Les quelques versets de l’hymne à l’amour proposés en seconde lecture (1 Co 13), méritent toute notre attention !
1. Paul commence par dire ce qu’est l’amour par deux affirmations.
La première : L’Amour est patient. C’est-à-dire il a grand cœur (gr. : macrothumei), il est « lent à la colère ». Jésus incarne la patience divine, et les Apôtres appellent à la patience : « Ayez de la patience envers tous » (1 Th 5,14)
La seconde : l’Amour rend service. C’est-à-dire il se donne : il est attentif, prévenant, à l’écoute de l’Esprit. Rendons grâce pour l’œuvre du Saint-Esprit dans l’Église, qui est œuvre de diaconie, de service. Mais attention au piège des excès activistes de générosité.
2. Paul emploie ensuite huit verbes négatifs pour nous montrer ce que l’Amour ne fait pas.
Bien que cette présentation soit négative, on pourrait dire que Paul y enseigne et y montre ce qu’est l’amour parfait. Nous avons là comme un portrait de Jésus, qui a vécu l’Amour vrai.
* L’Amour ne jalouse pas : (litt. en grec : ne fait pas d’excès de zèle) : rivalités, émulation, volonté de puissance, manœuvres…
* L’Amour ne se vante pas : ne fanfaronne pas, ne se fait pas remarquer. « Ne va pas claironner devant toi », « va te mettre à la dernière place ». Discrétion : « Place Seigneur une garde à ma bouche » (Ps 141).
* L’Amour ne s’enfle pas d’orgueil : se complaire dans sa propre sagesse, se surestimer. Jésus dit : « Je suis doux et humble de cœur ». La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf (La Fontaine) ; le coq gaulois… « La connaissance enfle ; c’est la charité qui édifie » (1 Co 8,1).
* L’Amour ne fait rien d’inconvenant : l’Amour n’est pas impudique, obscène (pudeur, politesse, délicatesse, tact, sont des facettes de l’Amour vrai). « Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Co 6,19-20) .
* L’Amour ne cherche pas son intérêt : il fait passer de l’égoïsme au don gratuit. « Qui aime sa vie la perd. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35).
* L’Amour ne s’irrite pas : ne paroxyse pas (gr. par-oxynô), il n’est pas excessif. L’Amour corrige ainsi les attitudes suivantes : murmurer ; vouloir trop bien faire ; étouffer l’autre ; se laisser dominer par l’émotion…1
* L’Amour ne tient pas compte du mal : il est bienveillant, ne juge pas. Il pardonne, ne se venge pas. Il n’impute pas au mal ce qui a été fait ; pour l’amour, le mal n’est jamais certain
* L’Amour ne se réjouit pas de l’injustice : au contraire de la joie mauvaise de la complicité qui se réjouit de ce qui est faux, l’Amour s’afflige du mal, et implore la miséricorde de Dieu.
* L’Amour se réjouit de la vérité : il se réjouit du bien, cherche la vérité, et refuse le mensonge. L’Amour se réjouit de tout ce qu’il peut trouver de droit, de beau, de bien, autour de lui.
3. Enfin, Paul considère l’Amour en lien avec la foi et l’espérance.
L’Amour excuse tout, fait toujours confiance. L’Amour vivifie la foi en l’autre ; il ouvre un avenir, il fait grâce2.
L’Amour espère toujours, il supporte tout. L’Amour vivifie l’espérance. Il s’exprime par la constance et la ténacité. Il ne désespère jamais.
Pour approfondir : https://petiteecolebiblique.fr/67-un-amour-en-bonne-sante
1La Vierge Marie disait à Estelle Faguette lors des apparitions à Pellevoisin (1876) : « Tu t’es privée de ma visite le 15 août ; tu n’avais pas assez de calme. Tu as bien le caractère du Français. Il veut tout savoir avant d’apprendre, et tout comprendre avant de savoir »…
2Saint François de Paule, ermite italien, fondateur de l’Ordre des Minimes, mort en 1507 à Plessis-les-Tours, écrit : « Pardonnez-vous mutuellement pour ensuite ne plus vous souvenir de vos torts. Garder le souvenir du mal, c’est un tort, c’est le chef-d’œuvre de la colère, le maintien du péché, la haine de la justice ; c’est une flèche à la pointe rouillée, le poison de l’âme, la disparition des vertus, le ver rongeur de l’esprit, le trouble de la prière, l’annulation des demandes que l’on adresse à Dieu, la perte de la charité, l’iniquité toujours en éveil, le péché toujours présent et la mort quotidienne » (Lettre de 1486, Liturgie des Heures, t II, p. 1292, 2 avril).