paroles (d’Isaïe) s’accomplissent » ; « aujourd’hui nous avons vu des choses étranges » (guérison de l’homme sur un brancard) ; « aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (au bon larron)… Car c’est bien aujourd’hui que Dieu vient à notre rencontre et c’est aujourd’hui même qu’il attend de nous un engagement au service des affligés.

Un modèle pour le sacrement de réconciliation

  • Zachée grimpe dans un sycomore. Telle est aussi la contrition qui nous met en route vers la démarche volontaire et personnelle pour rencontrer Jésus dans le sacrement du pardon.
  • Zachée rencontre le regard aimant de Jésus, et ce regard fait voler en éclats l’enfermement dans son péché. À travers l’aveu vécu dans le sacrement du pardon, nous nous laissons regarder par Jésus dans ce que nous sommes en profondeur par l’Amour en personne.
  • Parce que l’amour de Jésus a touché son cœur, Zachée change sa vie et remanie ses comportements. Pour nous aussi, l’amour de Dieu reçu dans le sacrement de réconciliation doit nous entraîner à réorienter notre vie dans le sens du plus grand amour.
  • L’Évangile de Zachée nous aide à mieux situer la pénitence ou conversion comme partie intégrante de la démarche de réconciliation. Le rituel précise : « Ce signe de conversion ne doit pas être perçu seulement comme une compensation pénible tournée vers le passé, mais comme un premier pas, un acte de liberté, qui annonce une situation nouvelle et la réconciliation à l’œuvre dans l’Église »

–> Le sycomore ? Les arbres dans la Bible